Winterburst - The Mind Cave
Chronique
Winterburst The Mind Cave
Si l’on vous dit black sympho français, vous pensez bien évidemment à... à... à... SCARS OF CHAOS, LATRODECTUS, LOVE LIES BLEEDING et MALEVOLENTIA ? Euh, oui, pourquoi pas... Je m’attendais plutôt à ANOREXIA NERVOSA, qui a été un ambassadeur de la France pendant ses années d’activité et qui continue à rester dans la mémoire de bon nombre de fans du genre mais c’est vrai qu’on a eu une scène assez riche. Tout le monde ne sera peut-être pas d'accord mais depuis qu'ANOREXIA NERVOSA est au repos - 5 ans déjà - aucune relève tricolore n’est parvenue à l’égaler. C’est que la tâche est ardue et l’époque différente. Même parmi les groupes étrangers rares sont ceux qui se sont frottés au style depuis la moitié des années 2000 et les différentes modes passées. Il y en a encore heureusement qui persistent comme CARACH ANGREN, CHTHONIC et quelques autres. WINTERBURST par exemple, un groupe de région parisienne composé de 4 personnes au moment de l’enregistrement de cet album et passé à 6 depuis l’intégration d’un bassiste régulier et d’un deuxième guitariste.
Pour tout de suite cerner WINTERBURST, disons que c’est un groupe ambitieux qui n’a pas encore tous ses moyens mais qui fait de son mieux avec ce qu’il a. Formé en 2009, il a sorti en 2010 une demo autoproduite mais surprenante de maîtrise. Ce premier album fait encore mieux et il ne lui manque qu’un peu de finition pour être meilleur. Par exemple c’est déjà le cas visuellement : la pochette est originale et soignée avec des statues entrelacées qui semblent un léger clin d’oeil au Redemption Process d’ANOREXIA NERVOSA. Mais le livret ne suit pas, et au lieu d’être tout aussi fouillé, il est d’une simplicité déconcertante, avec les textes sur fond noir et très peu d’illustrations si ce n’est une photo centrale présentant un paysage naturel nocturne sans lien avec la pochette et une photo du groupe en vêtements de ville. Je ne réclame pas nécessairement les grimaces et grimages théâtraux de CARACH ANGREN, mais l’imagerie est importante dans le black sympho, qui joue beaucoup sur les ambiances. Là, le manoir déserté et perdu dans les montagnes disparait bien vite à la vue des photos... Bref, le livret méritait plus de travail.
Par contre, la musique en elle-même a été extrèmement peaufiné. On est presque tenté de dire « trop » peaufiné tellement il y a de richesses dans les 12 morceaux. Et quand on dit 12, ce n’est pas 5 entrecoupés d’intermèdes inutiles ou de parties au piano interminables ! Ce sont des morceaux complets, naviguant entre 4.30 et 8.50. L’intro de l’album est courte et intégrée au 1er morceau et la conclusion est en fait une version « Orchestral » sans vocaux (mais avec choeurs) de « Beyond the Wall » (9ème piste). Malgré la longueur de l’ensemble (70mn), il n’y a pas de répétitions, ni de grands espaces pour souffler. Une fois la musique lancée, plus rien ne l’arrête et l’auditeur est emporté par un black rapide où les guitares sont mises en avant et continuellement supportées par des claviers déchainés. Et non, ce ne sont pas des nappes sirupeuses ou gothiques mais de véritables typhons qui se mêlent à la batterie pour faire valdinguer les titres. Il y a bien quelques ralentissements, des choeurs, des vocaux clairs ou du piano qui viennent donner un peu d’aération, mais cela ne dure jamais bien longtemps. Généralement ces éléments sont superposés au reste et ajoutent en tension.
Le résultat donne un florilège de tous les grands groupes du style et, selon le morceau, on retrouve une louche d’ANOREXIA NERVOSA par-ci (« Mind Cave », « Beyond the Wall »), une trace d’EMPEROR par-là (« Legions of Soul »), un filet de DIMMU BORGIR ailleurs (« The Ancestral Ritual ») et une pincée de CRADLE OF FILTH encore ailleurs (« The Stray »). Les mélanges sont efficaces et plaisants, faisant mouche fréquemment et rien que pour cela cet album est une bonne découverte qui mérite l’attention des amoureux de black sympho.
Cependant, s’il évite d’être une pale copie, il ne parvient pas non plus à se créer une patte personnelle et il est ainsi difficile de dire quelle est la particularité de WINTERBURST. Heureusement cela ne gâche en rien leur musique... Par contre, un autre point améliorable, ce sont les vocaux trop linéaires. Il y a bien des tentatives de changement et des vocaux clairs sur quelques parties (« The Upcoming Chaos », assez HIMINBJORGiens), mais la grande majorité des hurlements manque de conviction et ne délivre pas assez d’émotions, qu’ils soient chantés en anglais ou en français sur un titre (« D’Ombres et d’Infinis »). On attend une amélioration de ce côté-là pour que WINTERBURST dépasse son niveau actuel. Au final, cette formation est prometteuse et donne envie d’écouter une suite rapidement. C’est déjà un travail exceptionnel pour un premier essai, autoproduit qui plus est !
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