Carach Angren - Where the Corpses Sink Forever
Chronique
Carach Angren Where the Corpses Sink Forever
CARACH ANGREN fait partie de ces rares groupes à l’ascension subite et qui font l’unanimité. Les Hollandais ont attiré l’attention dès leur premier album de 2008 dont toutes les copies se sont écoulées en un temps record, obligeant les retardataires à se tourner vers les plateformes de téléchargement ou les sites d’enchères pour en profiter. Ce fut la même histoire avec son successeur pour lequel on espère aussi une réédition physique. Ce souci dû à l’insuffisance de copies sorties par le label Maddening Media ne devrait pas se reproduire avec ce troisième album proposé cette fois-ci par Season Of Mist. Un changement de label qui est en fait la seule nouveauté notable car aussi bien du côté du visuel que des thèmes abordés ou de la musique, CARACH ANGREN conserve ses spécificités.
Tout d’abord du côté des thèmes, rappelons que Lammendam était un recueil d’histoires de fantômes et que Death Come Through a Phantom Ship s’intéressait au célèbre vaisseau hanté « le Hollandais Volant ». Ici, on reste toujours dans l’occulte et le paranormal avec l’histoire d’un bourreau qui doit s’occuper de 7 prisonniers. Mais notre personnage se retrouve confronté à des esprits tourmentés qui lui provoquent des doutes et des visions fatales. Il sombre peu à peu dans l’horreur et la folie. Le livret est soigné et propose les textes accompagnés de photos en relation avec les personnages décrits.
Encore une fois, CARACH ANGREN présente ses histoires avec un black metal puissant, orchestral et théâtral. Ce qui n’est pas à rapprocher de CRADLE OF FILTH ou des groupes du genre qui pullulaient il y a encore 10 ans car CARACH ANGREN est résolument moderne et n’utilise ni vocaux féminins ni claviers cheap ; ni référence gothiques ou autres ritournelles tristounettes. Leur musique est grandiloquente, fière et surtout personnelle et difficile à comparer. Certains vous parleront peut-être de DIMMU BORGIR, mais la ressemblance est tellement légère. Et surtout ce serait plutôt ces derniers qui se sont rapprochés des Hollandais, principalement sur « The Ritualist » de l’album Abrahadabra.
Pour bien décrire l’esprit de CARACH ANGREN, je dirais plutôt que c’est une version moderne d’ARCTURUS accouplé à VULTURE INDUSTRIES et peaufiné avec des arrangements façon ANOREXIA NERVOSA. C’est une façon de jouer qui a été aussi choisie par les jeunes Français de WINTERBURST avec leur premier album, The Mind Cave de 2012.
Les titres, soit une intro suivie de 8 morceaux, sont à la fois travaillés et sophistiqués avec des pointes de mélodie. Il y en a un peu plus que sur les deux précédentes réalisations et on le remarque d’abord sur l’intro qui débute par de douces notes de piano accompagnées de l’écoulement d’un ruisseau et d’une voix narrative présentant l’histoire qui nous attend sur les 43mn. Des cordes apparaissent et une arme à feu déclenche les hostilités, résonnant à plusieurs reprises. Ces deux premières minutes sont dignes d’une BO de film et donc idéales pour nous emporter dans la tourmente.
Dès le titre suivant, le côté orchestral est omniprésent mais il n’est pas synonyme de mélodie. La plupart du temps les apports sont au même niveau que les autres instruments et ne prennent les rênes que rarement. Le rythme général de l’album est très rapide et agressif avec des vocaux et guitares qui flirtent souvent avec le death. La batterie ne se repose pas beaucoup et on le regrette presque. C’est dommage que les claviers et autres instruments classiques ne soient pas mis plus en valeur. Le groupe a toujours envie de changer rythme et propose cassures sur cassures sur cassures sur cassures, devenant presque aussi difficile à suivre qu’un SIGH. Parfois la musique devient plus compliquée qu’elle aurait dû être et on garde une impression de compositions trop chargées.
Les moments de simplicité auraient mérité d’être multipliés car ils sont efficaces et marquants. Les choeurs de « Lingering in an Imprint Haunting » sont magnifiques et c'est sans doute le meilleur morceau. Le violon, le piano et les vocaux plus clairs de « The Funerary Dirge of a Violinist » sont de délicieuses caresses dans une mare sanglante. Cela fait mouche à chaque fois, et même s’il ne fallait pas mettre à toutes les sauces ce genre d'artifices, il fallait en proposer plus.
Par contre, un gros travail a encore été fait sur les vocaux qui varient pour notre plaisir. Ils sont déclamés par ici, death par là, plus black ailleurs... Et la langue peut changer pour passer d’un anglais majoritaire à de l’allemand ou du français (« General Nightmare »)...
Les fans des précédents seront satisfaits car c’est évident que celui-ci poursuit sur le même chemin mais en ce qui me concerne, ça manque de passages accrocheurs et il y a trop de cassures. Ensuite, ceux qui ne connaissent pas mais sont attirés par l’étiquette « sympho » seront déçus s’ils attendent une copie des années 90. C’est moderne, ça ne connaît pas la faiblesse et vient aggriper au cou. Finalement le plus simple c’est de comparer le black sympho aux films avec Johnny Depp. Abrahadabra de DIMMU BORGIR, c’est les Pirates des Caraïbes et CARACH ANGREN c’est Sweeny Todd... Oui, ça me semble une bonne description...
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