Madball - Set It Off
Chronique
Madball Set It Off
La centième chronique, ça se fête non? Pour l'occasion, j'avais donc dans l'idée de chroniquer un des albums m'ayant le plus marqué étant jeune. Ainsi, j'ai pas mal cogité tout en regardant ce qui avait déjà été fait sur Thrashocore et j'en suis naturellement venu à la conclusion qu'il manquait quand même pas mal de choses en matière de Hardcore, notamment certains albums mythiques comme le fameux Set It Off de Madball que je m'apprête enfin à chroniquer aujourd'hui.
Avant toute chose, revenons quand même sur l'histoire de ce groupe incontournable de la scène Hardcore. Madball voit le jour à la fin des années 80 à New York. A l'époque le groupe est composé de Vinnie Stigma d'Agnostic Front à la guitare, Roger Miret également d'Agnostic Front à la basse et Will Sheppler à la batterie. C'est au jeune frère de Roger Miret, un certain Freddy Cricien, a qui est confié le poste de chanteur. Introduit très jeune dans cet univers, Freddy Cricien fait ses débuts sur les planches à l'âge de sept ans lorsqu'il accompagne Agnostic Front au CBGB's. A l'époque, Madball se contente de reprendre en live les plus anciens titres d'Agnostic Front, ceux que le groupe ne joue presque plus. Très vite, Madball devient un groupe à part entière et sort ainsi en 1989 son tout premier EP intitulé Ball Of Destruction sur lequel on retrouve essentiellement des reprises d'Agnostic Front ainsi que quelques titres de leur propre composition qu'on retrouvera plus tard sur Set It Off ("Smell The Bacon (What's With You?)", "Get Out"). Le groupe réitère l'exercice trois ans plus tard avec un second EP intitulé Droppin' Many Suckers avant de devoir faire face également à quelques changements de line-up puisque Madball est rejoint en 1993 par Matt Henderson et Hoya Roc (ex-Dmize) suite aux départs successifs de Vinnie Stigma et Roger Miret. L'année suivante, Madball est repéré par Roadrunner et sort dans la foulé un premier album aujourd'hui incontournable, l'excellent Set It Off.
Aussi loin que je me souvienne, cette pochette m'a toujours marqué. Que ce soit dans les magazines de l'époque ou en concert sur les t-shirts, on la voyait absolument partout. Il faut dire que cet homme en costume/cravate tendant un flingue à ce tout jeune bébé avait de quoi attirer l'oeil, du moins à l'époque. Aussi, il est finalement étonnant de constater que dès sa sortie ce premier album de Madball a rapidement été considéré comme une référence dans le genre. Il faut dire aussi que Madball à certainement posé les bases d'un New York Hardcore violent et haineux faisant quelque part le pont entre l'aspect Punk du Hardcore et les sonorités plus lourdes assez proches de ce qu'on pouvait retrouver à l'époque dans le Metal. Se faisant, Madball a su séduire un public probablement plus large tout comme le fera plus tard un groupe comme Hatebreed. Il ne faut pas non plus négliger et le travail et la réputation de Roadrunner qui n'y sont sûrement pas étranger, le groupe bénéficiant d'une diffusion plutôt conséquente à une époque où le marché de la musique n'était pas encore saturé.
Comme pour State Of The World Adress de Biohazard, il y a sur Set It Off une atmosphère urbaine froide et impitoyable. Un aspect que le groupe cultive à plusieurs niveaux. Sur l'artwork d'abord avec cette typographie empruntée à l'univers du tag et puis cette photo sur la back cover avec leur look de tough guy dans un décors urbain en représentation d'une certaine contre-culture. Dans la musique ensuite, avec ces nombreux samples comme celui de "Set It Off" sur lequel on peut entendre une ville en mouvement, "New York City" et le sample d'une arme à feu ou encore "Smell The Bacon (What's With You?)" et ces sirènes de police. Et puis bien évidemment ces paroles simples mais honnêtes centrées autour de cette ville qu'est New York, d'une certaine vie de quartier et puis bien sur cette unité autour d'un seul et même crew (le fameux DMS pour Demonstrating My Style). Si ces thèmes n'ont en soit rien d'original, on ne peut pas reprocher à Madball de parler de ce qu'il connait et de ce que chacun des membres vit au quotidien. Au moins ce discours a le mérite d'être honnête et de reposer sur des expériences individuelles et communes fortes et concrètes. Des thèmes qui encore aujourd'hui sont présents dans l'univers de Madball.
Musicalement, Madball n'a pas inventé l'eau chaude. Old School to New School, la musique des New Yorkais s'inspire clairement de ses ainés à commencer par Agnostic Front (dont le groupe reprend sur cet album le titre "Friend Or Foe"). Une influence forte matérialisée par le caractère immédiat de ses compositions et un aspect clairement fédérateur. Madball use ainsi des codes en vigueur dans le milieu avec son lot de mosh-parts, de sing-alongs, de riffs punk énergiques et tout le tralala. Et malgré les années qui passent, Set It Off n'a pas pris une ride encore aujourd'hui. Les compositions restent modernes et dynamiques et malgré leur simplicité évidente sont toujours aussi efficaces et fédératrices. Ainsi, cet album est donc gavés de tubes Hardcore en puissance. De "Set It Off", "Lockdown", "New York City" à "It's Time", "Down By Law" ou encore "Smell The Bacon (What's With You?)", pas de déchet à signaler dans le lot. Il faut dire que Madball va à l'essentiel s'acquittant de sa tâche en tout juste vingt six minutes.
L'autre atout de Madball c'est évidemment Freddy Cricien. En véritable pitbull déchaîné, il mène son groupe avec force, énergie et conviction. Sa voix puissante, rageuse et pleine de haine retranscrit parfaitement le côté revenchard, contestataire et unificateur de la musique des New Yorkais. Une chose est certaine, en écoutant le bougre hurler, on n'a pas spécialement envie d'aller l'emmerder.
Enfin, Set It Off n'aurait probablement pas eu la portée qu'il a eu sans cette production signée Jaime Locke. Le bonhomme a su y insuffler l'énergie et l'intensité du Punk / Hardcore avec la puissance, la rage et la lourdeur du Metal. Résultat, Set It Off est un disque violent et agressif qui sent la rue, le sang et la bagarre à plein nez. Soit quelque chose de terriblement impressionnant pour de jeunes adolescents en mal de sensations fortes.
Encore une fois, difficile d'être un tant soit peu objectif avec un disque qui vous a accompagné des années durant. Aujourd'hui encore, j'ai bien du mal à lui trouver un quelconque défaut et comme pour Merauder, Sick Of It All ou certains disques issus de l'écurie Goodlife, je me le repasse toujours de façon régulière et avec autant de plaisir. J'aurai pu essayer de vous décrire encore un peu davantage la musique des New Yorkais, mais merde, c'est du Hardcore quoi! En attendant, si vous écoutez encore du Hardcore aujourd'hui et que ce disque ne figure pas dans votre discothèque, c'est que vous avez encore quelques lacunes à combler.
| AxGxB 2 Août 2012 - 4303 lectures |
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