Extinguish - One Less Enemy
Chronique
Extinguish One Less Enemy
Même si on n’en a encore jamais parlé sur Thrashocore, Extinguish n’est pas ce que l’on peut appeler un nouveau venu au sein de cette scène Hardcore à laquelle il est directement affilié. Formé en 2017 à Sacramento, le groupe fait ses premières armes localement avant d’attirer l’attention du label californien Creator-Destructor Records (Gulch, Scalp, Doomsday, Sunami, Cartilage...). Cette collaboration donnera lieu à deux EPs, tout d’abord Extinguish paru en 2021 puis Seed Of Evil sorti quant à lui en juin 2022. Il aura cependant fallu attendre la semaine dernière pour que les Californiens passent la seconde avec la sortie, cette fois-ci sur Daze Records, de leur premier album.
Intitulé One Less Enemy, celui-ci est composé de neuf morceaux (dont "Fatal Excuse" et "Attrition" tous les deux issus de Seed Of Evil) pour une durée qui n’excède pas les vingt minutes. Si je n’ai aucune information à vous partager concernant la production de ces quelques compositions, je peux par contre vous dire que cette chouette illustration sur votre droite est signée des mains d’une certaine Selina Rodriguez. Si à titre personnel son coup de crayon n’est pas sans m’évoquer celui de Jef Stuart Whitehead (Leviathan), on lui reconnaîtra quoi qu’il en soit son caractère malfaisant et terriblement efficace. Le genre d’illustration qui dès le premier regard invite à la curiosité...
Si le groupe américain est à ranger dans la catégorie "Hardcore", Extinguish est tout de même un petit peu plus que cela. Pour commencer, la formation opère dans un registre métallique très influencé par les années 90. Une relecture moderne et toujours extrêmement concise (seul "Life To Death" et ses quatre minutes vient ainsi me contredire) qui a particulièrement le vent en poupe ces dernières années. De fait, n’espérez par trouver chez les Californiens un semblant d’originalité puisqu’entre ces riffs Thrashisant toujours autant inspirés par Slayer ("One Less Enemy", "Terror Persists", "Life To Death", "Fatal Excuse"...), ces quelques accélérations brèves mais haletantes ("One Less Enemy" à 1:11, "Life To Death" à 1:39, l'essentiel de "Devoured Judgment", "Fate Denied" à 0:40) et ce groove idéal pour briser des nuques et déclencher au passage quelques émeutes dans le pit ("One Less Enemy" à 0:11 et 1:27, "Terror Persists" à 1:33, "Price Of Pain" à 0:44 et 1:33, "Life To Death" à 0:55, "Fatal Excuse" à 2:01, "Attrition" à 1:16 et j’en passe...), tous ceux ayant grandit au son de groupes tels que Morning Again, Unbroken, Day Of Suffering, Sentence, Congress et compagnie seront effectivement ici en terrain connu. Pour autant, en pur produit de son époque, One Less Enemy est également marqué par un sens du rythme plus moderne hérité notamment de la scène Beatdown et qui de fait les rapproche d’une certaine manière des Parisiens de Worst Doubt et Headbussa. Certes, on a connu plus intelligent, plus profond et beaucoup plus malin mais lorsqu’il s’agit de mouliner, frapper le sol de ses poings ou balancer quelques high kicks bien placés, on a quand même rarement fait mieux...
Une formule sur la base de ces éléments décrits plus haut aurait amplement suffit à mon bonheur mais Extinguish a choisi d’y apporter un twist supplémentaire histoire de casser un petit peu plus de bouches. En effet, même si l’influence n’est pas directe, difficile d’occulter à l’écoute de ce premier album le poids de la scène Death Metal sur la musique des Californiens. De la lourdeur de bon nombre de séquences à ce chant partagé entre vindictes typiquement Hardcore et growl arraché plus sombre et profond en passant par ces riffs et ces ambiances plutôt sinistres ou cette batterie imposante, nul doute que le groupe de Sacramento a effectivement pris parti de sortir des carcans du Hardcore et d’y insuffler une pointe de Death Metal en plus…
Après sept ans de carrière et quelques précédentes sorties certes toutes convaincantes mais également toutes très modestes, il était temps qu’Extinguish sorte enfin son premier album. Heureusement, c’est désormais chose faite... Et même si One Less Enemy est évidemment un poil trop court, nul doute que celui-ci ne devrait pas manquer de convaincre tous les amateurs de Hardcore métallique à la fibre Death Metal sous-jacente. Forcément, en tant que Français résidant à Paris le parallèle avec Worst Doubt me semble particulièrement à propos aussi je ne saurais que vous conseiller de jeter une oreille attentive à ce premier album si les enregistrements du groupe parisien ont su éveiller chez vous un vif intérêt (et au passage quelques courbatures sévères).
| AxGxB 22 Mai 2024 - 431 lectures |
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