Glaciation - 1994
Chronique
Glaciation 1994
Un dos et des aiguilles.
Voilà comment s'est présenté au monde Glaciation, formation française de Trve-Black prônant haut et fort le mystère autour de sa composition même si -comme d'habitude- quelques noms hypothétiques barbotent dans la grande pataugeoire à ragots qu'est le Black Metal. Mais si vous savez "machin-connaît-truc-qui-lui-a-dit-que...". Au final, on se fout pas mal de la composition du groupe et pour tout dire, l'artwork finement exécuté remplace largement une énième photo de types en maquillage.
Un album intitulé « 1994 », un vinyle mettant un scène un type de dos et "patché" à même la peau ou une cassette montrant un sapin enneigé et photocopié : Glaciation apparaît tout d'abord comme un hommage prompt au Black Metal norvégien des années passées et définitivement paumées quelque part entre un « Transilvanian Hunger » et un « De Mysteriis Dom Sathanas ». Bien, admettons. Il faut avouer qu'à première vue, « 1994 » paraît un poil présomptueux... Une sortie uniquement Vinyle/Tape négligeant volontairement ce format de gros trends qu'est le CD... Bref, autant dire qu'avec un artwork, un trailer et une sortie plutôt tapageuse, il fallait être à la hauteur.
Glaciation s'en tire au final très bien et ce pour deux raisons :
Premièrement, la musique. Certes les compositions se veulent dans la lignée de ce qui a fait le succès du Black Metal des années 90, mais pas que... On y décèle une touche d'innovation très légère mais néanmoins bien présente comme les petits passages presque groovys ou les samples un peu grégoriano-orthodoxes … Des petits détails qui au final n'étaient pas vraiment présents auparavant mais qui donne à Glaciation une aura particulière. Les compositions surfent bien évidemment sur une production saturée et sale rappelant au consommateur son époque chérie et adorée. Nous avons ici un disque inspiré et les riffs présents sur le titre éponyme (« 1994 ») ou sur l'autre titre éponyme (« Glaciation »... Oui, ils ne se sont pas trop foulés visiblement, même si cela rentre probablement dans la thématique qui consiste à en dire le moins possible) vous sauteront à l'estomac comme un pédophile sauterait en dégainant son rouleau de papier toilette sur le dernier clip de Kyary Pamyu Pamyu.
Trois titres, un peu plus de trente minutes de Black Metal dans tout ce qu'il a de plus irréprochable, émotions et températures de moins quarante degrés au soleil comprises. L'histoire aurait pu s'arrêter là, et Glaciation aurait satisfait toute la tribu Black Metal sans faire hausser un sourcil.
Seulement -et c'est le deuxième point fort du disque selon moi-, la clique Française est un peu plus finaude que ça. Non content de sortir un Black Metal traditionnel inspiré, l'équipe se permet de tailler un bon coup dans la bedaine du Black Metalleux beauf-moyen (et dont on a tous un exemple qui nous vient en tête...). Les paroles sont donc dignes d'un clash de haute volée et recèlent de quelques phrases que je trouve excellentes.
Quelques exemples pour la peine : « Nous, dévastés par Samael et ses orgues. En génniflexion strictes sur le tapis du salon, entre ma chambre et l'éternel. », « Les meutes enragées du 15ème, dangereuses comme des cartouches à blanc, déambulaient dans les ruelles bourgeoises et tout en déclamant : Mort à Deicide et aux ricains, nous sommes tous des juifs norvégiens. Barrez la mention inutile, et pendez-là à Yggdrasil. » ou encore « Tous les arpèges en pluies acides, martelant tous les riffs en plombs, abritant mon amour lucide pour les pseudonymes à la con. ».
En plus d'êtres relativement lucides sur certains individus que l'on peut croiser dans sa ville ou dans sa région, les paroles sont bien écrites et envoient du lourd. « Ils m'ont vendu du rêve », comme dirait un grand prophète de notre temps... J'en viens ceci dit à regretter que le groupe n'ait pas mis les paroles des deux autres titres dans le livret, ce qui aurait empli mon petit coeur de joie...
L'important à retenir de cette chronique, c'est de ne pas se fier à l'image que renvoie Glaciation. À coup sûr, la musique servie ici séduira quiconque aime le Black Metal dans sa forme classique. Pour le reste, certains utiliseront le terme « Cracher dans la soupe » et d'autres diront « Qui aime bien châtie bien ». Je vous laisse seul juge du proverbe à adopter...
Cette chronique concerne la version K7
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