Eternal Gray - Your Gods, My Enemies
Chronique
Eternal Gray Your Gods, My Enemies
Comme mon collègue AxGxB, j'avoue ma méconnaissance totale de la scène metal israélienne. À part les insupportables Orphaned Land, les prometteurs Sonne Adam et les imitateurs de Pantera Betzefer, impossible en effet de citer un autre combo de l'État hébreu. Mais grâce à Eternal Gray, je vais désormais pouvoir ajouter un quatrième nom à cette maigre liste puisque le groupe nous vient de Haifa. Une ville qui fera parcourir d'un frisson l'échine de tous les supporters du PSG assez vieux pour avoir connu, un sombre soir d'octobre 1998, l'humiliation d'une élimination en coupe des coupes. Catalogué comme un groupe de death metal, Eternal Gray me replonge davantage dans ce cauchemar puisque j'entends déjà dans ma tête les thématiques habituelles sur les macchabées. Macchabées, Maccabi, il ne m'en faut pas plus pour me retrouver 13 ans en arrière dans mon canapé en train de me prendre la tête à deux mains!
Mais revenons à nos moutons. Your Gods, My Enemies est le deuxième full-length du quintette (désormais quatuor puisque le batteur Dror Goldstein a quitté le navire), huit ans après un premier essai du nom de Kindless qui voyait déjà Eternal Gray enregistrer aux Abyss Studios chez Tommy Tägtgren avec Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain) et Schmier (Destruction) en guests. Ce nouvel opus n'est en fait pas si neuf puisque sa sortie initiale remonte à 2010 en indépendant et en format...clé USB! Plutôt original mais pas vraiment le meilleur moyen pour promouvoir le groupe. Ce dont va se charger Season Of Mist qui rajoute Eternal Gray à son catalogue et réédite le 14 octobre dernier ce Your Gods, My Enemies qui m'a d'abord bien trompé. Parce que de death metal, il n'est pas vraiment question ici. Eternal Gray est en effet plus proche de Dagoba que de Cannibal Corpse. Bon, j'exagère un peu. Effectivement, on entend bien des influences death metal. Il y a des blast-beats (dès le début de l'album sur la bourrine "Lost Control" notamment), une ambiance sombre, des growls (pas très puissants et vite lassants d'ailleurs vu le manque de variété à part quelques shrieks par ci par là) et difficile de faire plus DM que ce bon riff infernal à 2'51 sur "Controlled" avec la double à fond les ballons. Mais dans l'ensemble, si death metal il doit y avoir, c'est plutôt du côté moderne que penchent les Israéliens, du genre Decapitated new era, Gojira et compagnie (le sample et le riff d'intro de "Inner Anger" vont même jusqu'à ressembler à du Slipknot!). Ce qui me faire dire ça? La production puissante mais plastique et l'utilisation régulière de rythmiques saccadées inintéressantes (heureusement pas trop envahissantes), entre autres. Le groupe y ajoute une louche de thrash/power pour le groove et l'entrain. Du coup, Eternal Gray me fait en fait penser à une sorte de Nevermore qui aurait développé ses influences extrêmes. Les deux formations partagent ainsi le même sens du groove moderne efficace. C'est flagrant sur "Black Prophecy" à partir de 0'31, "Never Waits" à 2'08 ou le début thrashy de "Desolate The Weak" (pour le coup, les back up vocals à 0'56 rappellent vraiment Dagoba!). Autre point commun, les solos, une des grandes forces de Eternal Gray. Construits et mélodiques, toujours bien placés, ils prouvent que le groupe a du feeling, à l'instar du shred intelligent de Loomis ("Black Prophecy" à 2'56, "Inner Anger" à 1'36, "Your Gods, My Enemies" à 2'18, "Never Waits" à 1'42...).
Eh oui, Eternal Gray a des qualités! Outre de bons solos, c'est aussi l'ambiance qui règne sur ce Your Gods, My Enemies qu'on approuvera. Pour un groupe résolument moderne, l'effort est appréciable. Comme l'illustre la jolie pochette, l'atmosphère y est sombre, froide et mécanique. La batterie au son synthétique qui pourrait très bien être une boîte à rythmes, en particulier sur les passages blastés, et les riffs dissonants (les débuts de "Lost Control", "Black Prophecy" et "Never Waits", "Unlabeled" à 0'39 et 4'07 avec un riff assez chaotique, "Blind Messiah" à partir de 2'32, etc.) contribuent largement à ce ressenti. Et afin d'apporter de la profondeur au climat ambiant, Eternal Gray incorpore aussi des samples "atmosphériques" qui restent cela dit discrets et sporadiques. Un petit plus néanmoins non négligeable qui a son charme. Et même sur la version électro de "Never Waits" en bonus track que je me surprends à bien aimer, Eternal Gray arrive à conserver un décor dark grâce à quelques touches de piano, une voix féminine fragile et des chœurs fantomatiques, et ce malgré un beat d'ouverture dansant à la Eurythmics.
Alors bon album finalement? Oui, plutôt, Your Gods, My Enemies s'écoutant sans déplaisir. Au delà de l'ambiance réussie et des solos savoureux, les morceaux manquent cependant de séquences vraiment mémorables, surtout au niveau des riffs, corrects mais assez génériques. Du coup, on passe un bon moment à écouter l'opus sans retenir grand chose au final. Même si le combo varie ses rythmiques, naviguant principalement entre le up et le mid tempo, Your Gods, My Enemies souffre en outre d'un côté monotone qui n'aide pas non plus à marquer l'auditeur de son empreinte. On sent que le groupe a du potentiel, de bonnes idées mais les compos peinent à accrocher plus que ça, malgré une efficacité indéniable et des titres au format court tournant autour de 4 minutes. Et toujours ce côté moderne/facile irritant... À mon avis, Eternal Gray gagnerait à mettre de côté cet aspect pour approfondir sa facette la plus radicale, les passages blastés étant franchement réussis. Un souhait personnel qui n'engage que moi car je suis sûr que Your Gods, My Enemies plaira à beaucoup de monde, en particulier la jeune génération fan d'extrême plus ouverte d'esprit. C'est vous qui voyez comme dirait l'autre!
| Keyser 11 Novembre 2011 - 1565 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène