The Meads of Asphodel - Sonderkommando
Chronique
The Meads of Asphodel Sonderkommando
« Bon, ça y est, on a composé 8 titres, maintenant il va falloir mettre des paroles... Putrifiksion ! File-moi le dico du black metal ! Satan, dark, shadow, forest, night, fear, blood, black, storm... OK, c’est parti : ‘The fear in the black night’s forest. I see the shadows of dark Satan’s bloodfest’. Pas mal hein ! Ça veut pas dire grand chose ? T’en fais pas, personne ne comprendra une fois que ce sera hurlé et noyé sous les guitares. »
A mon avis, cette discussion est totalement irréelle pour Metatron. Le leader et fondateur de THE MEADS OF ASPHODEL, groupe anglais né en 1998, est à l’opposé de cette façon de faire et il a toujours fait passer le concept avant la musique. Il se creuse indéniablement la tête à chaque fois pour trouver une musique qui correspond à ses envies thématiques. Et à ses débuts, c’était surtout ambiance « côtes de maille », comme on pouvait le voir sur les pochettes des premiers albums. L’idée était originale et donnait une identité intéressante, mais frôlait quand même le ridicule. Le visuel faisait presque aussi peur que BAL SAGOTH ! Et musicalement aussi, il y avait un grand écart entre l’intention et le résultat ! Leur black metal « pscchhhhiiit » malmené se voyait agrémenté de toutes sortes d’expérimentations mal gérées qui avaient bien l’odeur du génie mais le goût du pas cuit. Quelques passages seulement étaient à saluer mais au final il restait l’impression d’avoir écouté du SIGH interprété par BENIGHTED LEAMS.
Puis est arrivé en 2010 The Murder of Jesus the Jew, un album enfin surprenant ! L’album était non seulement accompagné d’un livret bien fourni, mais il invitait aussi à se rendre sur un site Internet composé d’innombrables pages explicatives passionnantes pour comprendre le concept et tous les petits secrets des 12 morceaux. Et pour la première fois, le travail musical n’avait pas à rougir devant le travail conceptuel. Les idées étaient enfin bonnes, chaque élément s’incrustait idéalement au tout, et même s’il demeurait quelques imperfections, la bouche ne se tordait plus dans une mimique de déception. Le travail avait été titanesque et de nombreux invités venaient bien soutenir l’ensemble : Hoest de TAAKE et Mirai de SIGH entre autres... Il n’y avait que les vocaux de Metatron qui continuaient d’être calamiteux, mais si on lui enlevait ce plaisir, il ne lui resterait plus que la composition puisqu’il confie déjà tout le reste à d’autres personnes...
Enfin bref, nous voilà 3 ans plus tard avec cette suite, logique, sur laquelle on retrouvez l’éclectisme du précédent, mais avec un thème totalement différent : les Sonderkommando. Oh ne vous attendez pas à ce que ce soit traité comme dans le tube de GWAR puisque Metatron a encore poussé le vice du sérieux et de la méticulosité en se rendant en Pologne pour tenter de s’imprégner des effluves de l’horreur et du mal, toujours présentes et pesantes à Auschwitz. Il ne tient pas à surfer sur des clichés mais à raconter l’ « horreur sur terre » en se mettant dans la peau de l’un de ces Juifs contraints de participer à la solution finale. La pochette est très explicite, et même si elle est immonde, elle sert une nouvelle fois le concept de l’album, comme la musique.
Cette musique d’ailleurs, comment la décrire ? La tâche est ardue tant chacun de ces 12 nouveaux morceaux part dans des sens différents. Le seul fil conducteur vient des vocaux, bien entendu mauvais mais on y est tellement habitué que l’on ne se dit même plus « ce serait quand même mieux avec un vrai chanteur ! » (et pourtant c’est VRAI !). Le reste, c’est un petit fond de black metal transformé en hachis parmentier, gratiné par du psyché, du hard-rock, du blues et de l’ambient, mais sans devenir farfelu ou délirant à la SIGH. Cet Anglais est plus contenu, plus retenu. La surprise est un élément important de cet album et les instruments continuent d’être variés avec le désormais classique orgue Hammond mais aussi un peu de saxo, un poil d’harmonica, et, et... et puis il ne faut pas trop en dire pour que l’auditeur soit étonné. Chaque passage est unique car ponctuel et pourra aussi bien faire penser à du CARNIVAL IN COAL (« Children of the Sunwheel Banner (Part.1) ») qu’à du QUEEN (« Sonderkommando »).
Ce n’est pas une nouveauté, THE MEADS OF ASPHODEL est très difficile à suivre. Et ce yoyo musical est à la fois le point fort et le point faible du groupe ! Comment voulez-vous apprécier la totalité de plus d’une heure d’expérimentations, aussi réfléchies soient-elles ? Il y a obligatoirement des choses qui vont sortir par les yeux, mais pas les mêmes que votre voisin. La sensibilité de chacun fera apprécier telle ou telle partie. Alors encore une fois, on sort de l’écoute avec un grand respect pour son géniteur, mais sans avoir été suffisamment touché pour le vénérer complètement. Il y a trop de mauvais goût qui reste, comme ce long passage de narration entre un enfant et un démon sur « Lamenting Weaver of Horror », très lourd dès la première écoute, et pourtant réussi sur sa deuxième partie ! Inutile d’en rajouter une couche, vous aurez compris que cet OVNI est tout de même à tester et à applaudir, mais qu’il peut devenir aussi rageant qu’un spectacle de danse contemporaine trop long... Il y a un message, il y a du travail, il y a de l'intelligence, mais il faut être patient...
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