Ad Mortem - In Honorem Mortis
Chronique
Ad Mortem In Honorem Mortis
Si l’on a longtemps raillé la qualité toute relative de la scène Black allemande force est de reconnaître que la donne commence à changer depuis quelques temps, car si l’on a récemment vanté le travail fourni par PESTLEGION il va falloir désormais compter aussi avec AD MORTEM qui nous livre un premier album particulièrement sympathique et aguicheur. Si le contenu ne va rien offrir de nouveau du côté du style avec zéro originalité au menu (en même temps quand ça vient de chez Purity Through Fire on sait à quoi s’attendre), en revanche il faut bien avouer que tout y est parfaitement exécuté avec ce qu’il faut de variations pour que ce soit efficace... chose qu’on avait déjà aperçu en 2020 lors du Split avec MAVORIM (où évoluent conjointement certains des membres ici présents). Depuis cette date le combo s’était fait très discret en prenant son temps pour écrire et enregistrer ce long-format où un nouveau hurleur a fait son apparition, emmenant avec lui l’auditeur vers des tourments éternels où la mort et les ténèbres sont à l’honneur, sur fond d’ambiance typiquement 90’s et qui joue la carte de la nostalgie à fond.
Si évidemment tout cela ne va rien révolutionner et rester totalement balisé il faut reconnaître cependant qu’il va y avoir de quoi s’enthousiasmer pour ce « In Honorem Mortis » qui va reprendre tous les codes habituels du Metal noir, avec ce qu’il faut de passages brutaux et pachydermiques, où l’entrain communicatif se fait instantanément sentir. Car la force de cet album est que ses auteurs ne vont pas tout miser en continu sur le tabassage intempestif, laissant régulièrement respirer les compositions qui laissent ainsi la brume et la neige envahir un espace opaque et impénétrable la plupart du temps. Preuve en est dès le démarrage avec « Von Hohen Himmeln » où les riffs coupants et glaciaux vont côtoyer une rythmique qui va miser majoritairement sur la vitesse et les blasts de façon alternée, tout en n’oubliant pas de lever le pied afin de reprendre ses esprits au milieu de cette neige qui tombe sans discontinuer. Remplie de passages où l’on se surprend à taper du pied comme de secouer la nuque cette plage montre une accroche immédiate et durable, pour un rendu très réussi et plaisant qui va donner le ton de la suite à venir qui va être du même acabit. En effet « Größer Als Das Leben » va se montrer tout aussi inspiré et vindicatif avec toujours ce jeu tout en variations si efficace, et qui voit aussi des rugueux éléments en mid-tempo résonner de très bonne façon vu qu’on est pris de suite par l’envie de secouer la tête au milieu de ce feeling permanent.
D’ailleurs ces accents en médium vont gagner en force et en intensité par la suite, que ce soit sur le glacial et pénétrant « Labyrith » à la montée en pression progressive ou le tempétueux et épique « Der Letzte Feind », qui oscille entre la crasse du Punk sur les rythmiques enlevées comme avec la blancheur immaculée d’une tempête hivernale typiquement scandinave... où le chant en allemand amène un vrai supplément d’âme en matière de haine, vu qu’il se fait hurlé comme il se doit (et rappelant presque par moments celui de Lord Sabathan d’ENTHRONED). Si cela pourra faire tiquer certaines pleureuses professionnelles ceux-ci seront déçus tant il n’y a rien de sulfureux dans les textes, vu qu’on est dans la thématique habituelle de la mort, du diable et de la guerre... bien loin de la tribune politique abhorrée par certains. Du coup rassurés par cela les grincheux (ainsi que les puristes et fans du bon goût) apprécieront le reste de cette galette et notamment l’impeccable « Urgewalt » d’où se dégage une certaine nostalgie et mélancolie, avec son rythme rapide presque dansant et à la violence moins active, vu que ça se montre presque accessible sans pour autant tomber dans la facilité et le kitchouille.
Et si on ajoute à tout cela l’épique et débridé « Auf Kalten Gräbern » (au riffing désespéré et d’une folle intensité générale), le bas de plafond « Todesstreben » (où ça se la joue MARDUK de la grande époque en dégoupillant en continu) et enfin l’équilibré « Death & Beyond » (qui clôt les hostilités en proposant un mélange réussi et agréable de sa palette de jeu), on se rend compte qu’il n’y a vraiment pas de quoi faire la fine bouche tant tout cela s’écoute facilement et sans lassitude, malgré des compositions à la durée générale assez longue. Nihiliste et sans espoir de réchapper à la pression hivernale, du Malin et des glaces éternelles ce premier volet de la formation de l’ex-R.D.A. a de quoi plaire et procurer un bon moment de frissons, tant on est happé immédiatement et jusqu’à l’ultime seconde vu que le tout est homogène et sans faiblesses notables... malgré un criant manque de prise de risques. Mais cela ne nuit pas au rendu global qui ne fait jamais dans la surenchère, privilégiant la simplicité et la sincérité au surplus divers pour notre plus grand plaisir, et qui montre une entité pleine de promesses dont on a hâte de voir ce qu’elle a dans le ventre pour les années à venir. En effet celle-ci a déjà tout compris dans la façon de faire sonner sa musique, et il est certain qu’elle semble posséder en son sein un sacré potentiel qui risque de faire encore plus mal dans le futur. En attendant on appréciera cet enregistrement qui prouve que le style renaît de ces cendres de l’autre côté du Rhin, à l’instar de sa scène extrême en général... signe d’une vitalité retrouvée qui fait plaisir à entendre et donne le sourire jusqu’aux oreilles, qu’elles soient délicates comme encrassées.
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