Après deux EPs particulièrement corsés que vous pouvez d’ailleurs retrouver sur l’excellente compilation intitulée
Burning Desire To Draw Last Breath // Demolition Of Human Construct, les Américains de Gulch poursuivaient leurs pérégrinations en terrain hostile avec la parution en juillet 2020 de ce premier (et malheureusement dernier) album baptisé
Impenetrable Cerebral Fortress. Ayant suscité un certain enthousiasme avec ces deux sorties aussi modestes que redoutables (neuf titres pour dix-sept minutes au total), le groupe n’a eu bien évidemment aucun mal à trouver une structure à la mesure de cette réputation grandissante. C’est donc chez Closed Casket Activities (Harm’s Way, Disgrace, Twitching Tongues, Xibalba, God’s Hate, Incendiary, Vein...) que les Californiens ont trouvé refuge le temps de ce "longue-durée" qui n’en a effectivement que le nom.
Vous connaissez l’adage "on ne change pas une équipe qui gagne" ? Eh bien Gulch aussi puisqu’il est allé une fois de plus solliciter les talents de l’artiste canadien Boone Naka afin d’illustrer
Impenetrable Cerebral Fortress. Alors bien sûr on peut ne pas aimer le coup de pinceau du tatoueur de Vancouver mais il serait mal venu d’affirmer que celui-ci ne participe pas à construire une identité visuelle particulièrement forte grâce à ses œuvres à la fois naïves et paradoxalement très perturbantes. À titre personnel, j’aime beaucoup ce qu’il fait et celle de ce premier album est probablement ma préférée des deux qu’il a réalisé pour Gulch.
Pour enregistrer, mixer et masteriser les quelques titres de ce premier album, Gulch est allé toquer à la porte de Jack Shirley (Deafheaven, Graf Orlock, Reversal Of Man, Touché Amoré, Wiegedood...). Celui-ci, en homme d’expérience avisé, a réalisé pour le groupe un travail fort à propos en lui offrant une production aux petits oignons avec notamment un son de caisse claire particulièrement saillant qui à chaque frappe vient vous mettre de petites claques derrière la tête. Les guitares rugueuses, la basse ultra-saturée et le chant arraché finissent de compléter cette mise au point technique qui s’impose sans mal comme l’un des premiers atouts de
Impenetrable Cerebral Fortress.
Avec seulement huit titres (dont une reprise de Siouxsie And The Banshees) pour une durée qui dépasse de peu le quart d’heure, cet unique album ne s’embarrasse une fois de plus d’aucune fioriture. Sans surprise, celui-ci s’inscrit dans le sillage des deux précédents EPs, Gulch nous renvoyant en effet dans les cordes avec son Hardcore particulièrement abrasif et viscéral. Une formule qui mélange avec toujours autant de succès Hardcore, Grindcore et Powerviolence pour un résultat décapant mais non dénué de groove.
Aussi, à l’exception de cette reprise de "Sin In My Heart" de plus de trois minutes qui ne s’excite que lors de ses trente dernières secondes,
Impenetrable Cerebral Fortress oscille une fois encore entre salves explosives menées à coup de blasts punitifs (les premières secondes de "Impenetrable Cerebral Fortress", "Self-Inflicted Mental Terror" à 1:16, "Lie, Deny, Sanctify" à 0:07, "Shallow Reflective Pools Of Guilt" à 0:53), accélérations à la fibre Punk / Hardcore évidente ("Impenetrable Cerebral Fortress" à 0:55, "Cries Of Pleasure, Heavenly Pain" à 0:40, "All Fall Down The Well" dès 0:15 et cela jusqu’à 1:12, "Shallow Reflective Pools Of Guilt" à 0:22) et vociférations arrachées et particulièrement douloureuses. Une combinaison pour le moins agressive dont transpire une urgence particulièrement palpable elle-même renforcée par ces nombreux larsens qui courent tout au long de ce petit quart d’heure particulièrement musclé.
A ces coups de boutoirs et autres démonstrations de force vont venir s’opposer tout un tas de moments au groove chaloupé et pour le moins irrésistible. Des instants taillés pour défoncer le mobilier du salon et mettre la tête au carré à vos malheureux voisins et autres proches se trouvant à portée de main. De "Impenetrable Cerebral Fortress" à 1:09 à l’introduction de "Self-Inflicted Mental Terror" en passant par "Lie, Deny, Sanctify" à 1:05, "Fucking Towards Salvation" à 1:30 ou "Shallow Reflective Pools Of Guilt" à 0:59, il y en effet de quoi faire pour faire un petit peu d’exercice quotidien et transpirer à grosses goûtes.
S’il ne réserve effectivement aucune surprise si ce n’est peut-être cette reprise de Siouxsie And The Banshees que l’on n’attendait pas forcément ici mais à laquelle Gulch a su donner un petit coup de fouet sans pour autant trahir la version originale,
Impenetrable Cerebral Fortress s’impose sans mal comme « l’album » que l’on pouvait attendre après deux EPs particulièrement sauvages et destructeurs. Rien de bien nouveau dans tout ce bazar mais la hargne et l’agressivité dont font preuve les Californiens associés à cette urgence, ce groove et cette nature pour le moins concise rendent le tout particulièrement convaincant et addictif. Bref,
Impenetrable Cerebral Fortress s’impose comme un défouloir extrêmement efficace qu’on n’hésitera pas à se caler dans l’oreille à la moindre opportunité.
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