Jesus Piece - Only Self
Chronique
Jesus Piece Only Self
Jesus Piece. Une seule question se pose ici : arriveront-ils à être aussi sauvages que le jeu de mots qui compose leur nom ?
EH BEN OUAIS. La couleur est annoncée, et les promesses sont tenues : point de paix ici, que des morceaux qui volent dans tous les sens. Des morceaux de quoi ? Des morceaux de ce que vous voulez, le groupe de Philadelphie détruit de toute façon tout sur son passage.
Dès ‘Lucid’, tout est lâché à fond, des fûts martelés à mort à la voix brutale au possible, et c’est parti pour tout fracasser dans son salon en tapant du pied (non ? Y a que moi qui fais ça ?) pour les trois quarts des titres. Rien de bien particulier à dire ici, à part que Jesus Piece a tout compris au hardcore : on ne cherche pas à révolutionner quoi que ce soit, et on mise tout sur l’efficacité.
Et là-dessus, bingo, les riffs sont en béton armé, la batterie se prend pour un marteau-pilon à vapeur, la basse vous tire vers le bas par les entrailles et la voix vous hurle dans les oreilles des slogans sympatoches tels que « WAKE, WORK, BREAK, SUFFER » : tous les ingrédients sont réunis, la sauce prend, le pit n’attend que vous. La tradition voudrait que je vous fasse ici une petite liste d’instants de bravoure avec time codes et descriptifs juteux, mais avec un album pareil, il faut pas déconner, vous prenez n’importe quel titre, vous attendez quinze secondes, et vous avez une moshpart de barbare qui vous tombe sur le coin de la tronche en ricanant parce que vous ne l’avez même pas vue venir. Que du bonheur. On pense pas mal à Harms Way, mais un Harms Way qui aurait de l’inspiration à revendre et « bagarre » tatoué en grosses lettres sur le bide.
Cerise sur le gâteau de cet énorme amas de mandales : ‘In The Silence’. Avec son arpège inquiétant et son rythme qui traîne la patte, ce titre arrive à tomber en plein milieu de l’album sans le ralentir, mais en l’engluant encore plus dans son ambiance de machines rouillées (voir la pochette) et de mécaniques grinçantes avant de prendre son temps pour le final le plus mastoc de l’album. Cette chanson vaut à elle seule l’achat de Only Self.
Le groupe qui me réconcilie avec les signatures chez Southern Lord ? Oh que oui. Avec un hardcore qui sonne très moderne tout en gardant les pieds bien plantés dans la tradition, et une des meilleures voix de ces derniers temps (‘Dog No Longer’ ? Mouais, l’homme n’a jamais été aussi proche du rotweiller, et c’est un compliment), Jesus Piece s’impose comme un des gros noms à retenir ces derniers temps, et balance un premier full-length qui sent bon l’album de brutes de l’année. NOTHING LEFT, ONLY SELF.
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