Whispers - Narok Bon Din
Chronique
Whispers Narok Bon Din (EP)
Le pays des hommes libres, en terme de ressortissants français, m’évoque deux personnes : Seth Gueko et Stephen Bessac. Evidemment, face à l’offensive de candidats de télé-réalité que subit Dubaï, je tends à penser qu’ils ne sont pas à plaindre. Même si, à titre personnel, je me passerais bien d’avoir le hurleur de Kickback comme voisin, force est de reconnaître que la formation qu’il a mené contre vents et marées depuis 1991 a eu une influence notable sur moult formations extrêmes. Souvent imités mais jamais égalés, les parisiens ont engendré un certain nombre d’ersatz et avec Whispers, le hasard fait bien les choses : alors que les français raccrochent brutalement en 2013, en pleine tournée, ils apparaissent en 2014 dans la ville d’adoption du vocaliste, Bangkok. Ce qui est étonnant en revanche, c’est l’absence de sorties et d’enregistrements avant ce Narok Bon Din, EP de 20 minutes sorti ce mois-ci chez Divided We Fall Records, label basé à Singapour.
Le hasard faisant vraiment bien les choses, l’affiliation avec le rappeur de Pontoise et le sulfureux parisien ne s’arrêtent pas là : Whispers, ne serait-ce que par son logo, revendique une certaine liaison avec la scène hip-hop et son côté très urbain. Plus proche encore est la consanguinité avec le negative hardcore de Kickback, dont ils ont repris l’essence, jusqu’aux gimmicks qui faisaient l’identité du quintet. Dès l’Intro, c’est Heaven & Hell qui vous saute au visage, avec son riff malsain et grandiloquent à souhait. Morbid Vision? Will to Power dans ce que ce morceau a de plus menaçant, dans son mid-tempo haineux et rampant. A ce petit jeu-là, n’importe quel auditeur un tant soit peu assidu de hardcore / metalcore peut trouver des ponts. J’ai plus de facilité à jouer avec Kickback mais n’importe quel fan de All Out War ou d’Arkangel pourra en faire de même (oui, Intro rappelle aussi furieusement Annihilating Your Peace). Difficile de trouver une personnalité réellement affirmée au quintet thaïlandais qui s’échine plutôt à rendre son metallic hardcore lourd, puissant, agressif et ravageur. A ce petit jeu-là, on ne leur damera pas le pion. Ils ont écouté les précurseurs, ont ingurgité savamment tout ce qui faisait leur cachet et le recrachent à la gueule du monde sans vergogne. Alors, va-t-on leur reprocher l’hommage très appuyé ?
Les natifs de la « Lion City » revendiquent l’ascendance, et plutôt deux fois qu’une. Non contents de reprendre Will to Power en ouverture de leurs concerts, on peut apercevoir les membres du groupe arborer fièrement du merch à l’effigie de tous leurs aînés. Partant de ce postulat, pourquoi se priver ? A l’heure où les revivals, remasters et les mouvements retro, vintage ou que sais-je encore fleurissent et peinent à arriver à la cheville des œuvres originales, Whispers arrive le couteau entre les dents et porte haut l’étendard d’une scène qui ne s’est jamais vraiment éteinte mais qui revient pour autant plus forte que jamais ces dernières années. Qui s’en plaindra ?
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