Avant de traiter du cas Krallice (il serait temps, l'arrivée du prochain opus n'étant plus que l'affaire d'une poignée de mois), remettons les choses dans l'ordre avec le deuxième essai de ces mystérieux Ricains. Après un
Diadem Of Twelve Stars où Wolves In The Throne Room posait les bases de son style original, le revoilà un an plus tard avec
Two Hunters et une signature sur le label en vogue à l'époque, Southern Lord. Ce dernier cherchait-il à agrandir son catalogue jusque là plutôt porté sur les sorties drone/doom/stoner et affiliés en signant ce jeune groupe (formé en 2003) à la musique d'obédience black metal ? Hé bien, pas tant que ça…
Il suffit de voir les personnalités gravitant autour de l'entité pour se rendre compte que le loup n'est pas des plus cernables : album enregistré avec Randall Dunn (connu pour ses collaborations avec Sunn O))) ou Earth) où peut se retrouver la participation de Jessica Keney (des droneux d'Asva, guest sur « Cleansing » et « I Will Lay Down My Bones Among The Rocks And Roots »), il ne manque plus qu'un des encapuchonnés du duo O'Malley / Anderson pour avoir un tableau complet ! Et si l'on commence à regarder les membres live ou temporaires (bonhommes de Hammer Of Misfortune, Middian, Ludicra ou même Ghoul), on ne s'y retrouve pas ! Pourtant, Wolves In The Throne Room peut être vu comme se situant à la croisée de ces groupes, le bruit du drone et l'atmosphérique du post-doom-whatever se mêlant au black metal le plus raw sur
Two Hunters. Histoire de continuer dans les faits divers, imagine le Drudkh de
Forgotten Legends (ou le Ulver de
Nattens Madrigal, quitte à faire dans le name dropping racoleur) qui emmènerait Aaron Turner dans sa cabane au fond du jardin pour faire des choses pas très catholiques, tant le résultat est marqué par les paysages païens et sauvages de l'Amérique.
La galette débute d'une manière que l'on aimerait entendre plus souvent tant elle prend aux tripes : par une transe brumeuse, le temps d'un « Dea Artio » aux atours oniriques où une guitare pleure ses notes sous couverts de nappes sonores que l'on imagine grises comme les arbres nocturnes. Une introduction poétique de douze minutes laissant place à la terreur. Le groupe à l'idéologie particulière prône l'humilité face à la nature et l'on a bien envie de l'écouter lors de « Vastness And Sorrow » et ses tremolos progressivo-épiques mais surtout cadavériques, sorte de « False Dawn » en mode mange-tes-morts où une voix décharnée hurle au rythme d'une batterie frénétique (spéciale d'ailleurs, les blasts étant joués avec une urgence faisant passer leur relative justesse). Un morceau d'une folie démesurée, travaillée et brute comme eux seuls sont capables d'en proposer. Arrive alors le point noir du disque, dans tous les sens du terme, avec la pause « Cleansing » calmant le jeu malgré une conclusion à la rage contenue. Les conditions d'enregistrement ont certainement à voir avec cette position d'attente que l'on y occupe : une improvisation de Jessica Keney se greffe à des guitares à la limite du shoegaze pour un résultat en deçà des deux précédents morcifs. La production, ésotérique et bouillante comme un disque de drone (Randall Dunn aux manettes, rappelons-le !) ainsi qu'une aura mélancolique s'échappant d'arpèges malingres sauvent de l'assoupissement mais
Two Hunters souffre d'un décalage qualitatif entre « Dea Artio/Vastness And Sorrow » et « Cleansing/I Will Lay Down My Bone Among The Rocks And Roots (ouf !) ». Pas le désastre le plus complet (pour cela, il faudra aller voir chez son successeur,
Black Cascade), le combo ayant assez de talent pour sortir le passage qui fait lâcher prise même lors d'une succession de plan plus banals (mazette, ces guitares telluriques sur « IWLDMBATRAR » (mazette, ce titre casse-couilles quoiqu'on en fasse !)).
Malgré un doublet un poil décevant (surtout par rapport à une première moitié époustouflante),
Two Hunters est un deuxième album franchement plaisant, autant que la noirceur des rituels forestiers peut l'être. Le black metal joué par le trio est unique, encore aujourd'hui alors que déboulent en masse des petites têtes à lunettes évoluant dans la même cour. Les mauvaises langues diront que Wolves In The Throne Room n'a pour lui que d'être arrivé quelques années en avance mais ces guitares forgées par une tristesse abrasive sont d'une telle qualité qu'elles coupent et pendent leur organe de serpent. Bien fait.
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