À moins d’un heureux retournement de situation (ce qui d’ailleurs m’irait très bien), nous ne devrions plus avoir l’opportunité de voir les Américains de Gulch sur les planches. Une décision évidemment frustrante d’autant plus que leur venue européenne prévue cette année a malheureusement été annulée... Reste désormais à savoir si les Californiens choisiront de définitivement jeter l’éponge ou si l’on peut s’attendre à les voir poursuivre l’aventure à coups de nouvelles réalisations toujours aussi musclées ? En attendant de pouvoir répondre à cette question, on va s’intéresser en premier lieu aux débuts de l’un des groupes de Hardcore les plus excitants de ces dernières années.
Originaire de Santa Cruz, Gulch voit le jour en 2016 sous l’impulsion d’Elliott Morrow (chant), Cole Kakimoto (guitare), Tim Flegal (basse) et Sammy Ciaramitaro (batterie). Un line-up qui à l’époque n’en est pas tout à fait à ses premiers balbutiements puisque messieurs Morrow et Kakimoto évoluent depuis déjà deux ans au sein de Spinebreaker alors que leurs deux autres collègues (messieurs Flegal et Ciaramitaro) s’amusent avec d’autres chez Drain, jeune groupe de Thrash / Crossover dont je viens tout juste de vous parler. Sans tarder, les quatre garçons vont se mettre au travail et ainsi accoucher en 2017 d’une première démo intitulée
Demolition Of Human Construct à laquelle succèdera l’année suivante un EP baptisé
Burning Desire To Draw Last Breath. Deux sorties réunies sous la forme d’une compilation éditée en vinyle il y a trois ans par le label américain Creator-Destructor Records (Cartilage, Kruelty, Nite...).
Proposée de manière antéchronologique avec en premier lieu les six titres du EP
Burning Desire To Draw Last Breath, cette compilation en reprend également l’excellent artwork. On doit celui-ci à l’artiste et tatoueur canadien Boone Naka qui avec ses œuvres originales et atypiques aux forts accents tribaux va donner à Gulch une identité visuelle très marquée. Compilation oblige, on note également quelques petites différences de productions entre les titres de
Demolition Of Human Construct très abrasifs et ceux de
Burning Desire To Draw Last Breath qui bénéficient d’un son un petit peu plus rond et enveloppé. Bien sûr il n’y a là rien de rédhibitoire mais la différence n’en reste pas moins palpable.
Pour ce qui nous intéresse véritablement, sachez que Gulch propose un Hardcore particulièrement énervé qui par ses incursions en terres Grindcore (toutes ces (courtes) séquences qui blastent à la mitraille) et Death Metal (ces ralentissements bien lourdingues, cette production parpaing aux guitares rugueuses passées à la moulinette HM-2, ces quelques growls bien viriles), ses nombreux larcens, ses formats ultra-courts (une grande majorité de titres placés sous la barre des deux minutes) et son intensité de tous les instants va venir en quelque sorte marcher sur les plates-bandes de groupes tels que Nails, All Pigs Must Die, Trap Them et compagnie... Là encore, rien de bien nouveau de la part de ces jeunes californiens mais à vrai dire peu importe puisque comme toujours ce n’est pas ce qu’il faut retenir de ces dix-sept minutes particulièrement mouvementées. En effet, ce que l’on retiendra surtout de ces deux sorties ici réunies, c’est que l’on va en prendre plein la tronche pour finir à genoux la gueule en sang. Un enchainement de bourres-pifs nerveux et agressifs alternants rythmiques Punk ultra entrainantes et presque dansantes ("Flesh Pursuit" à 0:12, "Burning Desire To Draw Last Breath" à 0:23, "E.P.T.S" à 0:21...), passages plus sauvages et explosifs ("Burning Desire To Draw Last Breath" à 1:39, "R.S.A" à 1:18 et 1:52, les premiers instants de "Eco-Terror"...), petits moments de relâche ("Burning Desire To Draw Last Breath" à 1:49) et séquences au groove de bulldozer ("Flesh Pursuit" à 1:31, le début de "R.S.A", "E.P.T.S" à 1:16, "Gruel For The Beast" à 1:19...), le tout saupoudré d’un chant abrasif et saturé qui va participer à rendre cette formule extrêmement redoutable et efficace. Bref, Gulch n’est pas là pour plaisanter et ne se prive pas de nous le faire savoir tout au long de ce gros quart d’heure qui devrait normalement en faire transpirer plus d’un.
Je pourrais probablement continuer à broder autour de ces quelques compositions et de leur effet plus que bénéfique sur ma petite personne mais si à ce stade vous n’avez toujours pas compris de quoi il retourne et à quel point la formule proposée par Gulch s’avère tout à fait recommandable, je ne suis pas certain qu’un ou deux paragraphes supplémentaires puissent changer quoi que ce soit. Quoi qu’il en soit, à la manière d’un Drain, les Californiens proposent une musique hybride situé à la croisée des chemins, cette fois-ci entre Hardcore, Grindcore et Death Metal. Une recette ultra dynamique, intense et particulièrement variée qui n’a aucun mal à convaincre et à réjouir et que le groupe peaufinera sur son premier album paru en 2020 (l’excellent et tout aussi recommandable
Impenetrable Cerebral Fortress) et sur un split en compagnie de leurs copains de Sunami. De fait, cette compilation (d’ailleurs sur le point d’être épuisée à son tour), en plus de regrouper des titres d'excellente facture, est également une véritable aubaine puisqu’à ce jour ni l’une ni l’autre de ces deux sorties se trouvent encore disponibles où que ce soit. Si vous êtes donc du genre à encore acheter des disques en 2022 et que vous aimez ce que vous entendez ici, vous savez alors ce qu’il vous reste à faire...
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