Avec le soleil a priori motivé pour enfin pointer le bout de son nez, je vous avoue que je n’ai pas vraiment de scrupules à laisser de côté ces albums de Death Metal cryptiques et poussiéreux que j’ai l’habitude de chroniquer au profit de choses plus faciles et, il faut le dire, beaucoup plus catchy. Outre quelques albums de Grunge musclée ou d’Indie Rock de qualité que je ne vous ferais pas l’affront de présenter ici (bien que le dernier Violent Soho vaille vraiment le détour), j’aime également dans ces moments-là laisser davantage de place à mes autres amours d’adolescent, le Punk et le Hardcore.
Après une entrée en matière fracassante matérialisée par la sortie d’un EP imparable, l’excellent
Survive The Vibe (qui a d’ailleurs reçu dernièrement un traitement CD avec moult bonus), les Californiens de Mizery reviennent aujourd’hui faire parler d’eux avec la sortie sur Flatspot Records (Manipulate, Suburban Scum, Backtrack...) d’un premier album que j’attendais naturellement de pied ferme !
Intitulé
Absolute Light, ce disque est marqué cette fois-ci du coup de pinceau de Sam Octigan. Artiste relativement peu connu dans le milieu de l’illustration musicale, celui-ci s’inspire, à la manière d’Andrei Bouzikov et de son travail sur
Survive The Vibe, des dieux et déesses hindoue pour une représentation toutefois beaucoup moins agressive et menaçante que celle de son homologue américain. Bien sûr il ne s’agit pas d’un hasard puisque ce nouveau travail visuel n’est que le reflet des thèmes majoritairement spirituels abordés par Mizery depuis ses débuts en 2012. Transcendance, vie après la mort, supériorité de l’âme face à la décrépitude du corps humain, l’Amour... Des sujets relativement peu abordés, que ce soit dans le Punk ou dans le Hardcore, même si des personnes telles que Ray Cappo (Youth Of Today, Shelter, Better Than A Thousand...) ou des groupes comme 108 l’ont déjà fait auparavant.
Toutefois, la véritable nouveauté ne vient pas ici de ce visuel finalement assez proche de ce qu’a déjà pu réaliser Andrei Bouzikov par le passé mais bien davantage du choix de la production. Signée une fois de plus par Taylor Young, celle-ci se démarque très franchement de ce qui avait été fait pour
Survive The Vibe. Bien plus marquée par les années 90 (cet effet sur les guitares, la réverb sur la voix...), elle n’est pas sans rappeler celle de groupes new-yorkais tels que Cro-Mags, Leeway ou bien Crown Of Thornz. Un son beaucoup plus Thrash que Metal, bien plus dépouillé également qui, s’il n’est pas aussi démonstratif/ronflant/flatteur que précédemment, conserve néanmoins cette abrasivité si caractéristique de la scène new-yorkaise, qu’elle soit récente (Backtrack...) ou plus ancienne (Crown Of Thornz...). Ce choix qui n’est pas anodin est très certainement dicté par ce riffing affûté et en même temps très mélodique des Californiens. Depuis
Survive The Vibe, le groupe de San Diego a en effet toujours attaché beaucoup d’importance à cet aspect de sa musique. Toutefois, ce type de production plus Rock permet très clairement de faire ressortir toute la qualité du travail de Mizery à ce sujet.
Car oui, ce sont bien ces riffs et ces mélodies qui font ici toute la différence. Comme évoqué plus haut, le groupe tire son énergie d’un riffing Thrash nerveux et corrosif au groove toujours aussi irrésistible. Il n’y a qu’à écouter des titres tels que "Mizery", "Discrimation Of Eye" ou "Power Of Peace" pour se rendre compte à quel point le Hardcore des Américains est taillé pour le dance floor version "two steps" à la cool plutôt que "windmill" et "gorilla stomp" (finalement, les mosh parts sont relativement rares chez Mizery). Moins frontal et direct que certains de ses homologues en dépit de quelques belles accélérations ("Absolute Light" notamment), les Californiens misent surtout sur ces enchainements de rythmes saccadés et racailleux (qui vont d’ailleurs de pair avec un phrasé empruntant parfois à l'univers du rap) et sur ces nombreux passages mélodiques afin de mettre en avant cette personnalité bien trempée. Des mélodies qui permettent notamment à la musique de Mizery de s’épanouir davantage et ainsi de contrebalancer, à travers des séquences naturellement moins agressives, ce riffing rythmiquement très appuyé ("One Kiss" à 0:18 et 1:09, "Mizery" à 0:20, 0:55 et 1:50, l’interlude semi-acoustique "The Bvtcher", "Power Of Peace" à 1:08 et 1:41, "The Hard Goodbye" à 1:04). Un bel équilibre qui jamais ne vient nuire à l’efficacité de l’ensemble.
Bien que calqué sur le modèle de son premier EP,
Absolute Light vient néanmoins se démarquer par un choix de production beaucoup plus audacieux. Une manière pour Mizery d’avancer mais également de se distinguer de ces nombreux groupes qui, eux aussi, semblent suivre un certain retour aux sources (Turnstile par exemple). Quoi qu’il en soit, les Californiens continuent leur petit bout de chemin avec une fois encore beaucoup de réussite. Cela grâce à des compositions efficaces et pleines de ce groove contagieux des années 90. Entre Thrash et Hardcore, Mizery réussi ainsi le tour de force d’emprunter à des groupes qui se sont fait un nom avant lui (Cro-Mags et Crown Of Thornz en tête) tout en proposant au final une recette des plus singulières. A noter en guise de conclusion qu’
Absolute Light voit la participation de plusieurs personnalités de la scène Hardcore. Des featuring discrets (il vous faudra clairement tender l’oreille pour les distinguer) signés David Wood (Down To Nothing, Terror), Dan Weinraub (Downpresser) et Anthony Herrera (Take Offense).
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