Aïe aïe aïe, forcement, à force de titiller l'atmosphérique à la Isis, Wolves In The Throne Room allait subir le même sort, à savoir franchir la limite entre l'apaisant et le redondant, le prenant et le précieux, l'arty et Arte, bref, devenir chiant. Alors, que s'est-il passé pour que
Black Cascade, plutôt que d'emporter dans les décors sombrement escarpés que suggère sa pochette, donne l'impression qu'une bande de necro-chemise à carreaux hurle que le film du dimanche soir sur TF1 était « pas si mal que çaaaaaaaaaaaa (bleuargh) » ?
Pas grand-chose à première vue, les éléments qui rendaient
Two Hunters excellent étant toujours de mise : cris douloureux, batteur s'amusant à arracher ses peaux (le bougre s'énerve tellement qu'il a dû user un kit de batterie par morceaux, pas possible autrement !) et tremolos epic as fuck façon shoegaze goes black metal (ou l'inverse) ! Une formule rôdée depuis
Diadem Of Twelve Stars et que l'on retrouve avec plaisir ici même si l'on note quelques changements, la production étant encore plus dronisante qu'auparavant (toujours Randall Dunn aux manettes). Les problèmes sont en vérité nombreux, à commencer par une certaine accoutumance à l'art pourtant si personnel des loups. Les ficelles apparaissent pour la première fois et on voit venir gros comme une maison les embardées de « Ex Cathedra », l'accalmie de « Crystal Ammunition » (Dieu que ce passage est inutilement long !), voire même le chant aimant d'habitude prendre par derrière. Une sale impression d'être chez soi, là où on préfèrerait être malmené. Il faut dire que le son ne rend pas les choses faciles : plus bruitiste mais aussi moins raw, il n'a plus le côté abrasif de l'album précédent, les instruments sonnant sous-mixés (les guitares notamment, comme si ces dernières avaient été enregistrées sous l'eau). Les écolos ne se sont pas dépareillés de certains handicaps, à commencer par un écart qualitatif entre les deux premiers morceaux et le reste, l'attention se relâchant au fur et à mesure. Le pire est sans doute ce sentiment d'entendre un groupe qui n'a plus grand-chose à dire et se repose sur des acquis fragiles car demandant une certaine rage pour faire valoir leurs présences (pas de moments marquants à l'horizon ou presque). On s'ennuie et pas de la bonne manière en somme !
Alors tout n'est pas à jeter à la poubelle de tri, au contraire. « Ahrimanic Trance » porte à merveille son nom par son évocation d'un rituel ancien où le sauvage se fait insidieux le temps d'un tourbillonnement de lignes noisy montrant que le choix d'étouffer les amplis aurait pu donner quelque chose d'énorme. Un titre où le talent étincelle d'une lumière humide et diffuse comme le brouillard, les gouttes d'eau reflétant les dorures d'une écorce que l'on imagine vieille et pesante comme cette rythmique… Merde, les cons étaient pas loin et si une grosse partie est plus au ras des pâquerettes que délicieusement boisé, reconnaissons au riff principal d' « Ex Cathedra » des intentions mélancoliques qui font mouche. Wolves In The Throne Room est inconstant sur
Black Cascade bien qu'il arrive à faire illusion le temps d'un « Wanderer Above The Sea Of Fog » très bon dans le rôle du morceau classique (par rapport à leurs précédents essais) mais efficace compilant ce que l'on recherche chez eux, des structures tentaculaires à la passion quasi-hardcore.
Black Cascade n'est pas un mauvais album. Il a contre lui d'être le troisième opus d'une discographie jusque-là sans faille, les attentes étant obligatoirement revues à la hausse. Wolves In The Throne Room n'apporte pas grand-chose avec ce disque qu'il n'ait déjà fait ailleurs, la stagnation étant ici synonyme de platitude là où on attend de lui originalité et puissance dans l'exécution. Concernant les sorties des Ricains en 2009, on se tournera plutôt vers leur EP
Malevolent Grain où leur musique y est une nouvelle fois captivante.
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