Khephra - L'Arcano Del Mondo
Chronique
Khephra L'Arcano Del Mondo
KHEPHRA est un groupe intimement lié à SPECULUM MORTIS. Très intimement même puisque ces deux formations partagent carrément 4 membres. Et pour vous parler franchement, j’ai les boules.
J’ai les boules parce que je ne connaissais ni l’une ni l’autre de ces formations alors qu’elles affichent toutes deux plus de dix ans d’existence. Pire, KHEPHRA affirme exister depuis 1993, aurait sorti sa première démo en 1996 et un premier album en 2010 ! Et je serais donc passé au travers !? Ah, mais tout s’explique en découvrant sa nationalité. Nos bonshommes sont italiens ! Et comme je le répète à chaque occasion c’est une nationalité que j’ai longtemps fui, ne faisant entorse à mon boycott jusqu’à récemment que pour OPERA IX, FORGOTTEN TOMB et FEAR OF ETERNITY. Jusqu’à ce que je découvre une scène moins mise en avant et une bonne quantité de groupes admirables ! Ceux qui veulent faire des découvertes iront jeter une oreille sur NOX ILLUNIS, ABHOR ou EMYN MUIL, tous dans des genres différents, ou alors sur LAPIS NIGER, d’ailleurs plus proche du KHEPHRA auquel on s’intéresse aujourd’hui vu qu’il officie aussi dans un black traditionnel axé sur les riffs ravageurs.
KHEPHRA ne s’encombre donc pas de longueurs inutiles et propose des titres qui durent 4 minutes en moyenne. Il lance son Arcano Del Mondo sur les chapeaux de roue avec un premier morceau dévastateur, « La Danza Delle Streghe ». Il débute par une petite mise en ambiance sur laquelle le tonnerre gronde laissant place aux incantations d’une jeune fille sans aucun doute mal intentionnée et au bout de 30 secondes PAN ! Le black metal sataniste explose avec des vocaux raclés qui hurlant en italien toute la haine et la hargne imaginables. Ces voix sont parfois dédoublées par une deuxième, plus stridente, qui renforce le côté aliéné. La musique n’est pas moins déchainée et emporte tout sur son passage. Derniers instants et un rire d’enfant démoniaque vient asséner le dernier coup. Ce premier morceau est percutant et extrêmement convaincant. Il montre toute la puissance et l’émotion intense que peuvent atteindre le black metal. Le suivant reste dans la même veine et reproduit le même effet surexcité. Il introduit les soli à la guitare, avec des riffs emballés qui parsèmeront l’album. Il est lui aussi agrémenté de samples qui ajoutent de la tension : des hurlements de loups accompagnés de cris douloureux de femmes maltraitées.
Ce démarrage en trombe se calme pourtant rapidement et les 8 autres titres ont plus de textures différentes. Il faudra d’ailleurs attendre la 9ème piste, « Triora », pour retrouver un tel déferlement de mauvaises intentions. Ces textures peuvent décevoir au premier abord mais la qualité ne s’en trouve pas rabaissée. Ces morceaux se concentrent plus sur l’angoisse en jouant un rythme légèrement moins emballé. C’est le cas de « Malleus Haereticorum » qui profite d’incantations bien intégrées ou encore d’« Eko Eko (parte 1) », un pseudo intermède où la guitare sèche calme le jeu et où le côté occulte est renforcé. D’autres surprises sont distillées sur l’album, lui donnant une relative richesse tout en évitant les éléments malvenus dans le trve. Pas de vocaux clairs, pas de vocaux féminins, pas de clavier.
KHEPHRA propose ainsi un album solide sur lequel la musique sait aussi bien nous défoncer la cervelle que nous inonder de mélodies et soli jouissifs. C’est une injustice que les aficionados du genre n'aient pas plus parler du groupe en 2013...
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