Plus que n’importe quelle autre scène musicale, il y a toujours eu dans le Hardcore une très forte dimension communautaire. Né de l’essoufflement d’une scène Punk ’77 vieillissante dans ces rues décaties en proie à la lutte des classes et à tous ces combats du quotidien, le genre a tout de suite revêtu une dimension politique, sociale, sociétale et contestataire assez prononcée. Ces prises de positions à l’encontre de l’establishement et de ses valeurs portées comme de véritables étendards à la nation ont en effet rapidement trouvé écho chez une jeunesse pleine de doutes et d’interrogations ayant à coeur de faire entendre ses voix et ses choix. Si au fil du temps et de ses diverses mutations la dimension politique dans le Hardcore s’est largement étiolée, une chose est sûre, elle reste une musique fédératrice, définitivement ancrée dans les enjeux de la rue et du quotidien et porteuse généralement de valeurs et de thématiques unificatrices.
Si je vous raconte tout cela ce n’est pas parce que Combust a choisi de remettre le débat au coeur de ses thématiques (bien que la situation aux États-Unis ne s’y est jamais autant prêtée) mais plutôt parce que ce deuxième album sorti le 7 mars dernier sur Triple B Records est au même titre que l’excellent
Not Through Blood de Pain Of Truth un album particulièrement « familial » réunissant autour du quintette tout un tas d’acteurs de la scène Hardcore d’hier et d’aujourd’hui. En effet, parmi les invités venus pousser la chansonnette sur
Belly Of The Beast on va retrouver messieurs Jason Petagine (Mindforce, Colossus, Crush Your Soul, Pillars Of Ivory...), Danny Diablo (Crown Of Thornz), Rory O’Neill (Imposter), Chiqui Rodriguez (Dmize) et Scott Vogel (Terror, Buried Alive, Despair...). Du beau monde pour un album toujours autant influencé par le Hardcore new-yorkais de la fin des années 80 et du début des années 90.
Ce n’est évidemment pas une surprise mais tout comme son très bon prédécesseur,
Belly Of The Beast va une fois de plus largement lorgner du côté de groupes tels que Killing Time, Breakdown, Outburst, Raw Deal et le Cro-Mags de la première heure. Des influences qui donnent lieu à un Hardcore qui n’a peut-être rien de surprenant ni de très original à offrir mais qui en 2025 a toujours le mérite d’être quelque peu à contre-courant de tout ce que l’on peut entendre dans une scène remplie essentiellement de formations ayant opté soit pour un Hardcore Straight Edge plus ou moins vindicatif (Inclination, Magnitude, Contention, Temple Guard, Moral Law...) soit pour un Hardcore métallique plutôt bas du front (Jesus Piece, Judiciary, Knocked Loose, Momentum, Worst Doubt, Gray State...) soit également pour un Hardcore tout simplement plus bigarré et coloré (Gel, Scowl, End It, Mindz Eye, Initiate, Regulate...). Bref, si cette musique est faite par des jeunes, celle-ci ne devrait pas manquer de trouver grâces aux oreilles des plus vieux d’entre vous qui y verront à n’en point douter un bel hommage à vos années passées.
Car si sur le plan purement musical
Belly Of The Beast n’est en rien différent de son prédécesseur, il parvient pourtant à le surpasser grâce à des compositions encore un petit peu plus efficaces et incisives. Produit cette fois-ci par Zach Miller aux Landmine Studios (Queensway, Fury Of Five, Gel, Purgatory, Shackled...), ce deuxième album a tout d’abord pour lui une production particulièrement engageante. Un son abrasif au caractère un petit peu plus prononcé que celui plus polissé d’
Another Life et qui correspond mieux à la musique hargneuse et vindicative de Combust. Pour ce qui est du reste, rien de neuf à signaler si ce n’est que ce qui faisait le sel du premier album des New-Yorkais est ici dispensé avec encore plus d’efficacité, plus de hargne, plus de nerfs, plus d’intensité. De ces riffs simples pas bien compliqués mais toujours ultra nerveux à ces quelques cavalcades diablement entrainantes ("N.Y.H.C." à 0:06, "Truth Hurts" à 0:41, "Tiger Style II" à 0:34, "Distorded Dreams" à 0:06…) en passant par cette voix rugueuse et pleine de rage (épaulée par quelques collaborations des plus sympathiques), cette fibre Thrash / Crossover sous-jacente (outre plusieurs petits solos et autres leads dispensés tout au long de cette petite demi-heure, on retiendra également certains passages sur "Belly Of The Beast", "Everyone’s Enemy", "Our Own Breed"...), cette basse particulièrement expressive pour peu qu’on lui laisse un peu de place ("Belly Of The Beast" à 0:57 et 2:13, les premières notes de "Everyone’s Enemy » puis un petit peu plus loin à compter de 0:26, "Truth Hurts" à 0:36, l’introduction de "Distorded Dreams"...) et bien entendu ce groove de la rue absolument irrésistible (les premières secondes tranquilles mais chaloupées de "Belly Of The Beast", "Everyone’s Enemy" à 0:08, 1:02 et 1:53, l’essentiel de "Swallowing Swords", "Tiger Style II" à 1:19, "Paid With Pain" à 0:10...), rien ne manque au New-York Hardcore de Combust qui pour l’occasion nous a vraiment sorti le grand jeu.
Au final, même s’il n’y a rien de nouveau sous le soleil de la Big Apple en ce mois de mars 2025,
Belly Of The Beast s’impose avec panache comme l’une des meilleures sorties Hardcore de ce début d’année. Un constat d’autant plus réjouissant que Combust en allant piocher du côté de groupes hautement respectés mais qui aujourd’hui ne sont pas nécessairement cités en références parmi la plus jeune génération, parvient à offrir quelque chose de particulièrement rafraichissant sans pour autant jouer la carte de la nouveauté ou de l’originalité. Aussi, huit ans après ses débuts timides mais déjà engageants sur le petit label français Straight & Alert Records, Combust semble être arrivé aujourd’hui à pleine maturité. Un avis tranché basé sur la constatation assez simple que je n’ai absolument rien à lui reprocher et surtout que depuis sa sortie j’enchaine les écoutes sans jamais voir mon enthousiasme et mes gesticulations faiblir ne serait-ce que d’un iota... C’est donc plutôt bon signe.
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