L'année dernière, Iwrestledabearonce (
qu'on va réduire à IWABO pour le reste de la chro parce que ça va bien les noms à rallonge hein …) avait frappé un grand coup avec son 1er EP éponyme. Ce coup, je n'avais pas su l'esquiver, et c'est avec délice que ma vieille caboche avait fini par accepter de servir de punching ball aux assauts d'une musique qu'on qualifiera de Brutal Electro-pop/Mathcore barré faute d'étiquette plus seyante. IWABO assénait alors clairement son message: aucun respect pour une quelconque espèce de norme, qu'il s'agisse de cloisonnement stylistique, des codes visuels d'usage (
ici on nage dans le rose et le kitsch assumé ) ou des canons vestimentaires qu'on s'accorde à trouver de bon goût en société métalleuse bien éduquée.
A priori, ces chenapans semblent avoir réussi à répandre assez largement la bonne parole du catcheur d'ours vu qu'ils nous reviennent en cette fin d'été avec en guise de premier album un « It's All Happening » hébergé chez Century Media. Alors, les promesses formulées sur l'EP ont-elles été tenues, ou bien n'était-ce qu'un feu de paille aux airs trompeurs de feu d'artifice? Eh bien non, pas de réponse clairement tranchée à cette question, bien que la balance penche quand même plutôt du bon côté. Ce qui est sûr c'est que la personnalité du groupe demeure inchangée, et que la musique proposée reste ce mélange de chaos mathcore hystérique à la
Psyopus /
TDEP, de plages électro-pop-rock soft à chant féminin navigant entre Evanescence, Björk et Eurythmics, de mosh parts apocalyptiques à forte teneur en gruikeries et de bidibips électroniques épars, le tout saupoudré de délires nawakesques, genre passage country et hennissement sur "You Ain't No Family", harpe et coup de klaxon de General Lee (
Remember "Shérif, fais-moi peur!"?) sur "Tastes Like Kevin Bacon", ou encore trip accordéon à la fin de "Cat's Pajamas" ...
La formule assez systématiquement appliquée par le groupe sur son 1er EP (
décortiquée ici même en fin de chronique) a été cette fois un peu nuancée, l'inconvénient étant qu'à présent les morceaux tombent parfois dans le travers du patchwork hétéroclite sans véritable cohérence, de très bons passages émergeant de nulle part au milieu de parties plus chaotiques et brouillonnesques. Cela est particulièrement tangible sur " I'm Cold and There Are Wolves After Me" et "Pazuzu for the Win" – ce dernier se terminant néanmoins sur un final épico-nostalgique grandiose, presque black dans l'esprit –, mais ce reproche pourra être généralisé à plus ou moins tous les morceaux. Mais si l'impression de bordel et de manque de cohésion se fait un peu plus sensible que sur l'EP – qui réussissait l'exploit de faire du solide à partir d'une armée de bouts de ficelle –, « It's all happening » n'en réserve pas moins son lot de perles, du genre de celles qui donnent l'impression d'être Connor Mc Leod recevant la puissance d'un Immortel fraîchement décapité. Ainsi « Danger In The Manger » démarre sur une simple mais superbe mélodie tournoyante aux accents quasiment suédois, pour nous embourber par la suite dans un puissant flot de grosses saccades parcourues de bidibips légers. Sur « Tastes Like Kevin Bacon » (
dont le clip décalé vous attend sur le myspace du groupe), c'est à 0:16 qu'on se prend dans le coin de la tronche une mélodie jouissivement kitch, façon 80's avec le vieux synthé tout moisi de circonstance, sur laquelle vient se greffer un chouette riff mathcore. « Cat's Pajamas » vous cueillera quant à lui vers 0:40 au détour d'un mélange osmotique idéal entre mélodie popisante et saccades bien brutales. Mais le pompon est atteint sur le merveilleux « Eli Cash vs. The Godless Savages » qui, après un début classique, dévoile à 0:51 un premier coin de paradis sous forme de merveilleuses et légères cascades guitaristiques portant un superbe chant féminin éthéré, puis après un break mathcore, s'en va à 1:42 tutoyer les étoiles à dos de panzer volant via une mosh part aérée, parcourue d'effets électro légers et accompagnée de merveilleuses et multiples couches de chant féminin vaporeux. A noter de plus que l'un des bémols émis lors de la chronique de l'EP n'est plus d'actualité: la batterie sonne à présent de manière organique … Et puisqu'on parle de son, comptez tout du long de l'album sur une prod' nickel chrome (
en même temps pour une sortie Century Media, c'est pas comme si c'était une grosse surprise …).
Au final, les premiers pas de IWABO me font penser à ceux de
Beneath the Massacre: après un premier EP magistral, limite révolutionnaire pour peu qu'on se laisse un peu aller à l'enthousiasme, le tout premier album se révèle bon, dans la suite logique de l'EP, sans toutefois être aussi exceptionnel que ce que l'on pouvait espérer. Bon, j'abuse un peu car là où
Beneath the Massacre ne sauvait vraiment
« Mechanics Of Dysfunction » que grâce à « Society's Disposable Son » et « Modern Age Slavery », IWABO propose quand même une collection impressionnante de bons morceaux et de passages à se rouler par terre. N'empêche que j'espère bien pouvoir continuer ce parallèle sur le prochain album, histoire que celui-ci soit le
« Dystopia » du groupe et que je n'aie plus à hésiter, lors de l'attribution de la note finale, entre un 7,5/10 décidément trop sévère et un 8/10 qui fait l'impasse sur les passages bordéliques pour se concentrer sur les grosses poussées d'endorphine et d'adrénaline régulièrement administrées à l'auditeur. En tout cas si vous avez apprécié l'EP, ne vous découragez pas trop à la lecture de mes quelques réticences – je me suis obligé à les mettre en avant par souci d'objectivité – et ruez vous sans arrière-pensée sur « It's all happening ».
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