Paru quelques mois seulement avant
Work Ethic,
Whitemeat est la toute première sortie officielle des Américains de Deadguy. Un petit bout de PVC mesurant 17,78 centimètres de diamètre et pressé à cinq cent exemplaires par Dada Records et Popgun Records, deux petits labels indépendants dont personne ne se souvient aujourd’hui même si ce dernier, vraisemblablement toujours en activité, doit avoir de près ou de loin un lien de parenté avec au moins l’un des membres du groupe.
Évoluant à l’époque sous la forme d’un quatuor, Deadguy lors de ses premiers tours de roues n’est pas encore tout à fait l’entité que l’on connait aujourd’hui. L’absence de l’ancien guitariste de Rorschach, monsieur Keith Huckins, qui arrivera peu de temps après ne peut évidemment être occultée mais ce n’est pas tout puisque comparé à l’excellent
Fixation On A Co-Worker qui sortira un an plus tard, on sent tout de même à l’écoute de ce premier EP que le groupe manque encore un tout petit peu de maturité pour faire véritablement la différence (même si au regard de la note attribuée ici vous aurez déjà compris que l’essentiel était déjà là).
Produit par Steve Evetts au célèbre Trax East Recording Studio de South River dans le New Jersey,
Whitemeat se démarque d’emblée par une esthétique toute particulière (qui deviendra d’ailleurs très vite la marque de fabrique du groupe américain et de tout un tas d’autres formations qui lui emboîteront le pas) empruntant à l’univers des comics des années 30, 40 et 50 ainsi qu’à toutes ces campagnes de "propagandes" travaillistes, religieuses ou que sais-je de la même époque. Des illustrations évidemment détournées ou utilisées de manière sarcastique afin d’illustrer le propos de Deadguy et plus particulièrement de Tim Singer et de ses paroles déjà très acerbes…
Côté contenu et format 7’’ oblige, pas de quoi s’étouffer puisque ce sont seulement trois titres qui nous sont offerts sur ce premier EP parmi lesquels "The Extremist" que l’on retrouvera un petit peu plus tard sur le premier album des Américains. Aussi, à défaut de s’en mettre plein la panse, on ne manquera pas de s’enthousiasmer face à trois compositions d’excellente facture qui hormis quelques tournures peut-être un poil plus anecdotiques ("Druid" à 2:12 et "John Dear" à 0:59 puis aux alentours de 1:38 par exemple) attestent déjà de cette personnalité bien trempée qui fait encore aujourd’hui de Deadguy un groupe absolument incontournable en dépit du manque relatif de reconnaissance qui le caractérise au profit d’autres formations marchant pourtant dans ses pas. Ainsi de cette voix déjà particulièrement tendue et constamment au bord de la rupture à ces riffs nerveux et abrasifs qui vous lacèrent les tympans en passant par cette basse épaisse bien qu’un poil discrète, ces structures variées et chaotiques et ces quelques accélérations plus directes, Deadguy emboîte le pas d’un certain Rorschach dans la mise en place et le développement d’une approche nouvelle au sein d’une scène Hardcore qui de toute part commence à délaisser une partie de son cahier des charges initial afin de s’acoquiner avec de plus en plus de sonorités empruntées à droite et à gauche (le Thrash et le Metal pour certains, le Hip-Hop pour d’autres, la Noise également pour quelques-uns...).
Ici comme sur les quelques productions qui suivront, Deadguy prend le parti de proposer des morceaux relativement courts qui jamais ne s’éternisent. Compris entre deux et trois minutes (plus ou moins quelques secondes à chaque fois), ces derniers se concentrent ainsi sur l’essentiel en évitant le piège de séquences trop longues (autant dans l’attaque que lors des passages plus mesurés ou tarabiscotés) pouvant nuire, notamment avec ce genre de mélange pouvant manquer de musicalité, à l’efficacité même du propos. Bref, les Américains ont beau la jouer plus complexe que d’autres formations estampillées Hardcore bas du front, leur musique reste malgré tout très directe et finalement plus accessible qu’il n’y paraît de prime abord.
Du haut de ses sept minutes et n’ayant jamais été réédité depuis sa sortie il y a plus de trente ans (même si ses trois titres figurent en bonus des éditions CD de
Work Ethic),
Whitemeat ne s’est jamais imposé comme une sortie véritablement majeure et cela même parmi les amateurs de Deadguy. Il n’en reste pas moins un excellent EP mettant en avant suffisamment d’arguments pour espérer encore convaincre trente-et-un an plus tard. De cette production impeccable (même si quelques points trahissent tout de même son âge) à ces compositions déjà extrêmement solides en passant par cette efficacité de tous les instants, difficile de mettre en défaut ce
Whitemeat qui à l’instar de ses prédécesseurs mériterait bien une petite réédition afin de rappeler à qui de droit qu’il serait judicieux de lui apporter le crédit qu’il mérite.
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