Deadguy - Work Ethic
Chronique
Deadguy Work Ethic (EP)
Enregistré en septembre 1994, quelques mois seulement après la sortie de Whitemeat qui lui aussi devrait faire l’objet dans les prochaines semaines d’une nouvelle chronique, Work Ethic (dont on soulignera l'illustration pour le moins sympathique) est donc le second EP des Américains de Deadguy. Une sortie peut-être pas aussi essentielle que l’incontournable Fixation On A Co-Worker mais qui en son temps a tout de même permis de mettre la formation originaire du New-Jersey sur les radars des amateurs de Hardcore ouvert à la dissonance et au chaos parfaitement ordonné.
Paru sur une petite structure du nom d’Engine (The New Bomb Turks, Guided By Voices, Dish...) fondée par Bill Wilson en parallèle de ses activités au sein de Blackout! Records (Outburst, Sheer Terror, Breakdown, Eye For An Eye, The Icemen, Killing Time...) qui en assurera d’ailleurs plus tard les quelques rééditions, Work Ethic est marqué par l’arrivée d’un second guitariste en la personne de Keith Huckins (ex-Rorschach, futur (ex) Kiss It Gooodbye). Une embauche de choix puisque ce dernier était déjà réputé à l’époque pour son riffing nerveux et inventif mêlant influences Punk / Hardcore / Thrash. Un riffing qui influencera tous ces groupes de Metal / Hardcore chaotiques des années 90 et 2000 (de Converge à Botch en passant par Coalesce, Cave In, The Dillinger Escape Plan, Drowning Man, Non Compos et tant d’autres encore).
Paru dans un premier temps sous la forme d’un simple 7", Work Ethic comptait à sa sortie trois morceaux seulement avant que ne lui soient ajoutés dès l’année suivante ceux de Whitemeat. Trois compositions enregistrées déjà à l’époque par Steve Evetts dont une qui trouvera en 1995 le chemin de Fixation On A Co-Worker (« Apparatus »). Aussi la production de ce second EP est encore aujourd’hui tout à fait d’actualité et ne souffre pas vraiment du poids des années même si une oreille avertie aura probablement vite fait de mettre le doigt sur le fait que ce EP ne date effectivement pas d’hier ni même de ces dernières années.
Bouclé en un petit peu plus de sept minutes, Work Ethic se concentre évidemment sur l’essentiel à travers une formule déjà en tout point identique à celle de son plus généreux successeur. Deadguy va ainsi nous offrir ici un habile mélange de Hardcore, de Metal et de Noise déjà particulièrement bien en place et naturellement marqué par le jeu nerveux, chaotique et dissonant d’un Keith Huckins qui n’aura pas mis bien longtemps à trouver sa place et à "imposer" sa patte sur la musique de la jeune formation. Et si chacun des trois titres proposés est effectivement très court (entre deux et trois minutes, pas une seconde de plus), c’est justement pour accentuer la nervosité de cette musique qui, même si elle brille en effet de ces riffs tendus, n’en doit pas moins à sa section rythmique particulièrement convaincante (entre cette batterie aux frappes particulièrement raides et sèches et cette basse saturée et vrombissante, il y a en effet largement de quoi se régaler) et aux hurlements rageurs d’un Tim Singer très en voix.
Comme sur son premier album à paraître quelques mois plus tard, les trois titres présents sur Work Ethic se montrent également relativement variés en faisant se succéder quelques brefs passages plus ou moins rapides et chaotiques (les premières mesures de "Running With Scissors", "Apparatus" et "Puny Human") à tout un tas d’autres moments beaucoup plus en tension ("Running With Scissors" à 0:23, "Apparatus" à 0:32, "Puny Human" à 0:24) lors desquels les instruments vont se raidir, les riffs vriller et chalouper et les structures se faire et se défaire...
Deuxième mise en bouche toujours aussi courte, Work Ethic n’a eu aucun mal à convaincre à l’époque de sa sortie grâce à ces compositions abrasives, nerveuses et chaotiques faisant évidemment largement écho à celles d’un certain Rorschach dont Deadguy s’inspire assez largement (en plus d’avoir récupéré l’un de ses plus talentueux guitaristes). Évidemment, le format court de ce disque (un petit peu plus de sept minutes) et sa distribution relativement limitée (Engine et Blackout! Records n’ont jamais eu la même envergure que Victory Records) n’ont pas aidé à l’époque à faire circuler le nom des Américains dans les milieux disposés à le recevoir mais peu importe, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Si vous avez donc découvert Deadguy récemment grâce à ma chronique de l’excellent et incontournable Fixation On A Co-Worker, je vous invite à poursuivre avec Work Ethic, court EP tout aussi recommandable malgré sa durée et la présence d’un "Apparatus" proposé ici dans une version légèrement différente (notamment en matière de production). Bref, j'arrête d'insister (en tout cas pour le moment) mais si vous êtes amateurs de Hardcore chaotique, Deadguy mérite toute votre attention.
| AxGxB 7 Mars 2025 - 261 lectures |
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