My Sleeping Karma - Soma
Chronique
My Sleeping Karma Soma
Au delà de la traditionnelle dizaine de sorties convaincantes de l’année dernière, 2012 m’a surtout convaincu d’aller frayer vers d’autres horizons musicaux que le metal à tendance extrême défendu dans ces pages. Lassé des sempiternels toupa toupa thrash, de me prendre les pieds dans le tapis de double pédale death ou d’essuyer une énième avalanche de BPM grind, il ne restait que les terres enfumées du stoner rock pour soigner mes cervicales endolories. Une cure salvatrice de riffs plus ou moins épais, de rythmiques quintessentielles et d’orchestrations psychés qui me fait dire qu’avec des planeurs comme THE SWORD, CLUTCH ou SPIRITUAL BEGGARS, l’affiche 2013 du Hellfest s’annonce sous les meilleurs auspices. Et si DOWN, également de la partie à Clisson, a déçu avec un « Purple EP » bien pâle, vous pouvez d’ores et déjà ajouter les Allemands de MY SLEEPING KARMA à votre running order personnel.
Dans la mesure où trois jours de gros son non stop relèvent tout de même de l’épreuve de force, la présence de ce quatuor instrumental à caractère mélancolico-hypnotique prendra sans doute des allures de planche du salut, pour tous les festivaliers désireux de s’offrir une légère montée d’acide ; sur « Soma », quatrième full length du combo d’Aschaffenburg, la guitare acoustique prédomine, mais une distorsion Kyussienne et des basses cotonneuses pointent régulièrement le bout de leur manche. Tout en souplesse, ces six compositions (pour autant d’interludes, ou presque) teintées d’influences bouddhistes exercent leur pouvoir de fascination à l’aide de mélodies enivrantes, le plus souvent répétées jusqu’à plus soif (sept minutes de durée en moyenne). L’efficacité de la manœuvre dépendant étroitement du caractère accrocheur des riffs de gratte, vous serez ravis d’apprendre que le niveau de jeu moyen de MY SLEEPING KARMA suffit à rendre « Soma » suffisamment attractif pour valoir une écoute attentive, même si certains passe-plats peuvent paraître superflus. Car au fond, ce qu’il manque surtout dans cette traduction musicale de songes vaguement agités, c’est une figure de proue suffisamment envoûtante (« Pachyclada » et « Ephedra » s’en rapprochent le plus) pour justifier des allers-retours plus fréquents dans cet univers gentiment cauchemardesque. Si tristesse relative et nappes de claviers fantomatiques font ici bon ménage, il manque tout de même quelques secousses ou envolées (des solis ?) pour emporter la décision. Tour à tour lancinant, apaisant et parfois frustrant – on touche la grâce de près sans vraiment y être confronté – le stoner rock instrumental de MY SLEEPING KARMA se pose donc en antithèse de celui des bûcherons de KARMA TO BURN, autre sommité du genre à fouler les planches de la Valley en juin prochain. A défaut de parler de révélation, reste donc un album intrigant, qui pourra séduire les fans d’ASCENSION OF THE WATCHERS.
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