No Warning - Resurrection Of The Wolf
Chronique
No Warning Resurrection Of The Wolf (EP)
Quelle surprise de voir annoncé un pseudo retour de No Warning après 8 années de silence ! En effet, après seulement 3 disques sortis durant la première moitié des années 2000, ce groupe mythique de Toronto avait splitté en 2005, laissant derrière lui une foule de fans en proie à la dépression post-traumatique. Il faut les comprendre ces pauvres gens, car le second album des Canadiens est considéré par bon nombre comme l'un des tout meilleurs parus après le passage au deuxième millénaire. Je parle bien sûr de l'incontournable Ill Blood, que tout amateur de hardcore digne de ce nom se doit d'avoir écouté.
C'est pour aider financièrement l'ancien bassiste du groupe ayant des soucis juridiques, de santé, et d'argent – la totale thug life – que No Warning a décidé d'enregistrer un 7" limité à 500 exemplaires, les fonds récoltés étant reversés au monsieur en galère et sa famille. Nous avons donc le droit à deux titres ne représentants même pas 4 minutes de musique, ce qui pourra paraître léger à ceux qui espéraient une véritable reformation du groupe, mais le fait est que la qualité est au rendez-vous sur ce qui nous est offert. Il faudra d'autant plus s'en contenter que les Canadiens ont précisé qu'un retour sur scène n'était pas d'actualité, chaque membre ayant déjà beaucoup à faire avec leurs divers projets – Terror, Yacht Club ou Fucked Up entres autres.
Le premier morceau « Resurrection Of The Wolf » est une nouvelle composition concoctée avec soin par Jordan Posner, qui était déjà la tête pensante en matière de riffs avant la séparation du groupe. La patte No Warning est bel et bien là, et qu'est-ce qu'elle est fait mal, quand elle vient s'écraser en travers de la gueule, dure au mal comme l'est le bon hardcore. Après avoir tourné en rond dans sa cage sur une intro lui faisant monter l'eau à la bouche, le loup ouvre sa gueule pour déchiqueter tout ce qui passe à portée de crocs. No Warning régale d'un riff brise-nuque comme pas deux, qui s'étale à n'en plus finir histoire de ronger l'os jusqu'à la moelle, tout ça bestialement introduit par un bon « ough » de Ben Cook qui en veut à votre peau. Déjà saignés à blanc, il faut encore survivre à une accélération, puis un two-step sur le refrain. Ce n'est qu'à ce moment-là que le canidé savoure son carnage, hurlant sa joie meurtrière pendant un solo débridé rappelant ce que peut faire Posner chez Terror. Mais No Warning ne serait pas ce qu'il est sans toujours en remettre une couche, lors d'une écrasante mosh part finale pour danser sur nos cadavres.
Après cette lourde correction histoire de rappeler à toute la jeune meute aux dents longues qui est le mâle alpha, No Warning nous sert une très courte reprise de Violent Minds. Joli clin d'oeil car c'est dans ce groupe que jouait Zach Amster – qui n'est autre que l'ancien membre dans le besoin – et Ben Cook dans un rôle de batteur. Du haut de ses 40 petites secondes, « Bloodsucker » envoie un hardcore moins sophistiqué si je puis dire, bien que tout aussi efficace que le titre précédent. Cette reprise présente une physionomie semblable à ce que propose Trash Talk pour citer un nom récent, notamment grâce à une accélération punk dans l'esprit suivie d'un passage assez lourd pour clore les débats. Dans l'ensemble le morceau reste très proche de l'original, mais No Warning ajoute un zeste de groove avec son riffing caractéristique, ainsi que de la puissance à travers une production plus musclée.
Un mot sur le chant de Ben Cook avant de conclure, car ce mec est décidément ce qui se fait de mieux dans le style avec sa voix rageuse et dégueulant les paroles comme un chien galeux prêt à sauter sur tout ce qui bouge. Pas besoin de prendre la grosse voix de papa ours pour se faire respecter, car à l'instar d'un Human Furnace ou du copain des regrettés Pulling Teeth, le timbre éraillé et les fins de phrases raclées depuis le fond de la gorge suffisent à tenir à bonne distance. C'est que personnellement, je ne m'imagine que trop bien la bouche pleine de saloperies contagieuses de ces gars-là, attrapées en copulant avec la crasse du bitume. Et oui, le hardcore reste une affaire de rats des villes que voulez-vous (un tour du côté de la pochette de Ill Blood pour vous convaincre ?).
Malgré la durée ridiculement faible du disque, c'est un grand plaisir de se faire croquer tout cru par No Warning au sommet de sa forme même après une longue hibernation. Il est cependant frustrant de se dire qu'il faudra attendre une autre occasion particulière pour profiter du talent du groupe, bien que Ben Cook ait déclaré qu'il y aurait sûrement d'autres retrouvailles de la sorte dans les temps à venir. Le nouveau morceau fait assurément partie des tout meilleurs de la discographie des Canadiens, je n'en reviens toujours pas de l'efficacité du premier riff, et pourtant il n'a rien de spécial ou d'original. La reprise n'est pas révolutionnaire non plus, mais force est de constater qu'ils savent faire le boulot. Remarquez, c'est peut-être ça le secret de No Warning : taper directement aux points vitaux sans chercher à tourner autour du pot ; faire ce que tout le monde fait, mais en mieux et plus simplement. Qui voudrait aller aux points quand le KO est à portée de poings ?
| KPM 21 Décembre 2013 - 1119 lectures |
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