All Out War - Truth In The Age Of Lies
Chronique
All Out War Truth In The Age Of Lies
Quiconque s'est intéressé à la scène hardcore de la fin des années 90 a forcément déjà entendu parler des américains d'All Out War. Ce groupe originaire de Newburgh dans l'état de New York (une centaine de kilomètres au nord de la Big Apple) a sorti en 1997 probablement l'un des meilleurs albums de Hardcore metallique à ce jour. Formé en 1991, le groupe sort consécutivement deux démos lui permettant d'émerger tout d'abord sur le devant de la scène new-yorkaise puis de se faire un nom à l'étranger et plus particulièrement sur le vieux continent. C'est donc tout naturellement qu'All Out War est repéré en 1994 par Hardway, un petit label français tenu par un certain Stephen Bessac (chanteur de Kickback) sur lequel sortira un EP trois titres intitulé Destined To Burn. Il faudra malheureusement attendre 1997 pour que sorte sur le label allemand Gain Ground son premier album intitulé Truth In The Age Of Lies.
Si on s'intéresse d'ailleurs d'un peu plus près aux dates, il est plutôt étonnant de constater qu'en l'espace de seulement trois mois la scène Hardcore aura vu la sortie de deux des albums les plus marquants du genre. En effet, quelques semaines avant ce premier album d'All Out War c'est le fameux Satisfaction Is The Death Of Desire d'Hatebreed qui voyait le jour. Deux albums incroyables qui ont marqué plus d'un dur à cuire et qui continuent d'êtres cités en référence. Deux albums à la croisée des chemins revendiquant leur appartenance à la scène Hardcore mais qui pourtant puisent leurs influences très largement dans la scène Metal. Un sujet assez "touchy" à l'époque puisque pas mal d'intégristes ont eu du mal à digérer cette évolution musicale menant à l'arrivée du Metal dans la scène Punk/Hardcore.
Malgré tout, le succès aura été immédiat pour All Out War et à l'écoute de Truth In The Age Of Lies on comprend très vite pourquoi. S'écartant des standards de la scène Hardcore (durée des compositions, influences Metal prépondérantes, ambiances sombres...), All Out War déploie un univers bien particulier qui lui permet de se distinguer très clairement des autres groupes, même au sein d'une scène New Yorkaise très inspirée par ce mélange de Hardcore et de Metal (Merauder, Stigmata, Darkside NYC, One King Down etc...).
De ces deux genres, All Out War n'en a gardé que le plus simple pour un résultat d'une efficacité exemplaire. Les titres se déroulent tous plus ou moins selon le même schéma, offrant seulement quelques variations rythmiques. C'est donc majoritairement le mid-tempo qui domine à l'écoute de cet album mais il n'est pas rare d'y trouver quelques morceaux ou au moins quelques passages plus soutenus comme sur "Truth In The Ages Of Lies", "Cross Of Disbelief" ou encore "The Deceived And The Deceivers". Cette alternance procure une certaine sensation de rythme et permet surtout à la musique de s'étoffer sans que nous soyons complètement assommés par la lourdeur ambiante. Lourdeur qui atteint des sommets sur l'excellent et redoutable "Destined To Burn". Un titre épique composé de quatre parties bien distinctes. Une première très lourde à la limite du Doom, une deuxième nettement plus orientée Metal/Hardcore à grand renfort de cœurs et de mosh part, une troisième revenant vers des accointances Death/Doom notamment grâce à ce growl caverneux placé en arrière plan puis finalement une courte conclusion revenant vers des éléments de la seconde partie.
Les influences Thrash et Death Metal sont donc évidentes. Le jeu de guitare largement inspiré par Slayer donne ici naissance à beaucoup de très bons riffs maléfiques souvent servit dès l'introduction et qui d'emblée plante le décor ("Truth In The Age Of Lies", "Fall From Grace", "Cross Of Disbelief", "Crucial Times In Existance"...). Pour ce qui est par contre de ses influences Hardcore, All Out War à naturellement conservé cet amour inconditionnel pour les mosh part. Chaque titre en compte au moins une, cela pour le plus grand plaisir de tous les tough guys adeptes du Karate Dance Style. Idem, on retrouve ces fameux cœurs qui ont fait la gloire de toute une scène new-yorkaise comme sur "Resist", "Cross Of Disbelief", "Destined To Burn" ou encore "The Deceived And The Deceivers".
Et puis il y a la voix de Mike Score, je n'y avais jamais fait particulièrement attention avant d'écrire cette chronique (et pourtant, j'ai écouté cet album un nombre de fois incalculable) mais on a parfois l'impression que le gazier nous vomi littéralement les paroles à la gueule. Un peu à l'image d'un Rick Ta Life mais en beaucoup moins caricaturale et surtout avec un débit bien moins important. Du coup ses lignes de chants criées restent parfaitement compréhensibles et conservent une approche Hardcore plus évidente.
Comme pour Merauder avec Master Killer, Truth In The Age Of Lies est un album qui m'a fortement marqué et pour lequel j'ai évidemment une affection toute particulière. C'est vrai qu'All Out War ne brille ni par sa finesse ni par le niveau technique de ses musiciens. Mais cela ne l'a jamais empêché de toujours nous délivrer des morceaux d'une efficacité incroyable faisant largement effet sur CD et encore davantage sur scène. Quoi qu'il en soit, Truth In The Age Of Lies constitue la pierre angulaire de la discographie du groupe qui, toujours à l'image de Merauder, ne fera pas mieux dans sa carrière. Cet album est donc définitivement un incontournable de la scène Hardcore new-yorkaise. Une pièce maîtresse, un must-have en somme!
| AxGxB 15 Septembre 2011 - 2992 lectures |
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