Après m'être rincé goulument la gorge avec
Gin, l'affamé que je suis s'est tout naturellement tourné vers les restaurateurs de Cobalt pour goûter à ce fameux oiseau ayant créé la renommée des américains auprès des critiques gastronomiques. Et oui, sa chair est tendre et ferme mais n'y aurait-il pas comme un os ?
Je ne vais pas m'évertuer à décrire de nouveau le style si particulier de Cobalt (je vous invite à lire ma chronique de
Gin à ce sujet) mais disons que
Eater Of Birds donnait déjà envie de manger du sable et d'apporter la démocratie en Irak. La propagande est ici découpée en deux parties : une vindicative et une plus sensuelle, aguicheuse. Les « Ritual Use Of Fire » avec leur base acoustique et quelques expérimentations à la limite du drone (que les détracteurs des albums de motocyclette se rassurent, c'est de courte durée) mais aussi la belle de nuit « Androids, Automatons And Nihilists » (avec un guest de Jarboe, une habituée du groupe) offrent un repos parfois menaçant, parfois mélancolique mais toujours bien accueilli. Parce qu'à côté c'est la guerre ! Il faut avoir écouté l'introduction de « Cephalopod » ou les riffs thrash de « Eater Of Birds » (certainement le meilleur morceau de l'album, où on s'imagine surplombant une bataille, le sourire aux lèvres) pour comprendre à quel point la violence des coups est forte. Les titres « When Serpents Return » et « Ulcerism » méritent bien la légion d'honneur pour leurs riffs brise-nuque mais surtout ces moments de folie où le chant devient transe et les guitares progressivement punk avec un batteur assommant et martial.
Mais ce qui étonne surtout la personne ayant découvert
Gin avant cet album, c'est le côté « plus » des chansons, à la fois plus black metal et plus post. Avoir relégué les accalmies au rang d'interlude a permis aux distorsions d'envahir l'espace et Cobalt tire à vue. Des morceaux comme « Blood Eagle Sacrifice » et « Eater Of Birds » proposent un black blasté qui a des couilles grosses comme des boules de neige norvégiennes tandis que « Witherer » est un accouplement tendu entre grattes southern et basse grassouillette ou que « Invincible Sun » a la puissance d'un gospel neurosien acclamant le soleil. Cobalt joue avec nous, alterne interrogatoire armé et pause hydratante pour nous larguer finalement dans un coin du désert, tabassés mais heureux.
Et donc il y a un os. Ho, trois fois rien, un osselet ! Le disque est long et ce découpage aigre-doux le déséquilibre. Il faut vraiment s'accrocher lors des premières écoutes pour se l'enfiler en entier. De plus, les moments les plus black metal, bien qu'apportant un second souffle aux compositions, dénotent par cette froideur à mille lieux de l'aridité qu'est le reste de l'album.
Eater Of Birds montre que le son de Cobalt ne date pas d'hier. Bourré d'excellents moments, il n'a pas la cohérence et l'équilibre de son successeur mais je ne rechigne pas à avaler un bout de pintade entre deux gorgées d'alcool. A inscrire au guide Michelin.
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