Trail Of Lies - W.A.R
Chronique
Trail Of Lies W.A.R
D’aucuns trouvent le straight edge trop dogmatique, trop rigide ou encore trop en contradiction avec l’essence du hardcore, tirée tout droit du punk. Ian McKaye lui-même a très vite lâché l’affaire, c’est dire. Pourtant, le mouvement aura résisté et depuis les années 80, les groupes se sont enchaînés et les icônes se sont succédé. Trail of Lies s’inscrit dans la plus pure lignée du mouvement, et ce, dès le premier coup d’œil à la pochette. Formé en 2011 à Syracuse, NY, le groupe s’est très vite fait remarquer avec, en 2016, « Strength Through Discipline ». S’ensuit alors le single « God of Rage » en mars 2017 puis, 1 an après, la galette qui nous intéresse aujourd’hui, « W.A.R ».
L’énergie est le mot d’ordre derrière tout ce qui anime Trail of Lies. Musicalement d’abord, puisqu’évidemment, tous les poncifs hardcore pourraient y passer : les riffs sont simples (pour ne pas dire bêtes et méchants), les parties de batterie sont implacables, les breakdowns sont maîtrisés… Effectivement, le groove est présent et les mosh parts sont ravageuses. Cela va sans dire que la production est au poil, bien meilleure que sur les sorties précédentes. Néanmoins, lorsqu’on a écrit ça, on a (un peu) tout et (surtout) rien dit. Alors, qu’est-ce qui justifie une chronique pour Trail of Lies ? Qu’est-ce qui les différencie de la plèbe ? Et bien l’énergie est principalement remarquable dans la thématique. Avec W.A.R, l’angle des paroles est quasi « happy hardcore », a contrario de beaucoup de groupes straight edge. Le quintet ne compte pas se lamenter sur son sort, préférant opter pour des textes lorgnant sur les fameux « motivational speeches » si chers aux états-uniens. « Master of my Destiny », « Ultradominance » ou encore « Fight for Victory » en sont les exemples les plus probants. Appels à l’amélioration de soi, du monde qui nous entoure, éloge de la force et de la discipline… Ce contrepied, dans nos contrées, peut faire grincer des dents tant le discours est culturellement marqué. Pour autant, la différence avec le reste de la scène apporte un vent de fraîcheur réellement appréciable.
En revanche, quitte à ce que le groupe parte dans cette direction, pourquoi s’être embarrassé de morceaux tels que « Black Mirror » ou « Run » ? Non pas qu’ils soient musicalement inintéressants (le groove de « Black Mirror » emporte tout sur son passage), mais les paroles sont bien plus communes. Il est regrettable d’être face à cette impression d’incomplétude. Soit le « concept » tourne déjà en rond, soit la cohérence n’est pas le fort du parolier. Dans les deux cas, la frustration est réelle. De plus, ce sentiment est accentué par le problème le plus criant de cet album : le recyclage. Huit pistes pour un total de 16 minutes, c’est déjà peu. Mais quand en plus deux de ces morceaux sont repris d’efforts précédents (« Ultradominance » figurait déjà sur « Strenght Through Discipline » et « God of Rage » avait déjà été publié sur le single éponyme), ça frise le foutage de gueule. Qu’est-il arrivé ? C’est court, ça réutilise et le concept n’est pas suivi. Manque de maturité, je-m’en-foutisme ? Je vous laisse en juger.
Trail of Lies est parfaitement dans l’ère du temps. Des passages en studio furtifs, des strato-baffes en live, un renouveau straight edge assumé, bienveillant et militant… Si vous avez une réaction épidermique aux discours sociaux et/ou politiques, fuyez. Si vous avez plus tendance à bomber le torse, attachez vos ceintures et apprenez les paroles par cœur, ça va secouer.
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