Certains sont-ils passés au travers du phénomène
CHTHONIC ? Pour donner une petite idée de l’importance des Taïwanais, une petite comparaison. Le clip de « Millennia’s Faith Undone », mis en ligne sur Youtube le 3 septembre a cumulé en 2 mois et demi 1.885.000 vues. « Le dernier Putch » de
PESTE NOIRE en est à 675.000 au bout de 11 mois, et « Heartbreak and Seance » de CRADLE OF FILTH à 2.567.000 depuis juillet 2017. Si, si, les comparaisons sont pertinentes. Parce que les caractéristiques de
CHTHONIC se retrouvent à d’autres niveaux chez les formations citées.
Tout d’abord par le goût pour l’utilisation d’éléments de sa culture. Famine sonne français, la bande à Freddy Lim sonne chinois. En grande partie à cause de l’utilisation du Erhu, instrument à cordes vieux de mille ans que je te mets en photo ci-dessous. C’est un instrument que l’on retrouve dans la plupart des films chinois qui nous ont bercés, et qui donne bien entendu une véritable identité au groupe : le black death kungfu. Bien entendu, le Erhu est à nouveau présent sur cet album, à profusion.
CHTHONIC ne peut d’ailleurs pas s’en passer. C’est l’élément qui le différencie de la masse et qui est attendu par l’ensemble des fans...
La comparaison avec
PESTE NOIRE, j’ai envie de la poursuivre à cause du côté politisé de la formation. Derrière son côté plastique, derrière tout le merchandising à outrance, derrière le maquillage too much, il y a un véritable propos chez les Taïwanais. Un engagement même ! Une certaine approche du patriotisme. Freddy Lim a rencontré le dalaï-lama en 2009, un signe fort de soutien au Tibet et aux régions qui cherchent l’autonomie, mais il a aussi été élu à des élections législatives à Taïwan. Extra-musical ? Pas tant que ça quand on sait que tout cela est relayé par le groupe sur ses espaces Internet, et que les thématiques abordées dans les albums ont très souvent été des critiques envers le gouvernement chinois.
CHTHONIC s’engage. Et il aborde également des sujets moins politiques, sur l’histoire ou le folklore de Taïwan.
Par contre, la comparaison avec
CRADLE OF FILTH est bel et bien pour des raisons musicales, et visuelles. On est dans du black metal sympho, avec donc les nuances chinoises citées plus haut, mais avec aussi de fortes influences venues du death. C’est en tout cas une musique qui se veut agressive et directe mais tout en étant mélodique. Les claviers omniprésents, mais aussi les vocaux rappellent la bande à Dani : deux types de chants masculins qui ne cessent d’alterner, et sont parfois superposés. L’un est plutôt guttural façon death, l’autre est plus strident. Les vocaux féminins sont par contre très rares, trop d’ailleurs parce qu’ils sont bons, et donnent un plus au morceau « Millennia’s Faith Undone ». On les doit à la beauté Doris Yeh, également bassiste et accessoirement top model régulièrement nommée par les crevards quand on parle de « la plus chouette sex-symbol dans le metal ». Elle a effectivement ses arguments... Visuellement
CHTHONIC sait jouer de son image comme
CRADLE, et n’a jamais hésité à la mettre en avant. C’est un groupe qui veut de toute façon toujours aller plus haut. Et c’est dans cette optique qu’il a donné des concerts dans des temples ayant marqué l’histoire, créé des poupées à l’effigie des membres, sorti deux versions de ses albums - en taïwanais et en anglais - pour viser l’international, fait des clips bien chiadés... Ça sent le business à plein nez, mais étrangement, et peut-être parce que le groupe a des messages à faire passer, on n’arrive pas à le détester pour ça.
Ce
Battlefields of Asura, sorti le 12 octobre 2018, est fidèle aux sorties précédentes. Alors qu’on ressentait encore des évolutions entre les albums dans les années 2000, force est de constater que le groupe reste désormais dans sa zone de confort depuis 2011 et
Takasago Army.
Bu-Tik (2013) en était déjà une certaine redite, c’est encore plus flagrant sur les 11 nouvelles pistes. On a un peu envie de s’en plaindre au début, parce qu’on ne se sent pas bousculé, parce qu’on a aucun goût de découverte dans la bouche, mais au fil des écoutes on apprécie les compositions, on apprécie de retrouver des habitudes qui ne changent pas. Il y a effectivement tellement de formations qui s’éloignent de leur identité, et auxquelles on le reproche, qu’il faudrait aussi reconnaître le plaisir de retrouver un
CHTHONIC dans le même état qu’on l’avait laissé. Certes, il faudrait ne jamais avoir entendu de
CHTHONIC pour crier au génie, mais finalement il y a de quoi passer un bon petit moment avec nos Taïwanais à l’unicité rare. Et quand même, « The Silent One’s Torch », « A Crimson Sky’s Command » et le déjà cité « Millennia’s Faith Undone » se réécoutent en boucle avec à chaque fois l’envie de secouer la tête frénétiquement.
Je pose donc un 8/10, une bonne notre, mais un cran en-dessous de
Bu-Tik qui m’avait semblé être le summum de la formation, et qui avait explosé les notes avec un 9.5.
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