S'il y a bien quelque chose que je ne m'explique pas vraiment, c'est le fait de souvent retourner sur Carach Angren. Comme beaucoup de monde, j'ai eu ma phase Black Symphonique, allant de Dimmu Borgir à Limbonic Art en passant par les cultes Emperor et les plus étranges Bal-Sagoth. J'ai donc découvert dans la foulée Carach Angren, formation néerlandaise bien connue des aficionados du genre et clairement porté au statut de renouveau du genre. Tenues de scènes parfaitement étudiées, corpse-paint bossés au possible, productions toujours très travaillées, le tout non sans une certaine forme de détachement et d'humour. Oh si, repensez un peu à ce T Shirt du groupe où on voit les trois membres principaux en Corpse-Paint magnifiquement illustré d'un « You Came To The Wrong Forest Motherfucker ». Moi, je trouve ça drôle et en plus, je trouve que ça en dit long sur l'état d'esprit « Entertainment » des Hollandais.
Si Carach Angren fait relativement l'unanimité chez les critiques pour leur précision musicale et le soin qu'ils apportent à leurs compositions, il ne sont toutefois pas forcément parmi les formations les plus écoutées en boucle. D'aucun leur reprochent une trop grande complexité musicale qui alambique les émotions distillées aux travers de couches de guitares et d'arrangements parfois plutôt discrets, parfois carrément massifs. Je peux aisément comprendre ce point de vue puisque « Death Came Through A Phantomship » ne surfe pas sur la vague des nappes de claviers et des instants plus atmosphériques comme le feraient par exemple les travaux d'un Emperor ou d'un Dimmu Borgir des années 90. Minutieux, les musiciens de Carach Angren apportent un savoir-faire particuliers à leurs parties plus symphoniques, privilégiant la discrétion et un goût affirmé pour le Pizzicato ou autres pratiques musicales classiques tendant à rendre les orchestrations hachées plutôt que lancinantes.
Vu que mon très cher et estimé collègue Sakrifiss s'est donné pour mission de parler du nouvel album à venir des habitants du plat-pays, nommé
« This Is No Fairytale », je me suis dis que pour ma part, un petit retour en arrière n'était pas de refus, histoire de dire un mot sur le très bon « Death Came Through A Phantomship ». Nous avons donc évoqué rapidement les quelques caractéristiques musicales spécifiques à Carach Angren mais pour ceux qui ne seraient pas vraiment familiarisé à la troupe, il est également bon de rappeler autre chose : le concept. Parce que oui, écouter un de leurs disques, c'est aussi se faire raconter une histoire abordant des thèmes variés. Le bourreau sur « Where The Corpse Sink Forever », les fantômes sur « Lammendam » et donc ici, la légende du vaisseau pirate hanté, « Le Hollandais Volant ». En toute franchise, c'est ce parti pris narratif poussé qui m'a fait non seulement m'intéresser mais surtout accrocher à la fine équipe de pirates en devenirs.
Quand je dis « narratif », croyez-moi, ça ne rigole pas puisque Seregor et Ardek – soit les deux personnes s'occupant aussi des voix – n'hésitent pas à se rapprocher de registres presque incongrus au vu du genre musical pratiqué. On observe donc des déclamations parfois théâtrales au sein même d'un titre, voire même un écart proche de la comédie musicale de Broadway sur l'interlude « Al Betekent Het Mijn Dood », déclamée avec pertes et fracas dans la langue de Shakespeare. Avec de tels choix, l'idée qui est esquissée derrière est on ne peut plus claire : privilégier l'ambiance à tout prix. Ainsi, on remarque des phases plus planantes, plus posées qui permettent à l'album de respirer dans ce déluge de riffs Black et de parties rythmiques compliquées frappant de plein fouet la proue du navire. La très bonne outroduction de « Bloodstains on the Captain's Log » ou encore le final très cinématographique de l'album, sur la conclusion du titre « The Shining Was a Portent Of Gloom » à l'intitulé faisant écho à la deuxième chanson de l'album.
L'avantage, c'est que malgré son style très orienté cinéma-musical-d-action, jamais la formation ne glisse vers le grandiloquent, le putassier, le mégalomaniaque et le dégoulinant. L'apport donné par les parties de guitares purement Black Metal et par les finesses du jeu de batterie et de basse permettent de maintenir la coque à flot et de ne pas sombrer vers les abysses. Oui, j'utilise le champ lexical de la navigation pour un album sur les pirates. Oui, c'est facile. On dira aussi un mot de cette production compressée, synthétisée, calibrée pour rendre au mieux la puissance des instruments sans pour autant tomber dans le style Nuclear Blast, aussi nommé je-sonne-comme-l-album-des-autres-groupes-du-label. La seule absence de bon goût des néerlandais se remarquera dans l'artwork, vraiment trop cliché pour réussir à nous attirer mais cependant, vous noterez bien qu'il est recommandé de passer outre ce premier contact « Black Metal Vamos A La Playa » somme toute ridicule...
Même si ce que je vais dire n'est pas forcément l'avis de tout le monde, je comprends aisément la popularité actuelle ainsi que le statut de souverain du genre parfois apposé sur Carach Angren. Une régularité sans faille (les autres albums sont tout aussi bons), des recettes précises, nettes et franchement bien taillées, des concepts aboutis et surtout un verrou de sécurité qui les empêche miraculeusement de tomber en plein dans le panneau des sirènes de la grandiloquence pendant la navigation.
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