J’aurais aimé pouvoir commencer cette chronique sans parler des histoires de line-up. Le drama s’est formé autour de
GLACIATION parce que les gens aiment ça. Il a suffi de grandes déclarations d’anciens membres pour que tout le monde y aille de son commentaire, de sa comparaison. « Hreidmarr le voleur de groupe », « GLACIATION fait une
BATUSHKA »... La confrontation, la recherche de la Vérité, l’envie de pencher vers l’un ou l’autre des parties. Qu’en retenir ? Rien. Tout cela n’est que le résultat de la vie qui passe, des relations humaines qui ne peuvent pas être idéales, de l’envie de chacun qui pren parfois des routes différentes. Et personne n’a nécessairement tort. L’enfant appartient-il à ses parents naturels, à la personne qui l’a élevé ou alors à celui qui a décidé de l’adopter pour son bien ? Ce n’est pas à moi de donner la réponse, mais le fait est là, notre chanteur culte adulé depuis le succès d’
ANOREXIA NERVOSA est désormais la locomotive et il a le soutien du label. Osmose Productions - et donc notre légendaire Hervé Herbaut - ne se sont pas demandé si
Ultime éclat était légitime ou pas. Si les membres fondateurs retrouvent l’envie de travailler ensemble et de « corriger » la trajectoire prise par leur ancien bébé et son papa actuel, j’espère de tout cœur qu’ils le feront, parce qu’ils sont eux aussi talentueux. Ils pourront s’appeler
THE TRVE GLACIATION ou
THE REAL GLACIATION, et ils auront tout mon soutien également.
Cinq années ont passé depuis
Sur les falaises de marbre. Album qui a acquis un statut culte et auquel je n’avais pas hésité à mettre un énorme 9.5/10. L’attente était donc particulièrement douloureuse, et angoissante. Plus on attend une suite à un album qu’on a adoré, et plus on risque de ne pas l’aimer, parce qu’on idéalise finalement ce qu’on a apprécié.
Sur les falaises de marbre n’est plus pour moi un simple album de qualité, mais un album qui a marqué mes années 2010. Il y a carrément un effet de nostalgie qui rentre en jeu et qui le met sur un piédestal gênant pour son successeur. Bon, en en ayant conscience j’ai tenté d’éviter de me faire un avis sur la première écoute. Pourtant j’étais tout fébrile, et je tendais l’oreille pour capter tous les détails qui allaient me replonger cinq ans en arrière. Et bien entendu j’ai eu la mauvaise réaction : « Ouais, c’est pas au même niveau ». Comme quoi, même en étant préparé on a du mal à se retenir !
En fait, ce n’est pas ça du tout. Les nouvelles compositions sont juste un peu plus vicieuses, se dévoilant d’une manière moins directe. Il y a bien des passages qui transportent dès la première écoute et donc qui parviennent à convaincre immédiatement, mais d’autres se dévoilent par la suite, après les avoir redécouvertes. On apprécie les détails, et la richesse qui est finalement une constante chez Hreidmarr. L’ensemble de ses projets ont pour point commun de prendre d’autres dimensions au fil des écoutes. Bien entendu, c’est entre autres dû à sa voix, ou plutôt à ses voix, au pluriel, qui font partie des plus marquantes du black metal français. Sa voix criée, sa voix parlée, sa voix plus claire… Elles sont toutes les trois reconnaissables. Qualitative, puissante, avec une diction qui permet de comprendre ce qui est dit en français. Certains ont du mal d’ailleurs avec son aisance, ou avec son timbre, et reprochent aussi le fait qu’il soit mis en avant. Oui, il est effectivement mis en avant sur ces compositions. C’est un sujet qui suscite une polémique parce que cette grosse présence fait qu’on ne pense presque plus qu’à lui. On ferme les yeux, et on le voit, on le touche presque. La musique en perd un peu d’impact. Moi, je suis un grand admirateur donc je ne m’en plains pas, mais effectivement c’est sa silhouette qui s’impose constamment.
Et pourtant la musique ne démérite pas. Absolument pas. Et ce dès la première piste, « Ultime éclat » qui débute avec une sonnerie de cavalerie pour vite enchaîner avec un riff flamboyant emporté par une batterie déchaînée. Et pour ceux qui connaissent
GLACIATION, il y a bien évidemment une évolution du titre, des changements de rythme, un moment de calme qui permet à la tempête de reprendre encore plus puissamment, et des paroles qu’on n’oublie pas. Un ensemble d’éléments qui rendent les ambiances très dramatiques. Tout l’album est ainsi, à raconter quelque chose, à aller d’un point A à un point B en passant par le point G. Un point G que l’on cherchait depuis des siècles et qu’on a donc trouvé. On le croyait caché dans un vagin, il est en fait dans l’oreille. Et cet album appuie fort dessus, le titille aussi parfois, bref, le travaille bien comme il faut !
Pourquoi une note inférieure à l’album précédent ? Eh bien pour des raisons tout simplement d’ordre de découverte. On a perdu la surprise, on a gagné cependant en force et en solidité. Je me souviens que j’avais regretté la fin de
Sur les falaises de marbre, trop instrumentale, mais là, je n’ai rien à enlever. Tout est nécessaire, jusque la dernière piste au piano de presque 5 minutes : « Les grands champs d’hiver ».
Bravo à Hreidmarr, mais aussi à ses nouveaux acolytes, que nous n’avons pas encore cités : Grégoire (batterie) et Arnhwald (guitares, claviers, chœurs…) tous deux de
DEATHCODE SOCIETY, A. Sethnacht d’
ESCHATON (guitares), et enfin Katia von Wasgau (basse, piano…)
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