Ashura - At The Dawn Of Your Deterioration
Chronique
Ashura At The Dawn Of Your Deterioration
Ashura, voilà un groupe intéressant! Formé en 2002 et comptant quatre membres (dont David Masson, ex-Burgül Torkhain, au chant), ce sympathique combo de la région d'Amiens nous propose At the dawn of your deterioration, son premier album. Et si une seule impression doit rester à son écoute, c'est que le groupe ne s'est pas foutu de notre gueule, tant les Picards nous donnent de quoi bouffer.
Alors intéressant, pourquoi? Parce que Ashura fait partie de ces groupes, plutôt rares il faut bien le dire, difficiles à cataloguer. La musique d'Ashura est riche, variée et prend appui sur bon nombres de styles musicaux: si la base reste le death métal, le groupe touche un peu à tout. Déjà rien que pour ce qui est du métal de la mort on passe aisément d'un evil brutal death hanté par une voix gutturale marmonée (qui rappelle un Visceral Bleeding au flow plus modéré, comparaison qui vaut également pour l'utilisation abusive d'harmoniques sifflantes et certaines structures changeantes) à du death mélodique (influence Dark Tranquillity). Et on ne s'arrête pas là puisqu'une bonne place est également laissée au hardcore, avec des mosh-parts typiques du genre et une voix hurlée (presque black par moments) tout du long qui côtoie la voix death (mais qui manque un peu de relief). Ce n'est pas encore fini puisque d'autres surprises viennent se greffer à ce mélange détonant, notamment un chant lyrique féminin de toute beauté sur "Shade of madness", l'un des meilleurs morceaux de l'ouvrage. Vous rajoutez de sacrés bons soli, tout un tas de jolies mélodies qui retiennent l'attention, une technique au-dessus de la moyenne (les Français n'ont ainsi pas peur de reprendre "Crystal Mountain" de Death), vous mettez une basse ronronnante bien en valeur pour donner un côté groovy, vous vous adonnez à quelques délires qui semblent endémiques de la scène régionale: voilà en gros à quoi Ashura ressemble.
Donc niveau intérêt, Ashura se pose là et c'est carrément rafraîchissant. Par contre tout n'est pas rose. Principal motif de litige: la prod' de Axel Wursthorn de Carnival In Coal (et son célèbre Walnut Groove studio). Ca passe pour des groupes pas trop sérieux mais pour un groupe de death (même si Ashura n'a pas l'air de se prendre au sérieux, cf. photo sur leur site), c'est limite. Donc un peu faiblarde et la voix également trop mixée en avant parfois (avec les grattes trop en retrait par conséquent). Mais ce qui coince le plus est le son de la caisse claire. Résultat: des blasts sponsorisés par Tefal...croyez bien que ça gâche un peu mon plaisir même si, et je tiens à le préciser, je n'ai absolument rien contre la firme française.
La prod' a une conséquence directe: l'assimilation de l'album se fait plus lentement. Je l'ai dit, les compos sont très variées. Elles sont aussi longues (des fois trop), plus de 6 minutes en moyenne, avec un pic à 9 pour "Shade Of Madness". Avec cette prod', les premières écoutes ne donnent pas grand chose, c'est fouilli, bordélique, chaotique. Accordez-vous plusieurs écoutes et là vous commencerez à apprécier sérieusement. On trouve malgré tout quelques plans qui accrochent tout de suite l'oreille: les riffs, les mélodies, et surtout les intros dont la plupart ("Ashuraô", "Dans le cercle" et ses arpèges Slayeriens, "In nothing we trust", la magnifique "Shade of madness", "The World Must Collapse"..) donne envie de continuer l'écoute et de se plonger plus en avant dans le monde merveilleux d'Ashura. La difficulté à assimiler l'album est en fait surtout due à la structure complexe des morceaux qu'une production perfectible n'arrange guère.
Bilan: même si quelques défauts subsistent, et n'oublions pas mes chers compatriotes (comme dirait un vieil homme malade) qu'il s'agit d'un premier album, At the dawn of your deterioration s'avère une excellente surprise, plein de bonnes idées et qui apporte assez d'originalité et de personnalité pour qu'on s'y attarde. Depuis quelques années maintenant, la scène métal française devient de plus en plus talentueuse. Ce n'est pas Ashura qui fera tâche!
| Keyser 10 Septembre 2005 - 1641 lectures |
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