Take It In Blood - Roadmap Of Pain
Chronique
Take It In Blood Roadmap Of Pain (EP)
"Time to show you’re not a slave, send them straight to the mass grave"
Deux ans, à peine, c’est le temps qu’il aura fallu aux Parisiens de Take It In Blood pour donner une suite à leur fameuse démo de 2022. Pour ce retour aux affaires, la jeune formation a opté cette fois-ci pour la sortie d’un EP. Un disque intitulé Roadmap Of Pain qui marque la collaboration du groupe avec le label anglais Quality Control HQ. Un sacré pas en avant pour ces skinheads en survêtement qui rejoignent ainsi leurs copains de Cold Decay dans la cour des grands aux côtés de Foreseen, Stiffs Meds, Existence, Pest Control, BIB et bien d’autres encore…
Enregistré à nouveau par Maxime Smadja dans les murs de son Chateau Vergogne (Rixe, Cold Decay, Worst Doubt, Condor, Squelette...), ces six nouveaux morceaux sont également passés entre les mains expertes de Jonah Falco (Fucked Up, The Chisel, Home Front, Big Cheese, Chubby And The Gang...) et de Will Killingsworth (guitariste d’Orchid, Ampere et Bucket Full Of Teeth et tôlier des Dead Air Studios). Ces derniers se sont ainsi chargés respectivement du mixage et du mastering. Pour en finir avec ces présentations, il me reste à évoquer cette illustration signée des mains d’un certain Tha-D aka DeathxSign (Combust, Double-D Records, Gloomy, Big Fools...), un artiste indonésien dont le coup de crayon très urbain rappellera à tous les amateurs de New-York Hardcore la bonne époque où chaque démo, fanzine et flyer étaient affublés de ce genre de personnages tout en baggy, sweat capuche, bonnet, Adidas Superstar et autres paires de Nike tout aussi emblématiques… Une illustration bien à l’ancienne toujours aussi équivoque quant aux intentions de Take It In Blood...
En effet, et ce ne sera une surprise pour personne, le groupe qui vient d’accueillir dans ses rangs l’un des deux guitaristes de Worst Doubt poursuit ici son petit bout de chemin au son d’un Hardcore toujours aussi sombre et négatif dont l’inspiration est une fois de plus à chercher du côté de groupes tels que Neglect, Darkside NYC, Confusion NYC, Bulldoze, Blood For Blood, Kickback, Cold As Life, Next Step Up (jusqu'à ce logo présent sur la casquette de l'un des deux personnages) et tous ces groupes bien lourds des années 90. Une vision désabusée et pessimiste ancrée dans ce quotidien morose de banlieusard que les garçons de Take It In Blood connaissent bien...
Pour leur introduction, les Parisiens ont choisi un sample du film 8mm avec Nicolas Cage où l’on peut y entendre James Gandolfini (The Sopranos...) lancé dans une dernière tirade véhémente quelques instants avant sa mort. Passée celle-ci, la cavalerie entre en jeu pour une mise en place à la fois brutale et pleine de groove qui va rapidement nous mettre dans le bain. La suite, sans surprise, s’inscrit dans la lignée des titres de cette excellente première démo proposée il y a bientôt deux ans. On va en effet retrouver ce qui faisait le charme de ces six précédentes compositions à commencer par ces riffs pas bien compliqués mais qui, épaulés par cette batterie chaloupée et cette base particulièrement vibrante, vont entretenir tout au long de ce petit quart d’heure un groove vicieux pour le moins irrésistible. Un groove porté également par cet amour des Parisiens pour les séquences lourdingues et bagarreuses plutôt que sur les accélérations revêches. Si on en trouve bien quelques-unes ici et là (cette rapide démonstration de force entamée sur l’introduction à 0:44 ou bien encore cette séquence plus Punk sur "Roadmap Of Pain" à 0:36), c’est majoritairement à coup de mid-tempo brimbalants plus ou moins rapides, plus ou moins lents que Take It In Bloood mène la danse. Une approche extrêmement "dansante" qui malgré la simplicité du propos et son côté "déjà-vu / déjà-entendu" n’a absolument aucun mal à fédérer. Aidé par une production impeccable (notamment cette basse très expressive et cette batterie au naturelle qui claque juste comme il faut), le groupe parisien joue ainsi de ses atouts avec énormément d’efficacité. On ne manquera pas également d’apprécier la prestation vocale de Tonio, chanteur plein de hargne au phrasé très dynamique et rythmé. Comme il est souvent de coutume dans le genre, celui-ci est une fois de plus accompagné ici et là par quelques choeurs toujours aussi virils ainsi que de quelques featurings comme celui des copains de Cold Decay (Benoît) et Worst Doubt (Hugo et Max)...
Bref, si Take It In Blood se contente de reprendre à son compte une vision du Hardcore qui n’a rien de bien nouveau, il n’en reste pas moins un groupe relativement à part au sein de cette nouvelle garde parisienne grâce à cette même approche peut-être moins intense et directe que d’autres (on pense évidemment à Worst Doubt) mais néanmoins particulièrement sauvage et brutale. Une relecture hyper efficace de ce Heavy Hardcore des années 90 qui sans être forcément tombé en désuétude depuis n’a jamais été le genre le plus plébiscité parmi les amateurs. Quoi qu’il en soit, les Parisiens nous reviennent plus en forme que jamais, prêts à occuper le devant de la scène comme il se doit. Il n’y a maintenant plus qu’à espérer que Take It In Blood poursuive avec autant d’adresse et de réussite dans cette voie et nous revienne toujours aussi dur et solide avec cette fois-ci un premier album à se caler sous la dent.
| AxGxB 3 Juin 2024 - 465 lectures |
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