Chthonic - Bú-Tik
Chronique
Chthonic Bú-Tik
Si vous mourez d’envie de faire un jeu de mot stupéfiant sur le nom de ce groupe, je vous arrête tout de suite, ça a été fait par tout le monde et depuis belle lurette ! Des « CHTHONIC ta mère » ou des « CHTHONIC bleus chez les Ch’tis » sont non seulement devenus lassants, mais surtout erronés car la réelle prononciation de ce patronyme est « Sonic »... oui, comme le hérisson, c’est bien, ça va en relancer certains ça... Enfin bref, personnellement je n’ai plus trop matière à rire du groupe puisque cela fait de longues années que je le connais, comme tout le monde en Asie attiré par le metal extrème. Parce que certains découvrent peut-être avec cette chro, il faut quand même savoir que ces Taïwanais existent depuis 1995 et qu’ils font partie des plus gros groupes de leur partie du globe. Pour faire une comparaison il est utile de voir sur Facebook, un indicateur intéressant de popularité,qu’ils ont à ce jour 68.242 « J’aime ». Ça calme un peu quand on voit que SHINING en a 41.945, WOLVES IN THE THRONE ROOM 37.004 ou CARACH ANGREN, considéré comme la relève du black sympho, 31.876. Certains diront qu’on est très loin des 1.081.253 de DIMMU BORGIR ou 1.971.602 de CRADLE OF FILTH, mais tout cela prouve bien la place occupée par CHTHONIC désormais. Et depuis qu’ils ont rallié Spinefarm en 2009 et la sortie de Mirror of Retribution, c’est bien dans le monde entier qu’ils font parler d’eux. Et après un excellent DVD sorti en 2012, ils sont de retour pour une suite au monumental Takasago Army de 2011.
Et attention amis comiques, car le nom de l’album va encore être matière à moultes jeux de mots tordants : Bú-Tik... Je préfère encore laisser la parole en commentaire à ceux que ça démange car en tant que fan de black je suis dépourvu d’humour. Je voudrais plutôt faire une petite appartée pour pousser un petit coup de gueule avant de rentrer dans le vif du sujet : CHTHONIC a cette fois vraiment dépasser les bornes côté promotion et merchandising. Ils ont toujours été les spécialistes pour proposer des goodies en tous genres, figurines ou t-shirt, mais cela à dépasser les bornes et maintenant ils font vraiment n’importe quoi et feraient presque de la concurrence à Hello Kitty avec leurs costumes, bandes-dessinées et amulettes en tous genres... Certains fans sont peut-être contents, mais voilà, cela donne toujours l’impression qu’ils vendent une part de leur âme à Saint Consommateur. Même constat avec le visuel, dont cette pochette too much. Ils en font trop alors leur crédibilité en est écornée. Le pire c’est que cela a aussi tendance à cacher les messages politiques pourtant fortement présents concernant l’histoire de Taïwan et la vie de ses habitants. C’est désormais moins évident car il faut gratter sous leur image de supers-héros maîtres de kungfu qui marchent sur l’eau et mettent des coups de latte aux vilains... On ne serait même plus étonné qu’ils sortent un film prochainement : « CHTHONIC et les pandas magiques sauvent Taïwan ».
Par contre, l’album en lui-même est monstrueux. Il est une suite logique au précédent avec sa formule toujours aussi bien utilisée : c’est du black / death mélo entrainant et rageur mêlé à des instruments traditionnels chinois, principalement un violon (Erhu). Et ça défonce un maximum ! Le mélange est d’une efficacité éprouvante qui se confirme à chaque écoute. Les couplets sont percutants et les refrains sont incisifs. Les 8 titres, entourés d’une intro et d’une conclusion qui ouvrent et ferment les portes de leur monde asiatique, s’enchainent sans laisser un seul moment de répit. Mais quelles compositions ! Quel talent pour trouver le petit détail qui tue ! Et ce dès les premières secondes de chaque morceau. Sur « Supreme Pain for the Tyrant » c’est un instrument à cordes qui nous la joue dramatique, sur « Sail into the Sunset’s Fire » c’est un riff martial, sur « Next Republic » c’est un sample tiré d’une chanson d’un vieux révolutionnaire taïwanais de 95 ans qui a d’ailleurs assisté à un concert de CHTHONIC en 2012... Ce dernier représente bien l’esprit de CHTHONIC d’ailleurs, il y a toujours un concept caché derrière tel ou tel artifice, et ce n’est pas un vieux pour avoir un vieux, mais l’opportunité de glisser un petit message politique. Par contre, voilà, faut le savoir... Ah, et que les habituels petits crevards soient rassurés, la jolie (?) bassiste, Doris, est toujours là, et elle est toujours aussi bien employée pour sa plastique, et pour sa voix qui fait quelques apparitions en fond. On ne lui a jamais donné trop d’importance, mais suffisamment pour donner encore plus de variété aux morceaux. Difficile par contre de dire que le groupe s’est surpassé car il y a bien peu de nouveautés. Il vaut bien Takasago Army mais vu qu’il arrive après (évidemment), il peut sembler moins percutant. S’il faut vraiment essayer de trouver une petite évolution ce sera dans certains riffs death qui font penser à ARCH ENEMY. Ce groupe m’est venu à l’esprit à plusieurs reprises alors que cela n’avait jamais été le cas. Ce n’est pas surprenant cependant vu le succès de la bande à Angela en Asie.
A moins d’avoir voulu que le groupe change d’orientation ou d’être trop écœuré par leurs tendances « mercantiles », il sera vraiment difficile d’être déçu par cet album riche, efficace et marquant qui parvient encore une fois à faire un mix idéal entre les cultures. Non, ils n'ont pas inventé le black / death mais ils sont tout de suite reconnaissables par l'utilisation qu'ils en font ! Un album à vite commander dans votre meilleure Bú-Tik ! (Et merde, j’avais dit qu’on plaisantait pas...).
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