Backtrack - Darker Half
Chronique
Backtrack Darker Half
Il fut une époque où la scène hardcore New Yorkaise était indiscutablement aux avant-postes sur l'échiquier mondial. Des groupes incroyables (Madball, Warzone, Merauder, All Out War, Sick Of It All, Agnostic Front pour les plus connus), un public de fidèles, hyper motivé et toujours plein d'énergie, des concerts dans des salles devenues mythiques, des acteurs totalement dédiés à la cause (fanzine, radio, label...). Bref, un véritable microcosme ouvert sur le monde avec une influence de poids sur toutes les autres scènes hardcore mondiales. Pourtant aujourd'hui, on a le sentiment que tout ça n'est plus qu'un lointain souvenir. Beaucoup de ces groupes ne sont plus que de vieilles gloires dont les nouveaux albums sont rarement aussi convaincants que ceux d'antan. Les quelques salles mythiques imprégnées de sueur, de sang et de bons moments ont laissé place à des restaurants, des bars, des hôtels et même des galeries d'arts à l'image du CBGB. Et puis surtout la scène semble aujourd'hui beaucoup moins active et palpitante. Toutefois, s'il y a bien une chose qui reste immuable, c'est bien l'influence qu'a encore cette scène sur le hardcore en général.
Le groupe Backtrack en est la preuve vivante. Du haut de leurs vingt ans, ces petits gars de Long Island ne cachent pas leur amour pour la scène New Yorkaise. Une scène à laquelle ils revendiquent appartenir mais dont ils n'ont pas vraiment connu l'âge d'or, rapport à leur jeune âge. Pourtant ce premier album en est certainement la quintessence. Un hommage à peine dissimulé. Un condensé version 2.0 de trente ans de punk/hardcore dans la Big Apple.
Formé début 2008 sur les cendres de The Fad et Black History, Backtrack est un tout jeune groupe de hardcore qui tire son nom d'un célèbre morceau de Killing Time. Après une première démo convaincante, le groupe a enchaîné quelques 7" avant de sortir son premier album intitulé Darker Half. Celui-ci vient tout juste de sortir sur le label américain Reaper, un label 100% hardcore sur lequel on retrouve des groupes comme Madball, Terror, Maximum Penalty, Trapped Under Ice, SOS... Un gage de qualité évident.
Backtrack propose donc un hardcore à la sauce New Yorkaise en faisait fi de toute notion d'originalité ou de surprise. Le groupe est là pour jouer du hardcore, pas pour transcender un genre. Dès les premières secondes, la première chose qui m'a sauté aux oreilles fut la production et notamment le son des guitares. Exit les sonorités metal auxquelles on est souvent habitués et qu'on peut retrouver chez certains groupes New Yorkais, Backtrack fait ici le choix d'un son abrasif et nerveux en laissant de côté toute notion de lourdeur. On est donc ici plus proche de Warzone, Sheer Terror ou Madball que de Merauder ou All Out War. Désolé pour les metalheads bas du front mais Backtrack ne mange pas de ce pain là. Darker Half n'en est pourtant pas moins efficace. Constitué de douze titres assez courts pour une durée totale d'à peine trente minutes, Darker Half est un concentré d'énergie prêt à exploser à n'importe quel moment. Chaque titre suit à peu de chose près le même schéma offrant la dose de mosh part bien vénères et de sing along fédérateurs. Pas beaucoup de variété dans l'ensemble mais un groove incroyable grâce à une basse bien ronde et jamais en retrait ainsi qu'à quelques changements de rythmes toujours hyper bien senti comme par exemple sur "Violent Split" ou "The Greater Good" avec ces successions d'accélérations et de breaks super dansants. Autre point fort, les riffs très nerveux et l'ambiance assez haineuse qui s'en dégage grâce à un riffing assez sombre et quelques bonnes idées comme ce solo sur "Darker Half". Reste le chant, ancré lui aussi dans une certaine tradition NYHC. Une voix agressive et puissante mais malgré tout accrocheuse avec une once de mélodie derrière. De quoi ne pas effrayer les true till death tout en séduisant l'amateur de hardcore du dimanche ou le metalleux de base.
Pour terminer, on notera que la version CD est agrémentée du 7" Deal With The Devil ainsi que de la démo judicieusement intitulée Demo '08. Soit un total de onze titres supplémentaires ce qui est loin d'être négligeable et finalement assez appréciable si tant est qu'on ait apprécié les douze titres de Darker Half. Les six morceaux du 7" Deal With The Devil sont en tout point de vue similaires à ceux de l'album, que ce soit dans l'esprit ou dans la production. D'ailleurs pour peu qu'on ne soit pas au courant, je suis certain qu'on y verrait que du feu. Ceux de la démo sont définitivement dans le même esprit mais cette fois-ci la prod' est légèrement en dessous. Si le son de guitare reste assez identique (moins incisif tout de même), la batterie est plus sèche et reflète davantage ce côté démo. Quoi qu'il en soit, du bonus de qualité pour seulement 8$ la galette. Un excellent ratio prix/titre.
Backtrack n'a donc pas pour prétention d'apporter quoi que ce soit à la scène hardcore si ce n'est un petit peu de sang neuf. Darker Half se destine essentiellement à un public d'initié de par la portée de ses compositions et tout ce à quoi elles renvoient. Un vrai disque de hardcore pour tous les fans de hardcore. Un album d'une efficacité exemplaire servit avec passion, sincérité et simplicité. Du groove et de l'énergie à l'état brut. Du hardcore.
| AxGxB 29 Décembre 2011 - 2644 lectures |
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