Bezwering - Aan De Wormen Overgeleverd
Chronique
Bezwering Aan De Wormen Overgeleverd
Patrick Zöller, plus connu sous le patronyme de Karmazid, en a signé des artworks de qualité. De Andavald à Chevalier en passant par Har, Tarot, The Spirit Cabinet, Venefixion, Visigoth, ou Wederganger, on ne compte plus aujourd’hui le nombre de sorties sur lesquelles il a aidé à braquer les projecteurs grâce à ses œuvres habitées et riches de détails. Celle des Néerlandais de Bezwering ne déroge pas à cette règle et s’inscrit d’ailleurs comme l’une des plus réussies à ce jour. En effet, difficile de ne pas se laisser happer par cette atmosphère rurale et hivernale (ces maisons aux toits de chaumes, ces arbres recouverts de neige, ce ciel étoilé…) mais aussi terriblement macabre (ce gigantesque cadavre en décomposition qui gît ici sous terre) émanant de cette œuvre unique et saisissante. Une œuvre forte qui d’ailleurs ne devrait pas manquer d’en pousser certain à la découverte.
Formé en 2018 sur les cendres de Wederganger dont on retrouve ici Alfschijn (chant) et MJWW (guitare), Bezwering a sorti l’année dernière une première démo autoproduite (Voortekenen dont on retrouve d’ailleurs les deux titres ici) avant de signer un contrat avec Ván Records (qui d’autre ?) pour la sortie en avril dernier de ce premier album intitulé Aan De Wormen Overgeleverd. Sans grande surprise étant donné le pédigrée de trois des cinq musiciens qui composent aujourd’hui Bezwering, le groupe néerlandais joue la carte d’un Black Metal de terroir avec, pour l’essentiel, ces particularités qui faisaient de Wederganger un groupe à la personnalité bien trempée.
On va ainsi retrouver ce chant mélodique incantatoire qui va donner au Black Metal de la formation des allures de messes religieuses. Des lignes de chants, solennelles, théâtrales et grandiloquentes qui confèrent à ces séquences une atmosphère lumineuse un brin aristocratique. Car il y a en effet quelque chose d’élégant et de charismatique dans cette voix qui s’élève au-dessus de la plèbe comme pour mieux dominer l’auditeur de son imposante stature. On pourrait également évoquer ces quelques rares moments où ces lignes de chant se transforment en spoken-word guttural ("Nagezeten" à 2:40 ou "Het Tweede Gezicht" à 3:36), prenant ainsi une tournure très proche de ce que l’on peut trouver chez Árstíðir lífsins et Helrunar. Mais là où Bezwering se distingue néanmoins de Wederganger c’est qu’ici Alfschijn assure seul l’intégralité des différentes parties vocales, même les plus agressives (qui étaient auparavant à la charge de Botmuyl). Dans un registre bien plus abrasif (une impression renforcée là encore par ce choix de chanter en néerlandais) et malveillant, ces passages vont naturellement contraster avec cette ferveur quasi-religieuse transmise par ce schizophrène d’Alfschijn. Dans tous les cas, ces vocalises se complètent ici à merveille, jouant sur des registres bien différents les uns des autres afin de proposer un large panel d’atmosphères et d’émotions.
Au-delà du chant, on va également retrouver chez Bezwering le même genre de riffing à la fois incisif (notamment lors de ces séquences les plus soutenues construites sur la base de trémolo simples mais d’une efficacité sans faille (les conclusions musclées de "Vredeloos", "Nagezeten" ou "Rouwstoet", "Uitgeteerd", le bien nommé "Terror Terroris", "Geen Bloemen Op Mijn Graf"...)) et mélodique. Peut-être un poil moins inspiré dans l’ensemble (certains passages paraissent effectivement plus faibles ou en tout cas moins mémorables (je pense notamment à un titre comme "Aan Gene Zijde")), il n’en reste pas moins varié avec, on l’a vu, ces accélérations menées bon train mais également ces passages tout simplement plus mélodiques bien souvent servi dans un esprit Gothic Rock rappelant ce que l’on pourrait trouver chez Secrets Of The Moon actuellement (le break de "Geen Bloemen Op Mijn Graf" à 1:42, "Het Tweede Gezicht" de 5:10 à 6:01) ou plus processionnaire comme ce très urfaustien "Rouwstoet". La seule chose qui va manquer ce sont ces riffs en vibrato que l’on va retrouver ici uniquement sur le titre "Nagezeten" à 2:23 et qui amènent pourtant avec eux une atmosphère étrange et mystérieuse qui sied pourtant très bien à la musique de Bezwering.
Servi par une production impeccable pour le genre (avec notamment une basse que l’on entend très bien), ce premier album de Bezwering marche sans grand surprise dans les pas d’un Wederganger qui au moment de conclure gardera tout de même notre préférence. Car si le savoir-faire est toujours là et que le groupe fait montre d’une personnalité bien marquée, il manque tout de même un petit quelque chose aux Néerlandais pour faire véritablement la différence. Aan De Wormen Overgeleverd n’est cependant pas un mauvais album, bien au contraire. D’ailleurs on ne boudera pas notre plaisir à son écoute. Le souci, qu’on le veuille ou non, est qu’on ne pourra s’empêcher de le comparer à l’excellent [Halfvergaan Ontwaakt et qu’à ce petit jeu là, Aan De Wormen Overgeleverd se situe tout de même un poil en dessous...
| AxGxB 2 Juillet 2020 - 963 lectures |
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