Iwrestledabearonce est un groupe que j'ai suivi depuis leurs débuts. Leur premier EP, éponyme, sorti en 2008, m'avait fait l'effet d'une grosse baffe dans la tronche, mélangeant électro, paroles débiles, tournures de rythme alambiquées, bref, une galette qui sortait réellement de l'ordinaire - même si la boîte à rythme avait le don de prodigieusement m'agaçer. Pour ceux qui ne seraient pas familiers du combo, il a fait ses marques dans le milieu du Deathcore par un nom à rallonge particulièrement débile (on en avait plus ou moins l'habitude dans ce style), mais surtout par sa propension à balancer des énormités musicales en plein milieu d'un breakdown. IWABO, c'est le genre à balancer un klaxon de bagnole avant d'enchaîner sur des riffs assassins. Des effets électro kitschissimes en plein milieu d'un breakdown. C'est sa marque de fabrique, et c'est aussi ce qui lui a permis de sortir un peu de l'énorme masse des groupes de Deathcore qui resucent les même breakdowns et les mêmes schémas rythmiques de morceaux en morceaux.
Une signature chez Century Media et deux full-lengths plus tard (dont le très bon "It's Hall Happening" et le moins convaincant "Ruining It for Everybody"), le groupe remet le couvert avec "Late for Nothing". Le groupe a connu de nombreux changements de line-up sans que cela ne modifie grand chose à leur musique : néanmoins, changement de taille pour cette galette, puisque Krysta Cameron, chanteuse au coffre de routier, laisse sa place à une autre, Courtney LaPlante. Que l'auditeur se rassure, leur style vocal est tout à fait similaire, un beau copier/coller.
IWABO est un groupe assez unique, qui possède un univers bien à lui, complètement barré, qu'ils ont eu l'occasion de développer en long et en large dans leurs clips, tous plus... surprenants les uns que les autres ("Tastes Like Kevin Bacon" remportant la palme avec sa séance de fitness Véronique et Davina à base de guitares gonflables). "Late for Nothing" donne l'impression d'avoir été un peu plus mûri, un peu plus travaillé, même si le grain de folie est toujours présent - pour continuer sur les clips vidéos, celui de "Boat Paddle", très beau titre au passage, se suffit à lui-même. Le son est toujours aussi bon, la voix se fait un plus "naturelle" dans les growls puisqu'elle n'est plus masquée sous une tonne d'effets Vocoder, mais les compositions laissent également une large part au chant clair - pas toujours juste, mais rien de choquant pour une formation comme IWABO. Les effets électroniques se font également plus discrets qu'à l'accoutumée (sur "Letters to Stallone" ou "Inside Job" par exemple). Alors quoi, le groupe s'assagit ? Veut gagner un plus large public en remisant son autisme assumé au placard ? Probablement un peu des deux.
Passons sur l'artwork terriblement moche pour nous intéresser au contenu dudit skeud. Ici, la musique d'IWABO se veut donc plus "présentable", sur ce disque. Exit la folie furieuse d'une composition comme "The Cat's Pajamas". "Late for Nothing" marque l'évolution de la musique du combo vers des terres plus "pop". Oui, le mot est lâché. "Mind the Gap" illustre bien cette évolution : parties calmes avec un rythme de batterie tout en finesse et en ghost notes, grosses guitares qui arrivent sur le refrain... C'est pas mal, mais on s'ennuie rapidement. Trop carré, trop classique. Crachons pas dans la soupe non plus, les riffs techniques et déstructurés qui donnaient tout leur sel à
"It's All Happening" sont également de la partie, en témoigne "Carnage Asada" (ou Steve Vai s'invite pour un solo de guitare) et sa partie Salsa/Tambourin du plus bel effet en milieu de titre. Mais ce chant clair, bon dieu, il est omniprésent et en vient presque à agacer : pas un seul titre sans qu'on assiste, impuissant, à des envolées pseudo-lyriques toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres. Envolées dispensables qui en arrivent même à gâcher les bons titres de l'opus ("Boat Paddle").
"Late for Nothing", c'est un peu une impression de potentiel gâché. On connaît le niveau technique assez hallucinant des musiciens. Pourquoi le passer à faire des titres sans la folie des débuts ? Pourquoi s'évertuer à tartiner des parties qui ne décollent JAMAIS ("Inside Job" est d'une platitude navrante) alors que le bagage technique suit ?
"Late for Nothing" n'est pas un mauvais disque en soi. Mais c'est une sacrée claque pour les amateurs d'IWABO, plus habitués aux accélérations démentes et aux cassures de rythmes à s'en briser la nuque qu'aux titres pop mielleux tels que "Mind the Gap". Quand le groupe énerve le ton, il devient incroyablement générique ("The Map") et ennuie. Malgré quelques sursauts pas désagréables ("It Don't Make Me No Nevermind" et le retour des parties au clavier stupides), "Late for Nothing" est définitivement trop sage pour convaincre qui que ce soit. Une simple mention "Passable", et c'est dommage.
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