Aussi imparfait soit-il, le premier album de Biohazard aura permis au groupe de Brooklyn de se tailler une solide réputation au sein d’une scène new-yorkaise alors en pleine ébullition avec notamment l’arrivée de formations telles que Life Of Agony ou Type O Negative et l’émergence d’un certain renouveau de la scène Hardcore (tous ces groupes mêlant Metal et Hardcore tels que All Out War, Merauder, Madball, Candiria, 25 Ta Life, Vision Of Disorder, Fury Of Five...). Fort de ce statut acquis à la sueur de leurs fronts, les quatre garçons de Biohazard réussiront, notamment grâce à leur lien avec le groupe Mucky Pup, à accrocher un deal avec le label Roadrunner Records pour la sortie en novembre 1992 de leur deuxième album intitulé
Urban Discipline. Un contrat particulièrement bénéfique puisque celui-ci leur offrira une exposition à l’échelle internationale faisant alors de Biohazard l’un des portes-étendards les plus reconnus de la scène Metal/Hardcore (merci le clip de "Punishment" en heavy rotation dans l’émission Headbangers Ball sur MTV).
Si en ce qui me concerne
State Of The World Address restera à jamais la pièce maitresse de leur discographie (le poids de la découverte, toussa toussa),
Urban Discipline n’en est pas moins considéré par beaucoup comme le meilleur album des New-Yorkais. Un débat qu’il m’est évidemment impossible d’arbitrer pour les raisons évoquées ci-dessus mais qui heureusement ne m’empêche pas de reconnaître les qualités évidentes de ce deuxième album à l’artwork si iconique.
Enregistré aux Fun City Studios de New-York (Dinosaur Jr., Swans, Cop Shoot Cop, Lunachicks, Helmet, Unsane, Born Against...),
Urban Discipline bénéficie à l’instar de son prédécesseur d’une production qui, encore aujourd’hui, n’a pas particulièrement vieillit (il faut dire qu’il y a du mieux côté batterie avec un son toujours très sec mais qui fait tout de même un peu moins "ploc ploc" qu’auparavant). Bien entendu, on y entend certains stigmates d’une époque désormais révolue bien que toujours vivace (cette caisse claire typique des productions Punk/Thrash/Hardcore de la fin des années 80 et du début des années 90, cette puissance modérée (en comparaison des standards actuels), cette compression encore savamment dosée...) mais cela ne l’empêche absolument pas de tenir encore la route en 2021 et cela malgré les affres du temps et les nombreux progrès techniques faits en matière de production.
Par contre, là où
Urban Discipline se distingue de son prédécesseur et tire son épingle du jeu, c’est dans ses compositions définitivement plus abouties et moins approximatives. La ligne directrice qui consiste à mélanger Thrash et Punk/Hardcore de la première heure demeure évidemment inchangée mais la manière et l’exécution évoluent tout naturellement vers quelque chose de plus mature et réfléchit. Il suffit de prêter attention à la qualité des riffs pour se rendre compte que Biohazard a travaillé sa copie en profondeur. Moins anecdotiques et beaucoup plus mémorables que par le passé, ces derniers sont la principale raison du succès de cet album. En effet, là où son prédécesseur se sera écoulé à "seulement" 40000 copies, ce deuxième album se vendra quant à lui à plus d’un million d’exemplaires. Oui, un million d’exemplaires pour un album de Metal/Hardcore ! Des chiffres absolument inimaginables aujourd’hui (en tout cas dans les sphères qui nous rassemblent) et qui traduisent parfaitement l’engouement du public à l’époque de la sortie de ce
Urban Discipline.
En tout point meilleur mais certainement pas bien différent de son prédécesseur, ce nouvel album enchaîne les brulots aux atmosphères urbaines incandescentes (atmosphères renforcées par ces nombreux samples (métro, sirènes, communications policières, cris...) distillés tout au long de l’album). Une plongée dans les violences du quotidien, celles qui minent nos villes et nos quartiers et avec lesquelles les garçons de Biohazard ont du apprendre à grandir tout en cherchant inlassablement à s’en détacher le plus possible. Drogue, violence, racisme, abus en tous genres… Un mélange détonnant qui va nourrir chacune de ces quatorze compositions qui ne vont pas systématiquement s’attacher à la fatalité des choses (même si le constat reste amer à n’en point douter) mais bien davantage à la nécessité de s’attaquer à ces fléaux, de réfléchir par soi même et surtout de tenter de s’en sortir coûte que coûte. Comme sur son premier album, Biohazard nous entraîne dans son univers à la force d’une dynamique Thrash/Hardcore jamais très compliquée mais toujours hyper efficace (riffs Punk/Thrash simples mais nerveux desquels émanent toujours une aura bien sombre à l’instar d’un "Punishment", "Disease" ou "Tear Of Blood", accélérations entrainantes sur fond de tchouka-tchouka, etc), d’une bonne quantité de solos mélodiques et résolument Metal marqués par un feeling désabusé ("Chamber Spins Three" à 2:04, "Punishment" à 2:52, "Stade Of Grey" à 1:58, "Black And White And Red All Over" à 2:05, "Disease" à 2:05 ou à 1:25 sur cette excellente reprise du célèbre "We're Only Gonna Die (From Our Own Arrogance)" de Bad Religion), d’un groove de voyous irrésistible qui déjà hier et encore aujourd’hui n’a jamais manqué d’en faire chalouper plus d’un à commencer par moi ("Chamber Spins Three" à 0:32, "Punishment" à 1:40, "Shades Of Grey" à 1:01, "Disease" à 1:46, "Man With A Promise" à 1:12, "Urban Discipline" à 3:23, "Wrong Side Of The Tracks" (remise ici au goût du jour) à 1:08...), d’atmosphères grises et peu réjouissantes qui puent la merditude des choses et d’une complémentarité vocale qui, outre l’indéboulonnable duo Seinfeld/Graziadei qui se nourrit l’un de l’autre dans un perpétuel jeu de question/réponse bien viril, confère à certains passages un petit côté gang de loubards aussi fédérateur (parce que c’est aussi ça le Hardcore) qu’un brin désuet ("Punishment", "Black And White And Red All Over", "Disease", "Urban Discipline", "Wrong Side Of The Tracks"...).
Vous l’aurez compris (et de toute façon vous le saviez déjà),
Urban Discipline est l’album qui aura permis à Biohazard de sortir un pied de New York et d’étendre son Metal/Hardcore au-delà des "five boroughs" de la ville qui ne dort jamais. Si la consécration arrivera deux ans plus tard avec la sortie de
State Of The World Address, ce deuxième album n’en reste pas moins une référence, autant pour les fans de Hardcore pur et dur que pour le public Metal souvent hermétique à ce genre de crossover et à tout ce qui traîne ce suffixe "core". Plus abouti mais fidèle à ses origines,
Urban Discipline reste encore aujourd’hui un modèle dans le genre. Un disque de son époque dont la pertinence du propos ne s’est à ce jour encore jamais démentie (et ce n’est pas avec ce qui se passe aux Etats-Unis en ce moment que cela risque d’arriver).
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