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Crown Of Thornz - Train Yard Blues
Chronique
Crown Of Thornz Train Yard Blues (EP)
Même si Crown Of Thornz n’est pas le groupe le plus connu de la scène Hardcore new-yorkaise (les gens intéressés de loin par le style citeront bien plus volontiers Agnostic Front, Madball, Sick Of It All, Cro-Mags et Biohazard si on leur posait la question), il n’en demeure pas moins l’un des plus respectés parmi tous les aficionados et autres fins connaisseurs, notamment pour son style si particulier qui très vite en a fait un groupe effectivement à part dans le paysage urbain local.
C’est en 1994 dans le Queens que débute l’histoire du groupe sous l’impulsion d’un certain Dan Singer plus connu aujourd’hui sous les blazes de Danny Diablo et Lord Ezec (ex-Discipline, futur Skarhead, Icepick et Smoke AxD). Très vite rejoint par le bassiste / bouddhiste Franklin Rhi (ex-Show Of Force, 108 et futur Shelter), les deux hommes font alors appel à leur pote Marcos Rodriguez plus connu lui aussi sous le pseudonyme de Minus (Merauder, Dmize) afin d’assurer momentanément le rôle de batteur. Après quelques auditions infructueuses, Crown Of Thornz décide de faire appel au guitariste Mike Dijan des excellents Breakdown et embauche également dans la foulée Diomidis Douvas (aka Dimi) lui aussi membre de Dmize afin de remplacer Minus derrière les fûts. Dès lors au complet, Crown Of Thornz va rapidement entamer la composition puis l’enregistrement des quelques titres de ce qui ne devait être au départ qu’une simple démo cassette mais qui finalement s’est transformée en un EP rapidement devenu "culte" dans les rues de New York.
Intitulé Train Yard Blues, ce EP cinq titres d’un petit peu moins de vingt-et-une minutes est proposé avec deux illustrations semblables et pourtant différentes l’une de l’autre. En effet, si la photo de ce dépôt de train et de ces vieilles rames pourrissantes est effectivement la même pour les deux éditions, la teinte, le logo et le lettrage choisis sur la version proposée aux États-Unis par Equal Vision Records (celle présente ici sur votre droite) diffèrent de ceux qui ornent la version proposée en Europe par Lost & Found Records. Chacun choisira son camp mais personnellement je pense avoir une petite préférence pour la version allemande (que vous pouvez voir ici même juste après celle affichée ici). D’ailleurs, ce n'est pas la seule nuance que l’on va pouvoir constater puisqu’effectivement l’ordre des titres diffère également entre les deux versions (avec cette fois-ci une très nette préférence pour la version US qui est toujours celle que j’ai entendue). Un choix que je n’explique pas et qui d’ailleurs ne fait pas spécialement sens.
Enregistré aux Rockaway Studios sous la houlette de Mitch Glider et d’A.J. Novello du groupe Leeway, Train Yard Blues a pour lui une production claire et plutôt dépouillée dont les sonorités froides et métalliques, si elles ne manquent absolument pas de tranchant, n’auraient pas fait taches sur un album de Rock Alternatif de l’époque. D’ailleurs, à la différence de bien des groupes de New York Hardcore du début des années 90, Crown Of Thornz a choisi de s’émanciper dans la pratique d’une musique mid-tempo tout en groove et en séquences chaloupées. Une approche particulièrement nouvelle et originale pour l’époque qui va naturellement propulser Crown Of Thornz au sommet d’une nouvelle scène new-yorkaise foisonnante et soucieuse de se démarquer d’une manière ou d’une autre de ses ainés. Bien sûr, on va entendre sur Train Yard Blues beaucoup du Leeway de Born To Expire et Desperate Measures (à commencer d’ailleurs par cette production) mais pour autant, Crown Of Thornz offre d’emblée sur ces quelques titres quelque chose de très personnel. Ainsi, entre le phrasé chaloupé (et finalement plus mélodique et émotionnel qu’agressif) d’un Danny Diablo qui a toujours été très attiré par l’univers du Hip-Hop (il fera d’ailleurs par la suite plusieurs mixtapes et autres albums dans le milieu du Rap), le riffing particulièrement groovy d’un Mike Dijan toujours très inspiré derrière ses airs discrets (celui-ci est en effet à l’origine de riffs Hardcore particulièrement voyous (rien que l’excellent "Juggernaut" qui ouvre le EP suffit à donner le ton même si on pourrait également citer les tout aussi bonnards "Head Check", "Mental Masquerade" et "Crown Of Thorns" (ce qui est peut-être moins vrai pour "Feelings" dont les atours plus classiques et les influences Thrash / Heavy Metal plus évidentes le distinguent quelque peu des quatre autres morceaux)), la basse hyper expressive d’un Franklin Rhi qui, s’il ne paie pas de mine lui non plus placé ainsi légèrement en retrait dans le mix, offre pourtant des lignes de basse absolument délicieuses et tout en rondeurs et finalement la batterie d’un Dimi Douvas qui ne démérite pas pour insuffler de ses frappes tranquilles une pointe de groove supplémentaire à des compositions qui pourtant n’en manquent déjà pas, Train Yard Blues possède bien des atouts pour espérer convaincre l’amateur de Hardcore. Ajoutez-y quelques samples issus d’un reportage sur la scène Punk / Hardcore new-yorkaise de la fin des années 80 duquel est d’ailleurs issue la célèbre citation « Cause Sunday, for skinheads, is trash day » et autre documentaire sur l’univers du graffiti en plein New York (Style Wars, 1983) et vous voilà immergés au coeur de la ville qui ne dort jamais et de ses ruelles grises, cradingues et mal famées qui ont marqué l’imaginaire des gens de notre génération.
Probablement passé sous les radars de ceux qui ne voient dans le New York Hardcore que les têtes de gondoles citées dans mon premier paragraphe, Train Yard Blues et Crown Of Thornz sont pourtant à classer parmi les incontournables que la ville a enfanté dans les années 90. Un groupe particulièrement frais et novateur (en tout cas à l’époque) dont l’influence a toujours pesé sur une partie de la scène qu’elle soit d’hier ou d’aujourd’hui (de Mizery à Cold Front en passant évidemment par Trapped Under Life, Cold World, Life’s Question et tant d’autres, beaucoup doivent en effet aux New-Yorkais et au jeu de Mike Dijan une partie de leur identité). Si vous cherchez à découvrir un groupe quelque peu éloigné des standards et pourtant indubitablement marqué par l’ADN de la scène NYHC, je vous invite à ne pas faire l’impasse sur Crown Of Thornz qui en un EP et un album (je laisse volontairement de côté le split avec Agressive Dogs paru en 1998 ou ce EP pourtant lui aussi très cool sorti en 2015) ont complètement bousculé New York et le reste de la scène Hardcore mondiale. IN-DÉ-MO-DA-BLE, I-NÉ-GA-LA-BLE, IN-DIS-PEN-SA-BLE !
| | AxGxB 28 Novembre 2025 - 256 lectures |
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