Gammacide - Victims Of Science
Chronique
Gammacide Victims Of Science
Gammacide est un groupe Texan fondé entre Dallas et Fort Worth en 1986 par Rick Perry (guitare) et Eric Roy (basse). Le groupe, né des cendres de Warlock, suit alors un parcours tout ce qu’il y a de plus classique, recrutant son personnel manquant (Jamey Milford derrière les fûts et Varnam Ponville au chant) au sein de la communauté Metal locale, enchainant les dates dans tous les clubs de la ville et répétant les week-ends au fond d’un garage sentant la sueur, la bière et l’huile de moteur.
Quelques mois plus tard, Gammacide entre en studio avec Jerry Abbott, père de Vince et Darrell Abbott (Pantera) pour débuter l’enregistrement de sa première démo tape. Le groupe rencontre alors un certain succès (toujours à l’échelle locale) et continue sur sa lancée avant de décider qu’un seul guitariste n’était pas suffisant. Scott Shelby fait ainsi son entrée au sein de Gammacide en novembre 1988. Quelques mois plus tard le groupe est contacté par le jeune label Californien Wild Rags et sortira à l’été 1989 son premier et malheureusement unique album à ce jour, l’excellent Victims Of Science bien connu des amateurs de Thrash.
Depuis longtemps épuisé, Victims Of Science a été réédité une première fois en 2005 par Gamma Records mais également en 2006 par Marquee Records. En plus des neuf titres présents sur la version originale on y trouve en guise de bonus une démo inédite parue en 1991 à titre promotionnel ainsi que deux titres beaucoup plus récents ("Against The Grain" et "Vapor Lock") puisqu’enregistrés par Gammacide à l’occasion de la première réédition de 2005. De quoi rendre ces rééditions particulièrement attractives si celles-ci étaient encore disponibles. Foutu timing…
Arrivé un peu avant l’avènement du Death Metal (synonyme également d’un certain désintérêt pour le Thrash), ce premier album est malgré tout passé plus ou moins inaperçu notamment de ce côté-ci de l’Atlantique. Une honte à l’écoute de ces titres particulièrement bien ficelés même si Gammacide n’est pas ce que l’on peut appeler un groupe particulièrement original ou novateur. Non, c’est même plutôt le contraire puisque les Texans s’inspirent ouvertement de leurs ainés et des codes déjà en vigueur dans la scène Thrash de l’époque. Aussi, ne vous attendez pas à être particulièrement surpris à l’écoute de ce Victims Of Science qui, plus de vingt ans après sa sortie, donne finalement une excellente image de ce qu’était le Thrash à la fin des années 80. Pied au plancher, tête baissée, le groupe va ici droit au but grâce à des titres up tempo oscillants en moyenne entre trois et quatre minutes. Pas de fioriture, une ligne de conduite exemplaire, un groove imparable mais surtout un sens du riff à vous arracher les cheveux. La paire Rick Perry/Scott Shelby fait ici un travail remarquable, proposant des leads et des soli de grande qualité qui n’auraient absolument pas fait tâche sur un album de Slayer ou d’Exodus. Des soli souvent très courts venant renforcer le côté hyper incisif de Gammacide. Chaque titre est aussi l’occasion d’un ou plusieurs riffs assassins qui vous hérisseront le poils et ne quitteront plus jamais votre cortex ("Endangered Species" à 0 :40, "Fossilized" à 1 :20, "Shock Treatment" à 0 :17, "Victims Of Science" à 0 :05, "Gutter Rats" à 1 :20…). Bref, une certaine maîtrise du manche absolument nécessaire à tout album de Thrash qui se respecte.
L’autre atout majeur de ce disque est assurément son dynamisme notamment grâce à une batterie volontaire et plutôt tout terrain. Jamey Milford excelle lui aussi dans son domaine grâce à un jeu varié allant d’un tchouka-tchouka basique mais terriblement entrainant à des passages davantage soutenus (double pédale ici et là et même des semi-blasts ! - sur "Gutter Rats" notamment) en passant par des breaks redoutables pour nos cervicales ("Fossilized" à 1 :31 "Victims Of Science" à 2 :14). Aussi, bien qu’orienté up tempo, Victims Of Science ne souffre pas d’un côté trop bas du front. Le groupe propose suffisamment de changements de rythmes pour captiver sur la longueur (album, avec les bonus fait tout de même plus de soixante minutes) et demeurer tout à la fois homogène.
On pourra également souligner l’intelligence des paroles qui s’intéressent, comme le nom du groupe et de cet album le laisse supposer, à la science mais aussi à l’environnement et à la nature. Une approche intéressante et plutôt originale, surtout pour l’époque (1989), même si l’univers du Thrash regorge de groupes s’inspirant des dérives liées au nucléaire essentiellement à travers les artworks (Repka) mais aussi les paroles…
Des paroles servit par ce qui est pour moi le seul petit point faible de cet album, le chant de Varnam Ponville. Bien que s’inscrivant parfaitement dans le style de l’époque, je le trouve trop peu marquant et finalement assez peu agressif en comparaison à cette musique qui pour l’époque n’hésitait pas à utiliser le blast beat et dont la qualité des riffs reste encore aujourd’hui indiscutable. Un petit côté Crossover pas désagréable mais finalement en léger décalage face au reste de l’album. Dommage.
En plus des neuf titres de l’album, on trouve également en guise de bonus ceux de la démo Gammacide 1991. Ces quatre titres ne sont jamais parus officiellement puisque cette dernière n’a été enregistré que dans le but de démarcher quelques labels et fanzines de l’époque. Très peu de différence avec les morceaux de Victims Of Science puisque Gammacide continue de proposer le même Thrash rapide et vindicatif. Cependant, n’oublions pas que la remasterisation de cette réédition permets de rendre l’ensemble sûrement plus homogène même si l’on note quelques différences en matière de production, notamment concernant le son des guitares peut-être plus metallique et celui de la batterie moins claquante. La différence est par contre tout de suite plus frappante sur les deux derniers titres enregistrés en 2004 à l’occasion de cette réédition. Pas de gros changements en terme de style mais un son de guitare évidemment plus "moderne" et plus incisif et surtout un chant que l’on sent "vieillit" bien que le timbre demeure parfaitement identifiable.
Assez méconnu même parmi les amateurs de Thrash, cet unique album de Gammacide n’en demeure pas moins une petite pépite incontournable qui mériterait d’être une fois de plus réédité pour le bien de la communauté Metal. Arrivé après les plus grands noms du Thrash et juste avant la déferlante Death Metal, Gammacide n’a pas bénéficié d’un timing particulièrement favorable. Cela ne doit pas pour autant vous empêcher de réviser les bases et en ce sens, Victims Of Science constitue assurément une bonne occasion de le faire. A vos bandanas !
| AxGxB 2 Mai 2013 - 1800 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | AxGxB 12/05/2013 17:05 | note: 8.5/10 | Je ne suis pas forcément le plus grand connaisseur de cette scène mais reste que Gammacide est un groupe très intéressant. |
citer | LeMoustre 02/05/2013 17:43 | | Ouais, pas mal, mais quand même bien inférieur à la seconde vague du thrash des années 87/89 : Forbidden, Nuclear Assault, Heathen ou Death Angel.
Pour moi, plutôt à rapprocher de Récipients Of Death, ou Evildead, qualitativement parlant, voire Blessed Death.
Je tiens à dire que j'apprécie beaucoup la chronique qui met en lumière ce groupe thrash des 80's !!! |
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2 COMMENTAIRE(S)
12/05/2013 17:05
02/05/2013 17:43
Pour moi, plutôt à rapprocher de Récipients Of Death, ou Evildead, qualitativement parlant, voire Blessed Death.
Je tiens à dire que j'apprécie beaucoup la chronique qui met en lumière ce groupe thrash des 80's !!!