Antimateria - Valo Aikojen Takaa
Chronique
Antimateria Valo Aikojen Takaa
La Finlande, vivier inépuisable de groupes de Black Metal depuis déjà plusieurs années, continue d’offrir aux amateurs sachant où chercher de quoi nourrir leurs besoins de nouveautés et d’excellence en matière d’art noir. Si l’album dont on va parler aujourd’hui n’est pas de toute première fraîcheur (septembre 2016), il reste à mon sens l’une des plus belles sorties de ces dernières années en matière de Black Metal atmosphérique et donc par la force des choses un disque indispensable pour qui goûte à ce genre de musique sombre, mélodique et envoûtante.
Baptisé Antimateria, le groupe voit le jour en 2013 à la seule initiative d’Ahma aujourd’hui encore seul maître à bord. A priori, il s’agit de son premier véritable projet puisque le bonhomme n’est référencé nulle part ailleurs sur Metal Archives. Aussi, après quelques années passé à mûrir ses compositions dans le plus grand des secrets, le Finlandais sort à l’automne 2016 sur le label allemand Purity Through Fire (Azelisassath, Bekëth Nexëhmü, Bergrizen, Gnipahålan, Riivaus...) son premier album intitulé Valo Aikojen Takaa.
A la vue de cet artwork sans équivoque, il ne fera aucun doute pour personne qu’Antimateria navigue dans les eaux obscures d’un Black Metal typiquement finlandais. Certes, cette photo en noir et blanc sur laquelle Ahma apparaît les pieds dans la neige, le visage grimé et encapuchonné, n’a rien de très d’original mais l’avantage c’est que l’on sait où l’on met les pieds. Et puis en ce qui me concerne j’ai toujours eu un faible pour ce genre de cliché évoquant autant la beauté brute de cette nature scandinave que cette espèce de sombre misanthropie si cher au Black Metal.
Pourtant, derrière ces atours des plus familiers, Valo Aikojen Takaa s’impose très vite comme un album quelque peu en marge de ce que la scène finlandaise à l’habitude de nous servir. Bien entendu les fondations restent les mêmes, de cette production relativement sommaire à ces riffs simples et décharnés en passant par ce chant dépouillé et bardé de réverb’ scandé en finnois mais rapidement les singularités d’Antimateria apparaissent. Tout d’abord il y a ce rythme lancinant sur lequel est construit une grande partie de l’album. Une succession de séquences mid-tempo entrecoupées par quelques passages un peu plus soutenus où les choses s’accélèrent subtilement sans jamais faire trop de vague. Un choix judicieux qui ne tranche pas franchement avec l’atmosphère contemplative dans laquelle baigne Valo Aikojen Takaa mais qui permet néanmoins d’apporter de temps à autre du relief et du dynamisme à l’ensemble ("Sieltä Mistä Valokaan Ei Milloinkaan Karkaa", "Tieni Kohti Lopullista Tuhoa" à 5:14, "Roihuten Läpi Yötaivaan" à 4:05, la première moitié entraînante de "Kun Aukeaa Mysteerit Kuoleman", "Kadoten Merien Hautaan" à 4:11 ainsi que la première partie de "Valo Aikojen Takaa").
Mais ce qui fait surtout le charme et la personnalité de ce premier album ce sont les mélodies célestes proposées par Ahma. Loin de ces atmosphères souterraines, occultes et malveillantes propres à une grande partie de la scène finlandaise, Antimateria joue la carte d’une musique onirique où l’auditeur peut se laisser aller à voyager, la tête perdue dans cette mystérieuse et saisissante immensité qu’est l’espace. Ce riche travail mélodique passe par l’utilisation d’un clavier aux sonorités parfois étonnantes comme sur l’excellent "Sieltä Mistä Valokaan Ei Milloinkaan Karkaa" ou les premières secondes de "Valo Aikojen Takaa" avec ces notes naïves et tout en rondeur qui rappellent ce que l’on peut trouver chez Mesarthim. Mais le plus souvent, Ahma use de ce clavier de manière plus orthodoxe, par nappes plus ou moins discrètes servant à accompagner/reprendre le travail fait sur les guitares ("Roihuten Läpi Yötaivaan" à 3:51, "Kun Aukeaa Mysteerit Kuoleman" à 4:58 et 7:24, les débuts de "Valo Aikojen Takaa" ainsi que sur le break à partir de 3:29). Un travail d’une très grande richesse où se superposent bien souvent plusieurs guitares dans des entrelacs subtils capables d’évoquer des images épiques et grandioses ("Sieltä Mistä Valokaan Ei Milloinkaan Karkaa" à 1:53, "Roihuten Läpi Yötaivaan" à 0:32, "Kun Aukeaa Mysteerit Kuoleman" à 2:08, "Kadoten Merien Hautaan" à 4:54, "Valo Aikojen Takaa" à 4:53). Le Finlandais va même jusqu’à poser quelques notes de guitare acoustique sur "Roihuten Läpi Yötaivaan" et "Valo Aikojen Takaa" comme pour feutrer encore un peu plus l’atmosphère déjà délicate d’un album plein de contrastes.
Très proche et en même temps très éloigné de ce que propose généralement la scène finlandaise, ce premier album d’Antimateria s’impose dès les premières écoutes comme une incroyable réussite et surtout un bol d’air frais auquel on espère voir une suite rapidement. Froid et agressif de part cette production rachitique et ces riffs abrasifs et paradoxalement terriblement envoûtant et magnétique de par ses mid-tempo lancinants, ses riffs entêtants et bien entendu ses douces et enivrantes mélodies, Valo Aikojen Takaa est un album qui ne peut laisser indifférent. Ahma a su tirer parti de ses origines pour proposer un Black Metal marqué par une certaine tradition et en même complètement à part dans le paysage actuel (bien qu’on puisse évidemment tracer quelques parallèles entre les thèmes aborder ou encore quelques sonorités similaires). Passé relativement inaperçu, ce premier album devrait susciter en toute vraisemblance un vif intérêt parmi les amateurs de Black Metal atmosphérique. Hautement recommandé.
| AxGxB 22 Juin 2018 - 1795 lectures |
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