Trash Talk - 119
Chronique
Trash Talk 119
Si vous suivez un peu l'actualité de la scène Hardcore, vous ne pouvez pas être passé à côté de la déferlante Trash Talk. Ce groupe Californien formé à Sacramento en 2005 est aujourd'hui parmi les plus actifs du circuit et surtout il bénéficie d'une réputation qui dépasse très largement le carcan de la scène Hardcore. En effet, aujourd'hui le nom de Trash Talk est sur presque toutes les lèvres, figure sur les couvertures des plus grands magazines de presse spécialisée ou non (Alternative Press, Pitchfork, Terrorizer, NME, Kerrang, The Guardian etc...), participe à bon nombre de festivals plus ou moins grand public (Soundwave Festival, Download Festival, Hevy Music Festival etc...). Bref, une certaine hype semble planer autour de Trash Talk et ce ne sont pas les quelques concerts parisiens à chaque fois blindés qui me feront dire le contraire. Après un EP intitulé Awake paru l'année dernière sur le label New-Yorkais True Panther Sounds, les californiens reviennent cette année avec leur quatrième album (si tant est que l'on puisse considérer Walking Disease et Trash Talk comme des albums). Intitulé 119, ce nouveau disque marque également la collaboration du groupe avec le label Odd Future plutôt spécialisé jusque là dans le Hip-Hop (Tyler, The Creator, Hogdy Beats, The Internet...).
Adepte des albums ultra-courts, Trash Talk réitère une fois de plus l'exercice avec ici quatorze titres pour seulement vingt deux minutes. Vingt-deux minutes d'un Hardcore crade et toujours ultra vénère. Un Hardcore à l'esprit résolument urbain comme l'illustre parfaitement cette pochette faite de collages. D'ailleurs Lee Spielman a dit ceci au sujet de l'album: Our neighborhood has definitely been a big influence on the record -- seeing the street-level shit that's going on around us. Mais si l'esprit demeure identique, Trash Talk semble toutefois faire machine arrière avec ce nouvel album. Un retour vers un Hardcore direct et sans ambages qui s'affranchit de ces nombreux changements de rythmes qu'on pouvait retrouver sur l'excellent Eyes & Nines. Trash Talk se concentre ici sur l'essentiel, balançant son Hardcore dans l'urgence la plus totale. Le groupe casse pourtant le rythme à de nombreuses occasions ("Blossom & Burn", "Reasons", "Apathy", "Thanks, But No Thanks", "Dogman") mais le reste de l'album s'enfile à toute allure, Trash Talk expédiant mandale sur mandale. Pas de chichi donc, les Californiens préférant produire une musique pleine de rage sur laquelle souffle un vent de contestation. Des paroles abrasives qu'illustrent parfaitement des titres comme "My Rules", "Uncivil Disobedience", "Fuck Nostalgia", "Bad Habits"... Une atmosphère électrique et vindicative parfaitement retranscrite grâce aux vocalises rugueuses et arrachées de Lee Spielman qui de temps en temps est épaulé par les cris plus graves du bassiste Spencer Pollard. Trash Talk continue ainsi son petit bonhomme de chemin sans grande prise de risque. On note quand même le très bon "Blossom & Burn" qui mélange Hip-Hop et Hardcore avec la participation de Tyler, The Creator et Hodgy Beats. Un titre sombre, qui sent la haine et les bas fonds de Californie. Un mélange froid et noir entre le chant éraillé de Spielman et les vocalises posées mais désabusées de Tyler, The Creator et Hodgy Beats. Bien vu.
Mais aussi efficace et expéditif soit-il, cet album souffre de quelques petits points négatifs. Personnellement, je trouve que dans l'ensemble les riffs sont moins mémorables que par le passé. S'ils sont pourtant concis et efficaces, ils n'ont pas la même portée que sur les précédentes sorties de Trash Talk. Rien de rédhibitoire mais cela se ressent tout de même. Idem, d'un point de vue rythmique je regrette un peu ces passages plus groovy que l'on pouvait trouver auparavant. Il y a bien les excellents "Reasons" et "For The Lesser Good" mais c'est un peu juste par rapport à ce dont on avait l'habitude avec Trash Talk.
En mode pilotage automatique, Trash Talk se contente avec 119 de faire le boulot. Certes celui-ci est plutôt bien fait et ce nouvel album se place sans trop de souci parmi les très bons albums du genre parus cette année. Mais connaissant le groupe, je trouve un peu dommage qu'ils aient décidé de se contenter du minimum syndical. Je regrette ainsi que les riffs ne soient pas plus mémorables et que Trash Talk se soit tourné vers une musique un peu plus générique. Ceci étant, ne boudons pas notre plaisir. Ces vingt deux minutes passent comme une lettre à la poste et insufflent suffisamment d'énergie pour se sentir gonflé à bloc de bon matin.
| AxGxB 28 Novembre 2012 - 2826 lectures |
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