On a récemment évoqué le cas des Français de Mortal Scepter pour la sortie d’un split en compagnie des Parisiens de Deathroned. Ceci étant dit, la principale actualité du groupe en ce début d’année, c’est bien la sortie de son premier album intitulé
Where Light Suffocates sur le label espagnol Xtreem Music. Neuf titres d’un Thrash marchant dans les pas des premiers albums de Sodom, Destruction, Kreator, Volcano et autres Sepultura. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil de Dunkerque si ce n’est la promesse d’une nouvelle leçon de Thrash dispensée ici en moins de trois quarts d’heure. Showtime !
A l’illustration, on retrouve monsieur John Whiplash pour une de ces œuvres les plus colorées et qui, à sa manière, me rappelle l’artwork du premier album des Américains de Forced Entry (
Uncertain Future). Côté production, le groupe s’est terré quelques jours au Caveau Studio (Aum, Manzer, Hexecutor, Deathroned...) pour un résultat qui a le bon gout de conserver cette nature volontairement foutraque et bancale que se plait à cultiver Mortal Scepter depuis ses débuts tout en offrant davantage de coffre et de puissance à ces nouvelles compositions. Idéal pour convaincre tous ceux qui poseront pour la première fois leurs oreilles sur la musique des Français.
Mortal Scepter pratique donc un Thrash comme on le faisait dans les années 80. Un Thrash toujours un petit peu bancale et au bord de la rupture ayant pour lui une vitesse d’exécution qui frise l’hystérie et surtout une tripotée de riffs incroyables à rendre complètement zinzin. D’autant que Mortal Scepter a toujours eu l’envie, malgré une formule globalement assez peu originale, de surprendre l’auditeur à coup de séquences plus ou moins inattendues (qui l’a vu venir ce titre de clôture de plus de dix minutes ? Certainement pas moi...).
Passé cette longue introduction proposée sous la forme d’un titre instrumental mêlant dans un premier temps un soupçon de mélancolie avant une seconde partie plus rythmée ("A Ray Of Despair"), le groupe enchaîne alors les brûlots avec une aisance et une classe déconcertante. Il faut dire que le riffing de Lucas et de The Sorcerer se montre désormais un poil moins tarabiscoté que sur l’excellent
As Time Sharpens The Sentence (même si on sent toujours cet amour pour les plans tricotés à toute berzingue comme sur ("Spear And Fang") par exemple) et donc tout simplement beaucoup plus immédiat. Et non, il ne s’agit pas là d’un pas en arrière pour le groupe de Dunkerque mais bien d’une certaine maturité tant il a su trouver davantage d’efficacité dans sa formule sans rien renier de son identité. Sérieusement, comment ne pas avoir envie de retourner les meubles de son salon sur des riffs comme ceux de "Where Light Suffocates" à 0:33, "Murder The Dawn" à 0:39 (argh !), "The Carpathian Castle" à 0:26, "Swallow Your Tongue" à 0:17 ou "...The Scepter Reigns" à 0:18 suivi de ces riffs typés Black Metal ? Personnellement, que je sois chez moi, dans le métro ou dans la rue, j’ai bien du mal à dissimuler mon enthousiasme face à ces riffs incroyablement efficaces. Et c’est bien évidemment sans compter sur les excellents solos et autres leads dispensés essentiellement par Lucas tout au long de ces quarante et une minutes qui vont apporter leur lot de mélodies empruntées pour beaucoup à l’univers du Heavy Metal ("A Ray Of Despair", "Murder The Dawn" à 2:13, "Lust Spells" à 0:15, la conclusion de "Perish With The Flesh", "The Carpathian Castle" à 2:26, "Spear And Fang" à 1:47...).
Tous ces riffs et tous ces solos viennent se poser sur une batterie au son toujours très naturel qui jamais ne s’arrête de cavaler. Derrière ses fûts, Guillaume cravache à perdre haleine le plus clair du temps sur du tchouka-tchouka qu’il délivre plus ou moins rapidement selon le moment. Une cadence tout de même très soutenue dans l’ensemble et dont l’urgence est d’ailleurs renforcée par le chant arraché et bardé de réverb’ de Valentin. Le seul petit truc qui me chagrine est la place accordée à cette basse qui aurait vraiment méritée d’être mise un peu plus en avant. Si on l’entend bien évidemment lorsqu’elle est évidement la seule à devoir s’exprimer (comme sur le break de "...The Scepter Reigns" entamé à 5:29), elle se fait en règle générale plutôt discrète et je trouve cela dommage.
Un bon cran au-dessus de son premier EP paru il y a un peu plus de trois ans et qui était lui-même déjà pourtant très bon, Mortal Scepter enfonce ici le clou le temps d’un premier album maîtrisé de bout en bout. Je vous avais prévenu en introduction,
Where Light Suffocates est une leçon de Thrash comme on en fait peu. Un disque mené le couteau entre les dents par un groupe décidément plein de talent (ces riffs !) et, on l’espère, plein d’avenir. En attendant de voir ce que celui-ci leur réserve, j’ai hâte de les retrouver sur scène pour un bon moment de headbanging des familles !
1 COMMENTAIRE(S)
23/01/2019 09:07
Et en écoute intégrale ici :
https://xtreemmusic.bandcamp.com/album/where-light-suffocates