Il n'aura pas fallu bien longtemps à Chris Wrenn de Bridge Nine pour signer les New-Yorkais de Backtrack puisqu'un peu plus d'un an après l'excellent
Darker Half (août 2013), le groupe annonçait sa collaboration avec le célèbre label de Peabody. En prévision, la sortie d'un deuxième album annoncé pour le début d'année 2014.
Après Defeater et Expire, Bridge Nine se paie ainsi le luxe d'accueillir sous son aile l'un des groupes de Hardcore les plus prometteurs de ces quelques dernières années. Il ne manque plus que Turnstile et The Rival Mob pour venir parfaire ce roster particulièrement alléchant. Malheureusement, ce genre d'annonce est souvent à double tranchant et autant vous le dire tout de suite, Backtrack était attendu au tournant.
Paru en début d'année,
Lost In Life reprend visuellement les mêmes traceurs que sur
Darker Half à commencer par un artwork confié une fois de plus à l'artiste Spoiler. On retrouve ainsi les mêmes monstres patibulaires, globuleux et tout en couleur qui ornaient déjà la pochette du précédent album de Backtrack. Un trait tout à fait particulier hérité du monde de la rue et du graffiti. Quant au packaging, la version CD est présentée une fois encore dans un digipack plutôt sommaire avec en guise de livret une feuille géante constituée de photos, paroles, remerciements et tout le tralala. Une certaine continuité que l'on retrouve naturellement dans la musique de Backtrack.
Ainsi, le groupe reprend sans surprise le chemin de ce New-York Hardcore nerveux et abrasif qui le caractérise depuis ses débuts. Une musique bâtie autour de poncifs vieux de plus de trente ans et pourtant attendus par tous les amateurs de Hardcore. On retrouve ainsi tous les éléments qui caractérisent cette musique en général et le New-York Hardcore en particulier: une section rythmique plutôt variée et généreuse en mosh part, des riffs Punk/Hardcore incisifs et nerveux, une basse vrombissante mise intelligemment en avant, un chant rageur et contestataire, quelques chœurs bien virils et enfin une atmosphère urbaine et revancharde. Bref, je ne vous apprends probablement rien mais vous savez au moins à quoi vous en tenir.
Et malgré cet aspect plutôt générique qui caractérise au final la majorité des groupes de Hardcore, Backtrack réussi à tirer son épingle du jeu depuis le début de sa carrière grâce à une certaine personnalité et une qualité d'écriture faisant de lui l'un des groupes les plus excitants du milieu. Avec
Lost In Life, les New-Yorkais continuent ainsi sur cette lancée. Et bien que celui-ci semble faire débat au sein de la communauté (beaucoup seraient vraisemblablement déçus par ce deuxième album), je dois avouer que je ne partage pas du tout cet avis. L'album commence d'ailleurs très fort avec le triptyque "Their Rules", "Wash Away" et "Lost In Life" qui d'emblée impose une certaine cadence. Trois titres particulièrement agressifs et véhéments qui ne laissent planer aucun doute quant aux ambitions de Backtrack. Mais la force des New-Yorkais est d'être aussi à l'aise lorsque le tempo se ralenti. Aussi, des titres comme "Under Your Spell", "Nailed To The Tracks" ou "Tortured" se révèlent tout aussi intéressants. On pourra peut-être reprocher au groupe une certaine baisse de régime à mi-parcours, notamment avec "Rot In Your Race" sur lequel il ne se passe pas grand chose, mais c’est bien là la seule critique que je pourrais émettre aujourd’hui sur cet album.
Un album marqué également par la participation de plusieurs musiciens rattachés de près à la scène Hardcore. Produit par Nick Jett, batteur de Terror,
Lost In Life compte un nombre impressionnant de featuring vocaux: David Wood de Terror sur "Their Rules", Nick Jett sur "Wash Away", Dan Seely de King Nine sur "Lost In Life", Brendan Yates de Turnstile sur "Under Your Spell" et enfin Dan Weinraub de Downpresser sur "Guilty Conscience". A noter également que le titre "Nailed To The Tracks" a été écrit par Jordan Posner de Terror. Pas toujours indispensables (c’est bien fait mais ça n’apporte pas forcément grand chose), ces featuring attestent tout de même de cet esprit de famille censé animer encore aujourd’hui la scène Hardcore.
Pas de grand bouleversement avec
Lost In Life qui s’inscrit dans la continuité de l’album précédent. Backtrack poursuit ainsi son hommage à la scène new-yorkaise dont il est issu en distillant les mêmes ingrédients. De l’énergie, de la passion et beaucoup de groove. Comme indiqué plus haut, on pourra peut-être leur reprocher un court passage à vide au milieu de l’album ainsi qu’une production peut-être un poil moins personnelle qu’auparavant (j’avoue avoir une petite préférence pour le côté plus cru et granuleux de
Darker Half). Pour le reste, c’est un sans faute qui fait de
Lost In Life un album non pas meilleur mais au moins aussi bon que son prédécesseur.
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