C'est avec
No Heroes que j'ai connu Converge. Alors amateur de black metal et de death progressif, cet album, acheté par hasard pour son petit prix et sa pochette (oh le joli pigeon !), a été ma découverte du hardcore. C'est donc une relation particulière qui me lie à cet opus : une rencontre avec un style et surtout un groupe qui deviendra vite pour moi indispensable.
Avec le recul,
No Heroes est certainement ce qui représente le mieux la carrière du groupe dans sa totalité. Plutôt que de faire un Best-of, Converge nous a offert un condensé de ses différentes périodes mais aussi de ses influences. L'introduction lourde de « Heartache » n'est qu'un leurre pour mieux nous en foutre plein la tronche. Vous avez aimé « Concubine » sur
Jane Doe ? Hé bien, Converge nous en sort d'emblée quatre du même acabit ! L'occasion de goûter à cette production démente, une des meilleures qu'ils n'aient jamais eues : tout n'est que violence, la basse ronfle, la batterie écrase le cortex et les guitares vrillent les tympans. Jacob Bannon a toujours cette voix de poule qu'on égorge et autant dire que l'interlude « Weight Of The World » vient comme une libération. Mais si ces chansons tabassent comme il faut, c'est avec « No Heroes » que les choses sérieuses commencent : un morceau tourbillonnant, désespéré à être si furieux, comme seul Converge peut en pondre. « Plagues » est quant à lui boueux et glauque comme
« You Fail Me », « Trophy Scars » un morceau de bravoure screamo… Les dieux du hardcore se fendent même d'un hommage à leur racine avec un old-school « Lonewolves » qui donne envie d'entrer dans une fête et de tout casser. Après un
You Fail Me neurasthénique, on est content de retrouver le groupe au plus haut de sa colère ! Même les mélodiques « Orphaned » et « Bare My Teeth » possèdent ce fond rageur (surtout « Bare My Teeth » qui donne des envies de meurtres).
Mais c'est pour moi « Grim Heart/Black Rose » qui fait de
No Heroes un excellent album : un morceau fleuve, beau et morbide, tout en calme et arpèges au premier abord mais toujours sur le fil du rasoir. Le chanteur en guest, Kevin Baker, a une voix à la fois jeune et décadente au service de paroles parmi les plus tourmentées de Converge (« When I see me in your eyes, I just want to go blind »). La beauté fanée du début laisse place à une lente montée en puissance, où Bannon hurle au fond d'un couloir pour surgir d'un coup et nous trancher la gorge. Si cette chanson ne possède pas la portée cathartique de
« Jane Doe », elle en a les critères : à la fois à part et à sa place dans l'univers des bostoniens.
Cependant, cet aspect Best-of sacrifie la cohérence sur l'autel de l'efficacité : tout est très bon et n'a aucun défaut mais ne se marie pas comme sur les deux albums précédents. Il faut par ailleurs du temps pour l'apprécier sur toute sa durée, un temps nécessaire à mémoriser les différentes chansons. Et si les quatre premiers morceaux donnent envie de bruler un bureau d'Europe écologie (Cassez-vous de mon quartier, hippies !), ils ne sont pas ce que Converge a fait de mieux en matière de brutalité.
No Heroes est certainement l'album de Converge que j'ai le plus écouté : pour sa qualité mais surtout pour la place particulière qu'il occupe dans ma CDthèque. Un de ces albums qui m'ont fait découvrir et aimer une facette des musiques extrêmes que je ne pensais pas apprécier à l'époque !
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