Integrity - Howling, For The Nightmare Shall Consume
Chronique
Integrity Howling, For The Nightmare Shall Consume
Contre vents et marées et surtout face à d'incessants problèmes de line-up qui ont toujours miné Integrity depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, Dwid Hellion continue aujourd'hui encore de faire face dignement, se tenant seul tel un roc battu inlassablement par les éléments qui se déchaînent contre lui. Après avoir passé plusieurs années dans le giron de Victory Records (label qui a vu passer toute la crème de la scène Hardcore US des années 90 (All Out War, Bloodlet, Earth Crisis, Deadguy, Hatebreed, Killing Time, Snapcase, Strife, Warzone...) avant de tristement devenir la plus grosse poubelle Emocore des années 2000), Integrity est allé trouver refuge chez ses amis de Deathwish Inc.le temps de deux albums fort recommandables (To Die For et The Blackest Curse). En parallèle commence une fructueuse collaboration avec A389 Recordings, label de Domenic Romeo, grand amateur d'Integrity et surtout ancien guitariste des excellents et regrettés Pulling Teeth, qui sortira en 2013 Suicide Black Snake, huitième album des Américains. Mais Integrity n'étant pas du genre à se fixer trop longtemps, Dwid Hellion décide de répondre aux avances de Relapse Records pour la sortie de son nouvel album intitulé Howling, For The Nightmare Shall Consume.
Pour accompagner celui qui vit depuis déjà plusieurs années en Belgique, on trouve désormais à la guitare et à la basse Domenic Romeo dont je viens de vous parler ainsi que Joshua Brettell, batteur chez Ilsa. Un line-up particulièrement encourageant quand on connait la qualité du riffing chez les regrettés Pulling Teeth (d'ailleurs je vous invite chaudement à lire les deux chroniques d'Ikea sur le sujet si jamais vous ne vous y êtes encore jamais intéressé). Quant à l'artwork très réussi, s'il est signé Dwid Hellion, celui-ci est néanmoins largement construit autour d'une oeuvre de Gustave Doré. Cette dernière datant de 1868 est tirée d'un recueil de poésie intitulé "Les Idylles du Roi" écrit par Alfred Tennyson en 1885.
Du haut de ses quarante-huit minutes, Howling, For The Nightmare Shall Consume nous toise fièrement de toute sa hauteur là où Integrity nous avait jusque-là habitué à des durées souvent bien moins élevées (généralement une trentaine de minutes, pas beaucoup plus). Un coup d’œil à la durée des compositions suffit alors à nous éclairer. En effet, quatre de ces onze morceaux culminent ici à plus de six minutes. De quoi s'interroger sur le chemin emprunté aujourd'hui par Dwid et ses mercenaires. Heureusement, ces interrogations seront bien vite balayées le temps d'un premier extrait des plus rassurants. Une mise en bouche attestant de la très bonne santé d'un groupe qui, rappelons-le, est quand même là depuis bientôt trente ans.
Trois décennies au service de ce que l'on nomme communément le Holy Terror Hardcore. Trois décennies passées à vomir de sombres histoires d'apocalypse, de religion et de maladies mentales... Trois décennies de terrorisme auditif que la chienlit quotidienne ne fait qu'alimenter encore et encore et encore jusqu’à dégueuler de tous les bords. Howling, For The Nightmare Shall Consume n'est donc pas le genre d'album à prendre à la légère et s'inscrit naturellement dans la continuité des oeuvres imaginées par Dwid Hellion sous la bannière d'Integrity (mélange de Punk/Hardcore primaire et de Metal cradingue et désabusé). Coïncidence ou non (même si j'ai du mal à croire que ça n'en soit pas une avec l'arrivée de Domenic Romeo dans les rangs de la formation), on remarque que l'album est construit un peu à la manière du dernier Pulling Teeth (Funerary) c'est à dire avec une première moitié constituée de titres relativement courts se concentrant sur l'essentiel et une seconde moitié composée principalement de morceaux beaucoup plus tortueux et menaçants. Pour ma part, j'ai toujours eu un peu de mal avec ce type de répartition qui tend bien souvent à rendre la deuxième moitié moins percutante. Je ne vais pas cracher dans la soupe car Integrity a fait tout au long de ces quarante-sept minutes un travail remarquable de composition mêlant efficacité brute et atmosphère étouffante mais je ne peux m'empêcher de ressentir un léger déséquilibre à l'écoute de l'album bien que cela soit tout de même pondéré par des titres plus directs tels que "Burning Beneath The Devils Cross" et "String Up My Teeth".
Car c'est bien la richesse de ce nouvel album qu'il faut retenir ici. Encore une fois, Dwid et ses compagnons on fait un énorme travail pour sortir des sentiers battus en se positionnant là où on ne les attendait pas forcément. De cette improbable ballade pour cowboy solitaire qu'est le titre "7 Reece Mews" à cet orgue et ces sonorités orientales sur l'excellent "Unholy Salvation Of The Sabbatai Zevi" en passant par ces nombreux emprunts à la scène Heavy Metal, il y a de quoi être parfois désarçonné. Car oui, Integrity n'a pas hésité à piocher dans la NWOBHM pour créer quelques moments d'anthologie à commencer par "Die With Your Boots On" qui malgré ce titre n'est pas une reprise du célèbre morceau d'Iron Maiden mais en possède pourtant tous les atours (riffs incisifs et dynamiques, basse vrombissante, section rythmique entraînante, solo d'un autre temps...). Mais si "Die With Your Boots On" risque d'en surprendre plus d'un, ce n'est rien comparé à ce qui vous attend avec "String Up My Teeth" et ses accents Hard FM/Glam Rock (chœurs féminins, voix ultra aiguë, solo à faire pâlir tout le Sunset Strip de Los Angeles...). Oui, oui, vous avez bien lu. Un sacré pied de nez de la part d'Integrity. On saluera la performance mais je ne suis pas certain de la pertinence du résultat.
Derrière des titres et une approche qui s'inscrivent dans ce que fait Integrity depuis plusieurs années, Howling, For The Nightmare Shall Consume cache malgré tout pas mal de petites surprises dont certaines particulièrement inattendues. On pourrait croire à un certain manque d'homogénéité de l'ensemble (rendu encore un plus flagrant avec cette répartition évoquée ci-dessus) mais finalement il n'en est rien. Plus inspiré que Suicide Black Snake et meilleur que le déjà très bon The Blackest Curse, ce neuvième album vient donc mettre un petit coup de talon dans la fourmilière et secouer un auditoire qui ne s'attendait pas à tout ça. Voilà donc un disque qui a le mérite de chambouler les acquis tout en demeurant fidèle à la formule utilisée par Integrity depuis le début de sa carrière.
| AxGxB 3 Août 2017 - 2148 lectures |
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