Deuil - Acceptance / Rebuild
Chronique
Deuil Acceptance / Rebuild (EP)
La première écoute donne l’impression d’assister à un carnaval. Vas-y que Deuil empile polo boutonné jusqu’au col du post-black marque Altar Of Plagues/Ash Borer, jeans boueux à cause d’escapades en forêt à écouter les premiers albums de Drudkh, petite mèche screamo bien cachée derrière des cheveux longs à peine crédibles (rafistole ta perruque, on peine à croire à tes accélérations « black metal ») ou encore règle des trois L – lourdeur, lenteur, lancinement – lancée en regardant ses chaussures. En résumé, un défilé d’influences dont le mordant s’est depuis longtemps émoussé à force de nouvelles formations s’y faisant les dents.
La seconde écoute et les suivantes apportent la certitude qu’en fait, il n’est pas question de mordre, ni même d’apporter sa part d’explication au Schmilblick actuel du black metal et musiques post. Les Belges ne sont pas loin d’être mauvais quand ils bourrent, pas loin d’être précieux quand ils ralentissent et pourtant attrapent cette petite chose qui rend crédible leur séance de masochisme durant trente minutes. Peut-être est-ce ce son, cru, sans puissance, presque transparent, ou encore ces notes cristallines sur le point de casser, les deux morceaux de
Acceptance / Rebuild n’en sont pas moins ternes et affligés, d’une déprime qui n’a pas la noirceur totale d’un AmenRa mais une certaine simplicité, modestie, la rendant ordinaire – et bien plus réelle. Deuil porte un nom trompeur en vérité, puisqu’il ne joue pas le recueillement suite à une disparition mais l’apathie des condamnés ayant accepté leur sort, attendant la fin et faisant avancer leurs lignes « parce qu’il le faut bien ». Ce qui confirme cette évocation de la pochette du
Even as All Before Us de The Gault quand je suis tombé la première fois sur
l’image illustrant le Bandcamp de la formation et me rappelle que « doom », avant de nommer un style, est d’abord un verbe, sentencieux et angoissant pour qui se refuse à penser à toute forme de retraite, synonyme de mort avant la définitive.
Au final, un excellent début.
| lkea 15 Juillet 2013 - 3285 lectures |
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