Stahlsarg - Suicide Of God
Chronique
Stahlsarg Suicide Of God (EP)
Second couteau de la scène Black d’outre-Manche le combo du Suffolk reste cependant motivé et continue d’exister, malgré un manque criant d’intérêt et une musique trop générique (bien qu’elle possède des qualités) pour marquer durablement les esprits. S’il s’était fait remarquer en 2017 avec le sympathique
« Mechanisms Of Misanthropy » il n’avait depuis plus donné signe de vie, au point de se faire carrément oublier et de disparaître dans les abîmes de l’underground local. Il faut dire qu’autour du guitariste Krieg (et dernier membre originel encore présent) les choses ont énormément évolué - vu que l’intégralité du line-up a été renouvelé depuis la sortie de cet opus, et du coup renforcé par cette nouvelle équipe à ses côtés celui-ci a décidé de retourner rapidement en studio pour y mettre en boîte trois nouveaux morceaux, et prouver ainsi que la formation est bel et bien de retour aux affaires et surtout plus inspirée qu’avec ses anciens membres.
Car c’est clairement ce dernier point qui va exploser au grand jour durant quasiment les vingt minutes que dure cet Ep, tant le renouvellement des troupes semble avoir été bénéfique et va donner ainsi un second souffle à une musique qui si elle va rester très classique dans son exécution comme son écriture va être nettement plus inspirée et accrocheuse sur la durée. Si les choses vont débuter de façon très convenue sur « Suicide Of God » on sent cependant que le quintet en a gardé sous la semelle, même si pour l’instant on a droit à un grand-écart basique entre blasts dévastateurs et passages lents rampants au possible à l’ambiance autant brumeuse que glaciale. N’ayant rien d’exceptionnel au final (ça reste très balisé et prévisible bien qu’accrocheur) cette première plage livre néanmoins des éléments pour la suite avec notamment cette production opaque qui renvoie aux années 90, et surtout on a l’impression (confirmée par la suite) que cet enregistrement va gagner en densité et force de frappe au fur et à mesure que l’on avance vers sa conclusion. En effet dès les premières secondes de « Golems » c’est un retour dans le passé qui est mis en avant, tant l’ambiance neigeuse et cette vitesse en semi-blasts particulièrement froide et obscure transperce l’espace immédiat, et ce même quand l’allure ralentit et qu’ainsi tout se fait plus sombre et impénétrable. Entraînant et presque épique sur certains passages le rendu y est d’une grande efficacité et surtout hyper agréable à écouter, tant on est happé par ce vent et ces flocons constants où le blanc, le gris et le noir se mélangent habilement et avec facilité.
On voit donc là qu’on est monté d’un échelon du côté de l’attractivité et cette dernière va atteindre son paroxysme sur la longue pièce-maîtresse intitulée « Darkness, My Accomplice », qui va nous balancer à la figure tout le panel technique de ses créateurs. Montant en pression constamment (et dévoilant au départ de longs arpèges coupants - jouant dans le néant sur fond de coups de toms d’obédience tribales) jusqu’à totalement exploser, et offrir donc un récital de parties martiales et guerrières menées à toute allure (sans pour autant oublier de ralentir quand il le faut), cette conclusion offre toute la palette de jeu des Britanniques qui se font plaisir et qui sans sortir des sentiers battus prouvent qu’ils ont les moyens de hausser leur niveau de jeu. A eux de le reproduire désormais de façon plus fréquente s’ils veulent se faire un nom plus reconnu et sortir de la confidentialité où ils se trouvent depuis leurs débuts, tant on sent qu’il y’a de belles promesses à confirmer dans l’avenir. Sympathique et agréable avec une vraie envie d’en découdre (et sans jamais trop en faire) cette galette semble vouloir démontrer le début d’une nouvelle ère pour le groupe plutôt prometteuse, à voir maintenant ce que cela donnera sur le prochain album même si pour l’instant cette mise en bouche bien digeste a de quoi satisfaire le plus grand nombre de fans du style qui s’y retrouveront facilement tant ça suinte la sincérité et l’authenticité… bien loin des poncifs pompeux et prétentieux de nombre d’entités à l’heure actuelle.
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