Lord Valtgryftåke - Buried Under The Carved Runes
Chronique
Lord Valtgryftåke Buried Under The Carved Runes
Non, je n’ai pas encore fini de vous bassiner les oreilles avec Carlos Andrés et ses innombrables projets avec lesquels il enchaîne les sorties à un rythme absolument intenable. Après les récentes chroniques de Grymmstalt (Anthems Of Mournful Despondency) et Ründgard (Ulvmonddomānen), on va donc aujourd’hui s’intéresser à Lord Valtgryftåke qui, vous l’aurez compris, n’est désormais plus qu’un simple patronyme derrière lequel opère le Chilien mais également le nom d’une nouvelle entité apparue l’année dernière.
Après une première démo cassette sortie évidemment sous la bannière de Mahamvantara Arts Records, le one-man band n’a pas tardé à poursuivre l’aventure avec la sortie quelques mois plus tard de son premier album intitulé Buried Under The Carved Runes. Une sortie opérée comme souvent sous les couleurs du label lithuanien Inferna Profundus Records. D’ailleurs, si le Sud-Américain a réussi à tenir des délais aussi serrés (moins de six mois entre la sortie de cette démo et celle de l’album) c’est tout simplement parce que l’on retrouve l’intégralité des titres de Renaissance From A Bitter Twilight sur ce premier longue-durée affiché à plus de trente-huit minutes. Un disque dont l’artwork sans équivoque ne laisse planer une fois encore aucun doute quant aux intentions malveillantes de Carlos Andrés avec Lord Valtgryftåke.
Entièrement dévoué à la pratique de cet art noir qu’est le Black Metal, Carlos Andrés tente à travers la multiplicité de ses projets de varier les plaisirs et d’explorer d’autres horizons tout en restant néanmoins fidèle à certains idéaux stylistiques. Certains auditeurs y verront probablement toujours la même rengaine, surtout avec ces productions à coucher dehors pouvant vite se révéler insurmontables, mais le fait est que d’une entité à une autre le Sud-Américain parvient pourtant à ne pas (trop) se répéter.
Pourtant sur la forme, on ne peut pas dire que Lord Valtgryftåke soit particulièrement différent des autres projets portés par le Chilien. Ce premier album est en effet marqué par une approche toujours aussi rudimentaire que ce soit à travers cette production rachitique et lointaine qui donne toujours le sentiment d’être face à une démo tout droit sortie des années 90 que dans l’exécution de ces onze compositions à la fois décharnées, un brin répétitives et surtout pas bien compliquées.
Sur le fond, par contre, les différences s’avèrent à l’inverse un poil plus perceptibles. Ainsi, contrairement à Grymmstalt et Ründgard qui tous les deux exploraient des sonorités largement plus atmosphériques et hypnotiques, Lord Valtgryftåke (le musicien) porte cette fois-ci son dévolu sur un Black / Punk souvent bien plus dynamique et foutraque. Bien évidemment, on trouve tout de même quelques contre-exemples comme ces deux interludes que sont "Opferblut I" et "Opferblut II" ou bien encore ce "Black Light Of The Adversary" qui traine la patte et qui en jouant sur d’autres registres que ce soit en terme de rythmes et d’ambiances permettent comme toujours d’insuffler un soupçon de variété et de relief à l’ensemble mais pour le reste ce premier album est effectivement marqué par de nombreuses cavalcades.
Des cavalcades simples comme bonjour menées essentiellement à coups de tchouka-tchouka (même si on trouve cependant quelques séquences un poil plus soutenues comme sur "Centuries Of Glorious Wisdom" à 2:27 ou sur "Throne Of Belial") et de riffs primitifs au caractère extrêmement répétitifs. En effet, le Chilien n’a une fois de plus rien inventé ici et sa pratique pour le moins archaïque de ses instruments rend la sauce très dépouillée et même un brin rébarbative (je mets ma main à couper que ce charley risque de taper sur le système de quelques-uns d’entre vous). Est-ce là un défaut ? Probablement pour certain mais étant donné la durée relativement contenue de chaque composition (entre trois et cinq minutes) on ne peut pas dire que l’on soit véritablement gêné par ce parti-pris. D’un point de vue dynamique, le Black Metal de Lord Valtgryftåke se montre ainsi tout ce qu’il y a de plus entrainant alors que côté riff le Chilien propose comme à l’accoutumé une formule certes convenue mais qui jamais ne manque d’efficacité et de caractère.
Si Lord Valtgryftåke n’est pas le projet le plus ambitieux qu’ai porté Carlos Andrés, celui-ci n’en reste pas moins encore une fois de très bonne facture pour qui apprécie ce genre de Black Metal à la fibre Punk évidente. Eh non, ce n’est bien évidemment pas avec ce premier album que le Chilien fera date dans l’histoire mais les amateurs de ce genre de groupes poussiéreux et mal produits sauront pourtant apprécier une fois de plus le caractère rudimentaire, entêtant et hanté de ces compositions effectivement toujours très simples mais également très efficaces. Bref, malgré le nombre de formations dans lesquelles il est aujourd’hui impliqué, le Sud-Américain réussi encore à convaincre sans jamais donner l’impression de radoter ou, pire, de manquer son but. Ce sera peut-être le cas avec le nouvel album de Gryftigæn qui semble vouloir s’aventurer vers d’autres horizons que ses deux prédécesseurs que j’avais beaucoup aimé mais cela fera l’objet d’une nouvelle chronique.
| AxGxB 6 Juillet 2023 - 742 lectures |
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