Aujourd’hui pour exister il ne suffit plus tout à fait de sortir des albums, il faut également être vu ici, là, partout... Les Australiens de Speed l’ont très bien compris et ce n’est pas une surprise si le succès a rapidement été au rendez-vous pour ce groupe formé à Sydney en 2019. Entre ses tournées incessantes à travers l’Asie, l’Europe et les États-Unis, ses innombrables clips vidéo en mode gangsters gros bras mais sympas, ses nombreux "tour report" eux aussi très agréables et son énergie débordante et particulièrement communicative, le groupe a effectivement toujours su entretenir la flamme de ceux tombés sous le charme de son Hardcore pourtant ni compliqué ni novateur.
Après un
Gang Called Speed qui leur aura ainsi permis de se positionner un petit peu partout comme l’un des groupes récents à suivre de près, la formation menée par le sympathique Jem Siow signe aujourd’hui une étape particulièrement importante dans sa jeune carrière avec la sortie très attendue de son premier album. Un disque intitulé
Only One Mode paru une fois de plus en collaboration avec Flatspot Records et Last Ride Records. Client des photographies en noir et blanc et des poses un brin "mauvais garçons", Speed nous offre pour illustrer ce premier longue-durée (vingt-trois minutes seulement) un cliché en contre-plongée qui a le mérite d’être à la fois simple et efficace. Certes, on a déjà vu plus original mais finalement celui-ci résume assez bien la cohésion du groupe dont l’effectif est depuis le début resté inchangé.
Alors je ne vais pas vous mentir,
Only One Mode ne marque pas pour Speed un quelconque renouveau musicalement parlant. L’objectif ici pour les Australiens n’est clairement pas de réinventer le Hardcore ni même de chambouler un tant soit peu leur propre formule mais plutôt de perpétuer ce qui leur a permis de briller et de nous faire transpirer dans toutes les salles de spectacles (ces messieurs ont tout de même fait la première partie de Turnstile à l’Olympia, s’il vous plaît) et autres bouges plus modestes dans lesquels ils ont pu poser leurs instruments. De fait, ce premier album renoue sans aucune surprise avec ce Hardcore bas du front à forte tendance Beatdown dont je vous parlais il y a de cela quelques jours seulement. Une vision simple mais toujours aussi redoutable puisqu’entre ces riffs vicelards particulièrement affutés, ces quelques accélérations bien senties, ces breaks toujours aussi nombreux, ce groove chaloupé irrésistible, cette production en béton-armé et cette attitude de voyous bagarreurs, on va retrouver tout ce qui fait le charme de Speed (et plus globalement de ce genre de musique). Un Hardcore particulièrement physique puisqu’effectivement taillé pour envoyer du moulinet, du two-step, quelques high-kicks et autres figures de Karate Dance Style...
Une formule éculée qui aurait pu se suffire à elle-même (enfin seulement lorsqu’elle est exécutée avec autant d’efficacité) mais à laquelle les Australiens ont tout de même choisi d’apporter quelques petites touches personnelles qui sans nécessairement changer la donne vont tout de même permettre d’apporter un peu de fraîcheur, de nouveauté et de personnalité à ce premier album. De cette flûte aux sonorités asiatiques entendue tout d’abord sur les premiers instants de "Real Life Love" puis de nouveau sur "The First Test" à 1:35 aux petites incursions vocales et mélodiques de "Don’t Need" à 0:26 et 0:59 en passant par celles plus prononcées et féminines de "No Love But For Our Own" ou celles de "Shut It Down" dans un esprit rappelant cette fois-ci des groupes comme Life Of Agony, Only Living Witness ou Age Of Apocalypse ou bien encore cette basse slappée suivi par ces scratchs sur "The First Test",
Only One Mode est effectivement truffé de petits moments qui sortent de l’ordinaire et qui jusque-là n’avait jamais été entendus auparavant chez Speed. Certes, ce n’est peut-être pas grand-chose mais néanmoins avec ce genre de Hardcore de babouins décérébrés, toute petite subtilité est bonne à prendre.
Attendu de pied ferme par une bonne partie de la scène Hardcore pour la sortie de ce premier album, Speed offre à son public ce qu’il attendait de lui et même un petit peu plus encore. Bien entendu,
Only One Mode demeure fidèle à tout ce que les Australiens ont pu sortir par le passé mais les quelques prises de liberté constatées tout au long de ces vingt-trois petites minutes, en plus d’être parfois surprenantes (rares sont effectivement les groupes de Hardcore à avoir utilisé un jour une flûte au sein de leurs compositions), s’avèrent toutes extrêmement bien senties. Des incursions brèves mais judicieuses qui font systématiquement mouche et permettent de hisser
Only One Mode dans la catégorie "Bonne surprise" des albums très attendus de l’année.
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