Black Sorcery - Deciphering Torment Through Malediction
Chronique
Black Sorcery Deciphering Torment Through Malediction
Considéré souvent comme étant un paradis fiscal le petit état de Rhode Island est aussi en train de devenir un terrain fécond en matière de Metal extrême, vu qu’après les vindicatifs I, DESTROYER c’est au tour des furieux de BLACK SORCERY (où l’on retrouve d’ailleurs le même batteur sur ces deux entités) de venir titiller nos oreilles bien encrassées et habituées à la violence et la radicalité. Formé à Providence en 2020 le quatuor composé d’habitués de l’underground local livre ici un premier opus de pur Black typiquement occulte et misanthropique, où l’autodestruction et la sorcellerie rôdent en permanence dans les parages. Du coup même si tout cela sent le réchauffé et le prévisible à des kilomètres à la ronde on ne va pas en tenir rigueur au combo, car il réussit à totalement nous captiver sans lasser ni y perdre en attractivité sur la longueur. Tout cela en offrant en prime un voyage plaisant et rafraîchissant dans les années 90 entre morceaux authentiques joués au cordeau et une production très brute et abrasive, qui renforcent ce sentiment malsain et diabolique d’où émerge une voix écorchée typiquement malfaisante.
Et si la fureur est absente de l’introduction (via des douces notes acoustiques du plus bel effet) c’est pour mieux prendre à revers l’auditoire dès les premières notes du varié et impeccable « Gasping For Light Under A Petrine Cross », aux accents tribaux prononcés et qui s’effacent ensuite pour laisser place à une explosion de violence et de vitesse où le dynamisme reste permanent. Si tout cela est d’un classicisme absolu le rendu est hyper efficace et fait parfaitement le boulot sans chercher à révolutionner quoi que ce soit, vu que tout aussi sent la sincérité et l’authenticité à un certain esprit originel qui a tendance à disparaître, malgré la volonté de certains de la maintenir en vie ce dont personne ne se plaindra. Si le tout donne l’impression légitime d’avoir été proposé à de nombreuses reprises dans un passé plus ou moins lointain l’attractivité ne faiblit jamais, et ce malgré des plages étirées parfois de manière un peu exagérée qui finissent par casser légèrement le bon ressenti général, comme on s’en apercevra durant la seconde partie de cet album. En attendant tout cela part de la meilleure des façons et après ce premier titre fort réussi l’épique et remuant « Final Meditations Of Despari » va confirmer toutes ces bonnes dispositions, tant ici on a droit à un ensemble impeccable de panels rythmiques agrémentés de légers accents mélodiques, qui amènent ainsi une froideur et blancheur bienvenue au milieu des ténèbres à la noirceur impénétrable. D’ailleurs histoire de confirmer que cette formule leur sied à ravir les musiciens nous pondent dans la foulée la suite logique de cette compo via « Erinyes Slough », guerrier à souhait et où le tabassage se mélange à des accents mid-tempo entraînants avec une dose d’ambiance rampante, comme montrer une fois encore que les gars sont aussi efficaces à ralentissant l’allure qu’en jouant de façon débridée et virile.
Tout cela va apparaître de façon plus concrète et maîtrisée sur les imparables « Gomorran Virtue » et « Sordid Rote » qui laissent le temps aux différents plans instrumentaux de prendre possession des lieux et des âmes, et ce quel que soit la vitesse employée. Sans chichis ni excès sonores et techniques tout cela passe facilement et pénètre habilement l’esprit de ce qui l’écoute qui est emporté très loin dans les tourments intérieurs, même s’il faut bien reconnaître que tout cela a du mal à se finir correctement... et de fait donne la sensation de se répéter inutilement. Car il faut bien avouer que malgré des qualités évidentes tout cela finit indubitablement par se montrer interchangeable et redondant, à l’instar de « Heinous Rites » pas mauvais en soi mais qui ressemble trop à ce qu’on a déjà entendu, heureusement que la conclusion épique et remuante (« Seven Veils ») particulièrement entraînante va permettre de retrouver un second souffle à un enregistrement qui se termine de très bonne façon, et qui globalement se montre très agréable malgré ses petites faiblesses et imperfections. Si évidemment tout cela ne marquera pas l’année de son empreinte il y’a quand même de quoi passer un bon moment en compagnie de ce premier jet fort sympathique qui s’écoutera rapidement et facilement, et ce bien que ça soit cantonné à de la pure deuxième division du genre. Pas de quoi en tout cas faire l’impasse sur ce long-format qui dévoile un potentiel intéressant, vu qu’on sent que les gars en ont gardé sous le coude pour une prochaine livraison... qui sera sans doute encore meilleure et plus affûtée que ce « Deciphering Torment Through Malediction », qui les montre comme en étant une entité à suivre dans le Metal noir de l’autre côté de l’Atlantique et dont on guettera le successeur avec intérêt.
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