Inquisition - Veneration of Medieval Mysticism and Cosmological Violence
Chronique
Inquisition Veneration of Medieval Mysticism and Cosmological Violence
Tu sais, si tu me lis parfois, combien j’aime Inquisition. Très rare groupe à tutoyer les sommets à chaque disque, il est de ceux qui ne faillissent quasiment jamais. Et même si j’accuse une assez nette préférence pour les premiers albums, de Into the Infernal Regions à Nefarious Dismal Orations, la suite ne m’a jamais vraiment déçu, le niveau ne fléchissant jamais.
Le style du groupe, très atypique, forgé au feu d’un BM ultra typé, délivré par un binôme créatif et inventif, est reconnaissable entre mille. Au sommet de la hiérarchie, il n’a pas vraiment de prédateurs connus, qu’il partage avec d’autres sommités du genre.
Veneration of Medieval Mysticism and Cosmological Violence, le dernier venu, me paraît pourtant assez sensiblement changer de braquet. J’irais presque à dire, de style. Pas au sens strictement musical – c’est toujours du BM que tu entendras ici – mais de ton. D’atmosphère. Et c’est sublime.
Si l’on retrouve cette batterie épileptique qui dresse le mur du son typique du combo, comme ces petites digressions à la guitare, égrenées de-ci de-là (Witchcraft Within a Gothic Tomb et ses petits lead entêtants), la production s’est globalement assagie, devenant moins étouffante, plus claire, plus lumineuse. En deux mots, moins occulte. Les arrangements, notamment sur la guitare de Dagon, sont nombreux : les leads dont nous parlions sont parsemés sur les structures et lui apportent des respirations constantes, qui brisent parfois un peu la dynamique (Witchcraft Within a Gothic Tomb) tant ils sont lumineux, presque prog’ par endroits (le beau solo sur Crown of Light and Constellations, Memories Within an Empty Castle in Ruins et son départ solaire). Si la qualité des compos efface souvent cet écueil, le sentiment d’écouter parfois des titres plus rock tranche avec l’agression qui se dégage de certains morceaux (Crown of Light and Constellations et sa voix moyenne, Force of Death Is the Force of Life et ses accents Immortal époque Battles in the North…).
Pour autant, la science de composition du groupe l’emporte largement. Le mid-tempo met très bien en valeur la richesse des morceaux et les soli enjolivent le tout d’une aura aérienne et mystique, certes moins sombre, du meilleur effet. Les arpèges étirés, caractéristiques du combo, sont toujours très présents et se marient parfaitement avec les accélérations brutales et les breaks dévastateurs (A Hidden Ceremony of Blood and Flesh, Memories Within an Empty Castle in Ruins ; Veneration of Medieval Mysticism and Cosmological Violence). De nouveau, ces morceaux sont empreints d’une lumière véritable, qui ne perçait pas autant sur les albums précédents, à l’exception peut-être de Black Mass, qui annonçait cette suite. Ainsi, quasiment à mi-parcours, Primordial Philosophy and Pure Spirit créé une rupture, qui synthétise la première partie de l’album (batterie en arrière-plan, comme un mur, soli entêtants et digressions guitaristiques planantes, ultra aériennes, ambiance lumineuse et solaire) en ouvrant sur la seconde, plus dissonante, plus occulte pour le coup mais également ultra mélodique. Ainsi, Infinity is the Aeon of Satan est plus brut, plus direct, qui ne renie pas non plus les magnifiques soli, plus souterrains cependant ; Pathway of Light Is a Pathway to Fire, instrumental, annonce davantage l’angoisse et l’introspection quand Light of My Dark Essence démarre sur un rythme enlevé, gonflé par des mélodies sublimes fondues dans la masse mais qui évoque plutôt la désolation, la tristesse que l’espoir. L’atmosphère qui se dégage de ce dernier titre est absolument remarquable, un vent de nostalgie soufflant littéralement sur la structure. Les arrangements sont riches, sans être jamais écœurants.
La dernière partie de l’album varie encore, le rythme s’accélérant nettement pour revenir à ces choses plus connues, issues des premiers albums. La batterie d’Incubus retrouve sa puissance maximale et la voix de Dagon, ses variations déviantes (Secrets from the Wizard Forest of Forbidden Knowledge ; Sorcery Through Crystal Eyes in Search of the Devil) mais sans que jamais les leads ne disparaissent de la structure, comme autant d’éclairs perçant les nuages, de traits solaires traversant les nuages. Les mélodies poursuivent leur œuvre, plus hypnotiques que jamais, revenant en boucle comme un thème récurrent (Secrets from the Wizard Forest of Forbidden Knowledge ; Sorcery Through Crystal Eyes in Search of the Devil encore) qui happe l’auditeur, comme certains aspects plus solennels (Lord of Absolute Darkness and Infinite Light).
Ce nouvel album est une réussite. Très varié, axé sur des ambiances plus lumineuses et solaires qu’à l’accoutumée, bourré de mélodies majestueuses, Veneration of Medieval Mysticism and Cosmological Violence est un patchwork ultra cohérent et immersif, d’une qualité majuscule.
| Raziel 11 Mai 2024 - 1742 lectures |
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