Chapel Of Disease - …And As We Have Seen The Storm, We Have Embraced The Eye
Chronique
Chapel Of Disease …And As We Have Seen The Storm, We Have Embraced The Eye
Dix ans après sa formation le quatuor de Rhénanie du Nord-Westphalie est incontestablement un des noms les plus intéressants et originaux de la scène Death-Metal allemande même si sa renommée reste encore toute confidentielle, pourtant après une première réussite
(« Summoning Black Gods ») qui lui a permis de sortir de l’underground c’est avec le monstrueux « The Mysterious Ways Of Repetitive Art » en 2015 que les choses se sont accélérées pour lui. Toujours inchangé depuis ses débuts il a cependant profité de cette longue absence pour débarquer chez les très qualitatifs Ván Records, un choix qui s’avère judicieux tant le label ne cesse de devenir un des plus intéressants du circuit (il n’y a qu’à voir dernièrement les albums de SLIDHR ou GOATH, et prochainement celui de SVARTIDAUÐI pour s’en convaincre). Car une fois encore le groupe a réussit le tour de force de repousser encore plus loin ses limites et d’offrir un disque incroyablement prenant à la fluidité impressionnante, vu qu’il ne fait jamais les choses comme tout le monde. Certes il joue un Metal de la mort volontairement rétro et putride, agrémenté de passages typiquement Doom, mais il n’hésite pas à y ajouter des solos mélodiques, des longues plages instrumentales et des parties un peu barrées, et dans ce domaine il a fait très fort. Il y’a fort à parier que ce troisième méfait va diviser, certains trouveront qu’il manque de brutalité et d’autres approuveront au contraire cette démarche, ce qui est admirable en revanche (et cela fera l’unanimité) c’est la prise de risques effectuée qui offre quelquechose d’ambitieux et qui sort complètement des sentiers battus.
Prouvant qu’ils sont bels et bien à part dans leur style les frères Teubl et leurs acolytes vont marquer d’entrée les esprits avec le phénoménal « Void Of Words » (confirmant ainsi qu’ils aiment marquer leur territoire d’entrée de jeu, comme avec l’instrumental « The Mysterious Ways … » sur leur précédente livraison) totalement barré et respirant la sérénité. Si le démarrage débute de façon assez classique par une longue introduction qui monte doucement en pression, on remarque que la mélodie est déjà présente avant qu’elle ne s’efface sous les coups de boutoir de David Dankert derrière son kit, qui livre comme d’habitude une prestation sobre et efficace afin de laisser le monopole de la démonstration aux frangins. Après cette première moitié où l’énergie était de mise la seconde va quant à elle se faire beaucoup plus éthérée et aérienne, car après un break où la basse ronflante va se faire entendre place à un long moment d’apaisement grâce à un rythme posé mis en exergue par un très long solo tout en subtilité et en toucher, qui n’est pas sans rappeler le boulot effectué par Mark Knopfler à la grande époque de DIRE STRAITS. A la fois ambitieux et totalement à part dans la discographie des teutons ce titre d’ouverture montre la prise de risques assumée par ses créateurs, qui sans tomber dans la débauche de technique arrivent via un vrai sens de l’harmonie et un feeling omniprésent, à accoucher de quelquechose d’assez unique et envoûtant, sentiment que l’on retrouve un peu plus loin avec le tout aussi dantesque « The Sound Of Shallow Grey » situé à l’autre extrémité de l’album. Avec sa base presque dansante on se surprend à se dandiner sur ce mid-tempo inspiré où la violence fugace est juste présente pour faire respirer l’ensemble, car pour le reste on est plongé en plein dans les années 80 et dans la Cold-Wave en particulier. Car entre les guitares glaciales et en reverb’, conjuguées à la basse très en avant, on se croirait revenu à l’époque des premiers THE CURE et de JOY DIVISION, dont le rendu s’insère parfaitement au milieu de ces grandes variations qui sont jouissives au possible.
Pour rester dans l’étonnement « Null » est également un mets de choix où la force brute et la finesse sont au rendez-vous, car si le démarrage est de construction Doom relativement basique la suite va elle opérer un virage quasiment épique où vitesse et efficacité sont au menu. Alternant ensuite entre solos Hard/Blues à la beauté parfaite et passages qui montent progressivement en énergie, cette pépite bien calée au milieu se déguste et s’apprécie sur la durée, à l’instar du reste toujours aussi surprenant et classique. « 1.000 Different Paths » va pousser plus loin l’expérience, non pas au niveau musical qui ne bouge pas tellement sur la durée (bien calé dans une rythmique lourde et froide) mais plutôt de par la voix et les ambiances qu’elle créé. En effet la tristesse et les pleurs ne cessent de succéder avec ce chant parlé plaintif qui donne l’impression d’être en plein recueillement, le tout avec les solos haut perché qui renforcent l’émotion qui envahit tout l’espace disponible, et où la douceur a le droit de cité. Cependant au milieu de ces différentes expériences nouvelles pour les fans de la bande, celle-ci a heureusement conservé le charme suranné de ses débuts, d’abord avec l’excellent « Oblivious – Obnoxious – Defiant » à l’entrain communicatif où elle montre qu’elle n’a rien perdu de sa force de frappe. Ce constat se renforce avec le terrible « Song Of The Gods » qui donne envie d’aller au combat et fait passer par tous les préparatifs de celui-ci, entre début apaisé et puissance de feu qui retentit de plus en plus fort ensuite, mais où les variations sont de mise.
Avec cette sortie qui est la plus accessible de leur carrière les mecs ont pris le risque de dérouter leur public de la première heure, pourtant ils ne tombent jamais dans la facilité ni l’ennui tant l’écriture y est incroyablement cohérente et sans accrocs. Oscillant entre désespoir et joie presque communicative cet omni (objet musical non-identifié) est une réussite de bout en bout qui rappelle sur certains points l’œuvre de CARCARIASS, notamment par le boulot des guitaristes qui en rythmique comme en lead ne faiblissent jamais et livrent une prestation grandiose (lorgnant à plusieurs reprises vers le jeu de David Gilmour de PINK FLOYD). Confirmant qu’il est bel et bien à part dans le milieu du Metal de la mort CHAPEL OF DISEASE livre une œuvre sans nul doute exceptionnelle et riche en émotions, qui occupera pendant un bon moment les oreilles de ceux qui auront fait l’effort de l’écouter et de l’apprécier comme elle se doit. Montrant ici que le genre est bien et bien vivant et qu’il arrive encore à se renouveler tout ceci est incontestablement la marque des grands, constat qui va à merveille à nos quatre musiciens de Cologne qui méritent un tonnerre d’applaudissements et un respect énorme pour ce travail accompli d’une maturité sans égal.
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